Azel Kingsley

Physique

Elle est de petite taille, l’aînée des Kingsley. 1m60 qui se floute lorsqu’elle arpente le couloir d’un hôtel juché sur ses escarpins volés. La taille fine, silhouette gracile et légère. Son corps de danseuse, elle l’a entretenu Azel. Malgré toutes les années qui ont défilé, elle s’est évertuée à le garder intact. Elle n’a jamais arrêté de danser seulement, ce n’est plus dans le théâtre qu’elle exerce, ce n’est plus dans le théâtre qu’elle se dresse, splendide et confiante sous des millions d’yeux. C’est dans un parc qu’elle exécute quelques mouvements, avec pour seul public la faune sauvage qui ne l’a jamais applaudi pour ses prouesses malgré tous ses efforts. Des formes délicates, parfois trop doucereuses pour la brutalité de Detroit.

Un visage pourvut de traits fins qui se mélangent harmonieusement. Des yeux en amande, rendus chaleureux par le bruns de ses iris. Un regard où se reflètent fierté et force, un sourire où se glissent malice et tendresse. Ses cheveux sont bruns, peut-être y discerne-t-on quelques nuances noisette qui se marient subtilement dans la chevelure coupée court, juste au-dessus des épaules. Une apparence qui se veut soignée mais si elle adore coiffer parfaitement ses cheveux, Azel les apprécie également lorsqu’ils sont ébouriffés, en bataille. Elle aime les chignons maladroits, les queue de cheval de travers et l’insolente mèche de cheveux qui s’évertue à effleurer ses joues.

Caractère

A l’écoute,calme, patiente, audacieuse, indépendante, bornée,caractérielle, brutale, sensible, mystérieuse, désenchantée, fière, impétueuse, intuitive, opportuniste, tendre, observatrice, organisée, rancunière, intransigeante, séductrice.

Un sourire trop malicieux qui jure avec un regard parfois trop tendre. Un soleil dans la voix, une étincelle dans les iris. C’est la sérénité qui se lit sur son visage, reflétant un tempérament calme et doux. Et si Azel est d’une grande patience, l’impétuosité coule dans ses veines. Petite audacieuse, parfois trop insolente qui a parfois la langue trop pendue. La sincérité est l’une de ses qualités, la fourberie l’un de ses principaux défauts. Elle enveloppe ses mensonges dans de la soie pour extirper l’information qu’elle attend. Azel et ses mots de velours, ils font des ravages. Ils arrachent la vérité avec la douceur d’une caresse. C’est une femme indépendante, Azel. Pleine de fierté. Elle a su faire des bas fonds de Detroit son petit Empire, jusqu’à en devenir la vermine qui pullule les rues de la ville. Elle est partout, et nulle part à la fois. C’est une ombre qui se glisse auprès des hommes avec souplesse et aisance, si légère qu’Azel en oubli qu’elle est faite de chair et d’os. Son propre corps, elle préfère oublier qu’il lui appartient, ça facilite le travail.

Parfois, son masque de satin se brise et à travers les lézardes, on entrevoit un éclat de violence, de brutalité. Ses mains sont aussi doucereuses qu’une plume, et aussi tranchantes que la lame d’un poignard. Son corps, délicat comme une brise mais aussi violent qu’un océan. Elle n’a pas le choix, ne l’a jamais eu. Pour se défendre, elle a appris Azel. Elle sait comment s’adapter à son environnement. Pour elle, et pour sa petite sœur pour qui elle donnerait sa vie. La vie a été égoïste, s’est montrée cupide avec les Kingsley. Azel, elle n’en attend plus rien de cette vie. Lassée de cette existence, elle a perdu espoir. Elle ne croit plus en rien, si ce n’est qu’elle doit survivre. Désenchantée, elle a cessé de croire en l’idée d’un monde meilleur. Elle a cessé de croire aux illusions, a dépouillé la réalité de son voile, celui là même qui cachait la dureté de ce monde. Azel a décidé de soutenir le regard de la vérité. Mais si la dame refuse de courber l’échine, peut-être a-t-elle finalement ployé depuis longtemps face à douloureuse et frappante vérité.

Opportuniste. Intransigeante. Rancunière. En dépit de la tendresse de ses paumes, sa peau est empreinte de la brutalité de Detroit. Survivre avant tout. Et peut-être qu’il existe une infime chance que sa sœur ait une vie meilleure, loin de ce bordel. Alors, elle s’entête Azel. Elle garde la tête hors de l’eau parce que observatrice, rien ne lui échappe et rien ne doit lui échapper. L’esprit trop solide, trop vif, trop vigoureux. Et surtout trop sensible à l’univers qui l’entoure. Elle ne s’est jamais voilée la face Azel, elle est dotée d’une sensibilité qui peut lui faire défaut. Elle l’a toujours su, et a toujours su que cette sensibilité, elle se devait de la renforcer, d’en faire un atout. Son courage, elle le puise dans cette source d’empathie et d’émotions. C’est la peur de l’avenir qui lui intime d’avancer et c’est la peur de demain qui la taraude, s’amplifiant à mesure que les jours s’égrènent.

Histoire

La lumière du projecteur caresse son visage, alors que chacun de ses muscles dorsaux ploie face à la foule. Son myocarde s’emballe, palpite dans sa cage thoracique. Une vague d’applaudissements déferle dans la salle, submergeant Azel d’une fierté à laquelle elle est dorénavant accoutumée. Son visage se tourne vers les autres danseuses, rayonnantes, l’épuisement suintant pourtant de leurs silhouettes. La musique s’est tu pour laisser place à la cacophonie produite par la foule. Un vacarme qui est aussi mélodieux que n’importe quel chant. Elle est là, Azel, dressée sur la piste au milieu des autres, le menton redressé, le regard presque arrogant. Comme à chaque nouvelle représentation, elle s’imprègne de cette ambiance électrique qui fait naître sur sa peau une myriade de frisson. Le rideau tombe, efface la foule. Le sourire d’Azel s’envole tandis que la solitude la frappe de plein fouet.

La mère Kingsley n’est pas présente, peut-être préfère-t-elle acclamer une autre personne. Willem, qu’Azel surnomme toujours Willy. Le seul homme que sa génitrice retrouve le soir, le seul homme qui s’installe à leur table, le seul homme qui leur achète quelques babioles. Elle est heureuse, la grande dame Kingsley. Amoureuse ose-t-elle même avouer un soir à sa première fille. Et deux jours après, Willy dépose définitivement ses valises chez les Kingsley. Il est gentil, Willy. Brave. Un flic qui voue une haine profonde envers les androïdes. Grand bien lui fasse, ce qui compte aux yeux d’Azel, c’est qu’il lui a acheté les plus beaux chaussons du marché. Elle l’adule, cet homme qui lui sert de figure paternelle. Elle l’adule, et ne peut s’empêcher de voir en lui un héros. Il déclame qu’il éradique la toxine qui empoisonne la ville de Detroit, qu’il affronte le danger nuit et jours, qu’il est le bouclier. C’est un homme bien, Willy. L’aînée des Kingsley en est persuadée.

Jusqu’à ce qu’elle retrouve ses mains sur sa petite sœur. Ses mains. Traînant partout sur son corps, sur sa peau glabre. Cendres sur de la soie. La rage l’envahit, assaille son esprit et son cœur. Son palpitant s’affole, ses ongles s’enfoncent dans sa paume, ses muscles se tendent. Elle se précipite sur lui et percute de plein fouet Willy qu’elle harcèle de coup, sans réfléchir. Ses poings frappent, hargneux et véhéments mais Willem a tôt fait de reprendre le dessus. Une gifle atteint sa joue, une gifle dont la violence lui fait perdre l’équilibre. Dans sa bouche, le goût métallique de l’hémoglobine se déverse et se mélange à la saveur amère de la colère.

La mère Kingsley n’en croit pas un mot. Elle refuse de croire au récit d’Azel. “Balivernes”, alors que d’un geste, elle prit sa fille de déguerpir. Mais l’aînée, elle tient bon, se campe sur ses deux pieds, redresse la tête. “Je ne le laisserai pas s’approcher de Willa.” C’est la palabre de trop. Les mots qui sonnent le glas de la fin. Valise en main, manteau sur les épaules, écharpe en vrac autour de sa nuque, Azel arpente les ruelles encore éclairées par les derniers rayons du soleil. Rongée par la peur, la tristesse, l’incertitude, elle se terre dans un petit entrepôt. Cette nuit-là, elle pleure tandis que les griffes du froid enserrent son corps, griffant sa peau. La chaleur de ses sanglots ne la réchauffe pas, ses larmes laissent dans leur sillage des brûlures qui marqueront son esprit à jamais.

C’est finalement le lendemain qu’elle croise cet homme qui divertit la foule par sa musique. La mélodie de l’instrument l’attire aussitôt et Azel se retrouve à danser sur le pavé, malgré la douleur qui s’empare de son corps. Le temps file, les années s’égrènent. Et elle continue de danser sur l’asphalte Azel, elle tournoie, ondule avec la légèreté d’une brise. Elle flotte, gracile comme cette feuille transportée par le murmure du vent.

Mais ça ne paye pas assez. Et elle a besoin d’argent pour offrir un toit à Willa qui, à 16 ans, a fugué. Alors, c’est la chute. Elle trouve autre chose, une occupation qui lui ramène un peu plus de billets. Ce n’est pas simple, au début. C’est difficile. C’est des sanglots à la nuit tombée, c’est parfois des bleus qui affleurent à la surface de la peau, autour de son poignet. Mais Willa a un toit. Elles ont un toit. Modeste, étouffant, mais elles ont leur studio. Alors la souffrance, Azel en fait abstraction. C’est finalement deux mois plus tard qu’elle enfile le pseudonyme de Sky, pour les corrompus. Pas que leur cause lui parle réellement, à vrai dire, les habitants de Détroit pourraient bien s’entretuer que ça ne lui ferait ni chaud ni froid. Androïdes, humains...au fond ne se battent-ils pas pour une même cause ? N’est-ce pas au nom de la liberté qu’ils s’affrontent ? Azel, elle ne s’en préoccupe pas, qu’ils brûlent la ville jusqu’à la dernière cendre.