Âge : 35 Messages : 530 Date d'inscription : 13/07/2020 Localisation : Dans les emmerdes Emploi/loisirs : Armurier de Detroit / Wolf à la Coalition
Sujet: Solitude Dévastatrice [ONESHOT] Dim 11 Juil - 16:57
Solitude Devastatrice [Jake] I said I'd catch you if you fall And if they laugh, then fuck 'em all (all) And then I got you off your knees Put you right back on your feet Just so you could take advantage of me- 16 Aout 2039
J’étais resté combien de temps, debout, planté là, devant cette porte close ? Combien de mes mégots avaient atterri à mes pieds ? J’ignorai l’heure qu’il était… Le soleil avait disparu depuis plusieurs heures déjà. Il n’y avait plus personne dans la rue. Pas un bruit. Pas une voix. Rien. J’étais seul. Et je savais qu’en pénétrant dans le bâtiment, je me sentirais encore plus seul que jamais… Abandonné.
J’avais quitté le QG de la Coalition, sans prévenir qui que ce soit… Je m’étais isolé… Pourtant… Je ne voulais pas rester seul… Mais ma volonté n’était hélas pas prioritaire dans cette situation…
Je sursautai. Un son provenant du fond de ma poche, vint briser le silence pesant. Un appel. Comme un espoir que je n’attendais plus, je sortis mon téléphone et m’empressai de lire le nom affiché sur l’écran… Eagle. Il avait sans doute dû s’apercevoir de mon absence… Une vague de rage s’immisça en moi. Je sentis mon cœur accélérer brièvement.
« Va te faire foutre… »
Articulais-je entre mes dents, avant d’éteindre carrément l’appareil et de le ranger dans ma poche. Je ne voulais pas être dérangé… Mes doigts effleurèrent quelque chose d’autre. Un petit objet. Des clefs. Celles que j’avais récupéré chez moi… Les doubles du Haven… Les doubles de l’appartement. Je m’en saisis avant de les sortir. Mon regard se posa dessus. Mon cœur se serra. Il fallait que je le fasse. Que je me rende compte d’une chose que mon esprit refusait d’accepter… Alors je pris une grande inspiration, qui me brûla la gorge, avant d’insérer la clef dans la serrure de la porte. Un cliquetis se fit entendre lorsque je tournai l’objet. Puis, la porte s’ouvrit. Le Haven. Je n’y avais pas remis les pieds depuis… Depuis mon enlèvement. Depuis le jour ou tout avait basculé. Un frisson s’empara de ma colonne. L’odeur familière des alcools, enivra mes narines. Le pas hésitant, je franchis enfin l’entrée. La porte se referma derrière moi. Mon regard balaya la pièce. Les tables, les chaises, la porte qui menait aux cuisines, le bar, rien n’avait changé… Ce fut vers ce dernier, que mes pas m’entraînèrent. Une fois à hauteur, je laissai mes doigts caresser les bouteilles, imaginant Aedan les avoir posées là, l’imaginant servir ses clients… Mes doigts se fermèrent sur une bouteille en particulier… Un whisky. Tandis que je débouchais mécaniquement cette trouvaille, je laissai mon corps s’avancer vers la seconde porte qui dissimulait des escaliers qui montaient vers l’étage. Une boule imaginaire, se matérialisa dans mon estomac. Non ! J’avais déjà trop attendu devant l’établissement, je n’allais pas rester une nouvelle fois planté ! Je rassemblai ce qu’il me restait de courage, avant de gravir les marches qui me conduisaient à l’appartement… La porte. La clef… Un cliquetis… Et… Une sensation de vertige. Pas d’aboiement… Rien… La porte s’ouvrit… Ma main chercha, puis actionna l’interrupteur de la lumière.
« Je suis rentré… »
Murmurais-je peut-être bêtement d’une voix cassée, tandis que mon subconscient espérait encore retrouver les bras de mon mari… Une larme, si lourde, glissa le long de ma joue. Alors que je m’avançai dans l’entrée, mes mains elles, débouchaient la bouteille. Je laissai tomber le bouchon à mes pieds. Le visage neutre, le regard vide, je me dirigeai vers la chambre… Je connaissais les lieux, du moins je les connaissais avant… Plusieurs choses avaient changé. Il n’y avait plus l’ombre d’une photo sur les murs, ou sur la commode qui renfermait jadis, ma chemise blanche… J’avais la sensation d’être un esprit qui n’avait pas le choix que de hanter sa propre maison. Prisonnier de murs que je ne reconnaissais plus… Alors, dans un geste rapide, je portai le goulot à mes lèvres, avant de boire à grosses gorgées. L’alcool brûla ma gorge, mais je m’en foutais. Je voulais juste trouver l’ivresse, oublier l’absence… Lorsque j’abaissai mon bras, ce fut pour pousser un véritable hurlement. Pendant un instant, j’étais égoïste, à penser à moi. J’avais besoin de lui. De l’homme à qui j’avais dit « oui »… A cet être qui avait l’anneau jumeau de celui qui se balançait autour de mon cou… Je fis volte-face avant d’envoyer la bouteille contre le mur face à moi. Elle s’explosa en milliers de débris, la boisson y coula le long. Je tremblai. J’avais terriblement besoin de lui… D’Aedan… Mais je savais que c’était impossible… Il me croyait mort. Il fallait qu’il y croie… Il fallait qu’il m’évite… Il fallait qu’il évite mon malheur… Qu’il évite mes fantômes… Mes ennuis… Je refusai de le condamner. Voilà pourquoi je le faisais à sa place. J’étais mort. Et c’était mieux ainsi.
Mes forces m’abandonnaient. Je me laissai m’accroupir avant de m’asseoir au pied du lit. J’étais à bout… Je ne parvenais plus à retenir mes larmes. J’avais la sensation de sentir mon cœur, se fissurer, de se déchirer dans ma poitrine… J’avais si mal… J’aurai voulu disparaître dans l’arène ce jour-là… Que tout ses événements ne soient qu’une suite logique… Que je ne ressente plus rien… Plus de douleur…
Ma main s’empara de l’alliance attachée à mon cou. Les yeux se fermèrent. Pourquoi ? Qu’est-ce que j’avais fait pour mériter pareil punition ?..