When great love falls on you
Hank x Taylor

Bureau de la DPD, jour deux. Elle avait passé un bon moment avec Rhody la veille. Finalement, cette jolie brunette était une collègue de choix ici, même si elle avait capté le regard lourd de sens d'un certain Gavin, au point d'avoir voulu lui foutre son pied dans les noix pour qu'il calme ses ardeurs de pervers. Son poing américain l'avait aussi démangé ! Mais il était resté dans sa poche, bien sagement, au cas où il serait devenu bien plus insistant à son égard. Quand bien même elle l'aurait frappé au visage, ce serait apparu dans son dossier. Légitime défense ou non. Alors la blonde avait fait comme s'il n'existait pas, c'était préférable de ne pas en venir à de la paperasse inutile...

Il était bientôt dix heures... et le lieutenant Anderson n'avait pas daigné montrer sa face depuis la veille. Comment pouvait-elle informer North dans de telles conditions là ! Certes, elle devait faire ses preuves auprès de la cheftaine de la Rébellion le plus tôt possible, afin de lui laisser plus de lest dans ses obligations. Mais même avec la meilleure volonté du monde, elle n'était pas une traqueuse l'australienne. Si son supérieur refusait de venir travailler, elle n'avait aucun moyen de le retrouver en dehors de ses heures de boulot. Et pas question de se rendre chez lui, ça non ! En silence, elle attendait avec une légère impatience que l'homme passe les portes de la police. Et puis, après quelques minutes, une silhouette originale arriva dans l'open-space. Et là... le black-out total.

Taylor se figea devant le lieutenant. C'est comme si elle n'avait rien vu de tel depuis sa plus tendre enfance. Cette moustache broussailleuse, cette coupe en bataille, cette dégaine négligée avec une chemise hawaïenne, tenant en main sa tasse de café à l'effigie de la DPD... Le parfait cliché du flic américain par excellence. Pourtant, l'australienne ne parvenait pas à regarder quelqu'un d'autre. Et lorsqu'il lui fallut se lever pour le saluer, elle tremblait un peu la blonde.

▸Bonjour lieutenant. Je suis Taylor, votre nouvelle... analyste.

Mais qu'est-ce qu'il lui arrivait bon sang ! Elle ne parvenait pas à contenir sa timidité face à ce quinquagénaire accompli. Ola ! Si seulement elle venait de comprendre que son cœur avait fait son choix ? Qu'elle était vraiment en train de s'amouracher de cet homme au détriment de ses obligations envers Markus ?

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Hank x Taylor

Taylor dut se mettre une énorme série de gifles invisibles pour reprendre le contrôle de ses pensées et de ses actes. Ce Hank l'avait perturbée d'un peu trop près à son goût... mais c'est une poignée de main professionnelle qui mis l'australienne dans de bonnes dispositions pour se présenter à lui comme sa nouvelle analyste. Il l'invita à s'asseoir à ses côtés. Elle s'empara donc d'une chaise à roulettes du bureau adjacent, sans empiéter sur l'espace de Rhody qui n'était pas encore là. Mais à peine eut-elle le loisir de poser son illustre fessier que le lieutenant lui posa la question qu'elle n'espérait pas recevoir de sa part. Un peu brutal il fallait se l'avouer, elle ne céda pas pour autant et expliqua calmement le motif de son expertise ici.

▸J'ai été transférée à la DPD sur ordre de votre capitaine.

Ce qui était parfaitement vrai en fait. Même si ledit ordre avait été brillamment falsifié par un ancien officier androïde de la police. Et puis de toutes manières, la DPD ne valait plus rien à Détroit. Non, les gens ne sollicitaient plus du tout leurs services comme avant, comme s'ils avaient été évincés de leur propre objectif. Celui de protéger les habitants de la ville. North avait bel et bien remédié à ce problème en proliférant des rumeurs assez salaces sur le lieutenant Anderson et sa brigade. Mais de toutes évidences, il semblait s'en foutre.

▸Je ne suis pas ici pour empiéter sur vos enquêtes mais pour vous aider à traquer la Rébellion. Je sais qu'ils sont nombreux et qu'une paire de mains supplémentaire ne serait pas de trop à leur capture. Navrée d'avoir débarqué sans prévenir...

Elle jouait un tantinet la comédie pour susciter un poil de gêne de sa part. Il ne pouvait décemment pas la mettre à la porte de la police sans motif. Parce qu'il ne l'avait pas vue à l'œuvre, il ne savait pas de quoi elle était capable dès qu'il s'agissait de faire joujou avec du code. Mais elle garda un léger sourire sur ses lèvres roses, espérant fort qu'il daigne la laisser retourner travailler. Sauf s'il avait quelque chose de prévu pour elle dans les prochaines minutes ?

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La réaction première du lieutenant ? Exécrable, à tel point qu'il jura ouvertement dans le dos de son capitaine, prétextant qu'il avait nul besoin de personne dans son équipe. Taylor se doutait qu'il n'allait pas accepter ses services aussi facilement, mais sa mission était claire. Glaner des informations sur la DPD tout en luttant contre la Rébellion... Drôle de programme en soi ! Mais il lui fallait garder secrète ses réelles intentions ici. La blonde n'émit aucun son, aucune réflexion face à ses craintes envers son joli minois. Elle préférait le fixer de ses yeux et réfléchir à la riposte verbale. D'autant que Anderson cherchait à avoir plus de détails sur ce qu'elle serait capable d'apporter de plus au sein de la police. Un sourire plus franc émergea de ses lèvres roses. Venait-il de la qualifier de Barbie ?

▸J'étais analyste à CyberLife.

Elle tenait son argumentaire entre ses mains. Par cette simple phrase, elle comptait avoir son attention et espérer pouvoir le convaincre qu'elle ne mentait en rien. Dans le doute, parce qu'il n'était pas tellement tombé de la dernière pluie, elle dégaina son cellulaire et lui envoya son curriculum vitae qui s'ouvrit sur son écran. Allait-il seulement le regarder ?

▸En presque huit ans, j'ai pu analyser, décrypter, optimiser et réparer des milliers de lignes de code. Je connais ces machines sur le bout des doigts. Je n'aurai aucun mal à les traquer.

Elle pointa de l'index l'écran d'ordinateur. De toutes façons, elle n'avait rien d'autre à dire sur son expérience professionnelle. Le reste... Elle le prouverait ici lors d'une enquête. Ses mains partirent dans les poches de sa veste qu'elle n'avait pas daigné retirer de ses épaules. Dans l'une d'elle se trouvait son poing américain. Elle l'effleura simplement avant d'ajouter une simple phrase qui s'avérait nécessaire.

▸Je ne suis pas une menace lieutenant...

Elle n'avait pas le temps de jouer les poules de luxe avec son supérieur hiérarchique. Il n'avait plus son mot à dire dans le fond, puisque le capitaine Fowler avait accédé à sa requête quelques jours auparavant. Elle croisa les bras sous sa poitrine et se redressa un chouilla de sa chaise, au cas où il lui faille retourner travailler, ou rentrer chez elle si Hank était borné.

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Et merde. Malgré tous les efforts que Taylor avait mis dans ses explications, le lieutenant Anderson n'y entendait rien d'autre que du blabla inutile. Elle soupira, voyant que l'homme s'était relevé de son siège et s'apprêtait à la mettre à la porte de la police. Elle fit de même, forcée de constater qu'en plus d'avoir échoué, North serait certainement la pire des souffrances pour elle. Retourner chez CyberLife... il en tenait une bonne celui-là ! Comment pouvait-elle repartir bosser dans son ancien bureau annexé par Markus et toute son armada de déviants hein ? La colère de Hank fit tiquer l'australienne. Même dans un moment pareil, elle continuait de le dévisager en silence, savourant son expression faciale renfrognée se perdre dans les limbes de ses désirs les plus enfouis. Et puis tout à coup... HANK ! Un bref regard sur sa droite lui dévoila sa délivrance. Le capitaine avait décidé d'intervenir en sa faveur. Elle observa les deux hommes se hurler dessus comme s'il s'agissait d'un vieux couple. Fowler insistait sur la présence fondamentale de Miss Wynter, tandis qu'Anderson jouait de nouveau sur l'aspect Barbie qui avait le don de la rendre mal à l'aise. Elle avait une brève sensation de déjà-vécu avec son ancien collègue Jake Price, qu'elle a vu à l'époque se faire renvoyer et remplacer par un androïde docile et obéissant. Elle chassa ce souvenir très drôle de sa tête et se reconcentra en vitesse sur la scène de ménage en cours, avant d'entendre Fowler avoir le dernier mot. Taylor resterait à la DPD, quoi qu'il en dise... La blonde se retint de le remercier de vive voix, se contentant d'un signe de tête respectueux et d'un léger sourire en coin. Le lieutenant était blasé, mais il lui désigna un terminal libre, adjacent au sien, lui spécifiant de prendre ses fonctions immédiatement et de ne surtout pas l'importuner.

▸À vos ordres lieutenant...

Que pouvait-elle dire de plus pour sa défense... Rien, puisque son supérieur avait été forcé de l'accepter dans son unité anti-Rébellion, et qu'elle allait devoir faire ses preuves au plus tôt. Ça l'arrangeait quelque part, d'appuyer sur le champignon dès ses premières heures de travail effectif à la police... Oh ! Elle ne comptait pas la veille, bien entendu. Car Rhody avait passé sa journée à lui montrer les ficelles de son métier et à lui faire la visite du commissariat. Ce que la belle blonde avait trouvé fort sympathique de sa part. Mais ce matin, il n'y avait pas de place à la déconnade. En parfaite petite salariée méritante, elle retira enfin la veste de ses épaules et la déposa sur le dossier de sa chaise à roulettes. Elle alluma le terminal, puis posa son illustre fessier sur ladite chaise avant de fouiller dans tous les dossiers auxquels elle avait accès. Elle passa près d'une heure et demie à glaner tout ce qu'il y avait d'inimaginable sur les déviants en cavale, au point qu'elle ne remarqua qu'à la dernière seconde que Anderson venait de lui apporter du café.

▸Oh ! Merci beaucoup...

Elle regarda le lieutenant retourner à son terminal, puis elle s'empara de la tasse chaude. L'odeur lui rappelait bel et bien le café servi chez CyberLife. Ouais... Elle haussa les épaules à son ancienne vie et but une gorgée de café. Elle eut un léger rictus sur l'instant, car il manquait de sucre. Mais elle n'en dit pas un mot et reposa la tasse sur le bureau, avant de retourner à ses recherches. En silence. Jusqu'à ce que...

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Jusqu'à ce qu'elle sente la présence du lieutenant trop proche d'elle, comme s'il venait surveiller que sa nouvelle analyste soit bel et bien en train de faire ce à quoi elle fut choisie il y a peu. Il appuyait son bras sur le bureau de Taylor, se penchant juste un peu pour guetter ce qu'il y avait d'inscrit sur son terminal. Un dossier en cours sur une PM700 devenue, de ce qu'elle put en lire, assez agressive depuis la révélation de sa condition. Une déviante qu'elle n'avait pas eu le luxe de croiser à la Rébellion pour le moment. Oui lieutenant ? chuchota t'elle du bout des lèvres tandis qu'il rétorquait si elle tenait une piste susceptible d'aider la DPD immédiatement.

▸Ça se pourrait bien. Je sais de source sure qu'une armurerie est encore assez active dans le Sud-Ouest... Et la plupart de vos dossiers montrent des cas de déviance accros aux armes à feu. Comme cette PM700... Je pense qu'une descente là-bas serait un bon départ pour avoir des noms et...

Elle ne terminera jamais sa phrase la blonde, car elle venait de manquer un battement. Anderson venait de lui proposer d'aller manger quelque part. Avait-elle bien entendu ? Ou n'était-ce là que le fruit de son imagination ? Son regard se braqua vers lui. Même si elle sentait qu'il ne le faisait que par politesse que par envie, elle accepta tout de même son invitation.

▸Avec plaisir. Je vous suis.

Sentant qu'elle ne devait en rien abuser de la situation tendue pour aujourd'hui, elle se leva de sa chaise à roulettes et prit sa veste. Elle la plia et la garda en main, préférant être mieux à l'aise en voiture avec le lieutenant. Elle ignorait vraiment où il l'emmènerait, mais ça n'avait aucune importance. Ils allaient très probablement discuter du travail, ou d'elle s'il venait à la questionner encore une fois... Et alors ? North n'en serait que plus calme si elle venait à apprendre que sa nouvelle recrue avait flairé le gros poisson dès son deuxième jour à la DPD.

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Elle suivit le lieutenant de son bureau jusque sa voiture garée en face du bâtiment. Le temps était à la pluie, même s'il y avait une accalmie à première vue... La blonde monta dedans et mit sa ceinture sans prononcer un mot. Le temps pour Anderson de prendre le volant et de filer en direction de ce qui semblait être l'Est. Il avait allumé son poste de radio, préférant apparemment écouter la musique à l'ancienne. L'analyste ne fit pas un seul commentaire et regarda par delà le carreau, avant d'entendre Anderson s'intéresser enfin à ce qu'elle avait découvert.

▸L'homme qui tient l'armurerie est un ancien collègue de chez CyberLife. Je vous donnerai les détails une fois arrivés.

Comment Taylor pouvait-elle avoir ce type d'information sans avoir été dans ce secteur ne serait-ce qu'une seule fois depuis son arrivée ici, à Détroit ? Parce que bon nombre de déviants passaient régulièrement devant sa porte, et qu'à première vue elle serait encore ouverte. Un détail qu'il va lui falloir vérifier incessamment sous peu, mais sans l'aide de la police. C'était précisément ce qu'elle comptait demander au lieutenant avant qu'il ne lui propose d'aller manger un morceau. Elle guetta la route de temps en temps, et puis le tandem finit par se garer le long d'un immeuble. Il y avait un food truck sur le côté, proche de l'autoroute. Une place que son supérieur affectionnait de temps à autre... Pourquoi avait-elle l'impression qu'il lui mentait sur ce détail ? Elle haussa les épaules dans sa tête et suivit le lieutenant jusqu'à la camionnette où une délicieuse odeur de poulet lui titilla les narines. Ses yeux clairs se focalisèrent sur le gérant de commerce de rue qu'elle salua d'un signe de tête.

▸Bonjour Gary... C'est un plaisir.

Anderson avait fait les présentations à sa place. Ça ne la gênait en rien, tant que l'homme ne la reluque pas comme beaucoup tant d'autres. Elle laissa l'homme choisir ce qu'il voulait manger et s'installer sur une table haute juste à côté. L'australienne se contenta d'un simple sandwich et d'une eau gazeuse. Rien de bien folichon mais Taylor n'avait pas tellement faim. Elle voulait travailler ! Elle voulait en découdre avec lui. Alors elle partit le rejoindre et posa ses fesses sur un siège légèrement humide.

▸Je voudrais aller inspecter l'armurerie moi-même lieutenant.

Elle avait attendu à peine une minute avant de lui exposer son idée. Bien sûr, il n'escomptait pas l'entendre de cette oreille le lieutenant. Ça semblait si évident qu'il veuille soit envoyer une autre personne, soit y aller avec elle, le cas échéant... C'est ce qu'elle supposait la blonde, parce qu'il voulait la renvoyer de la DPD deux heures auparavant, et qu'à moins d'un miracle elle serait de retour à son bureau sous peu.

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La réflexion de son supérieur sur ce qu'elle mangeait lui donna un sourire en coin. Oui, elle faisait attention à sa ligne. Pas au point de se goinfrer de frites comme lui. Elle l'avait rejoint à table lorsqu'elle se dépêcha de lui demander d'aller inspecter l'armurerie dans le Sud-Ouest en solitaire. Elle qui espérait un peu de tranquillité, elle se trompait ouvertement. Car Anderson ne lui donna pas cette autorisation, prétextant la dangerosité de la zone annexée et insistant sur le fait qu'ils iraient y jeter un œil ensemble après manger.

▸Comme vous voudrez lieutenant.

Elle ne voulait pas le contrarier davantage. Alors elle tourna sa langue sept fois dans sa bouche avant de prendre la décision de ne rien ajouter à son ordre. Elle déballa donc son sandwich suffisamment pour se délecter d'une simple bouchée. Un rictus satisfait se dessina sur ses lèvres roses. Elle reviendrait ici très prochainement, pour sûr ! Et puis enfin, le lieutenant profita du calme pour lui demander pourquoi elle n'était plus à CyberLife. Elle faillit avaler de travers. Était-il ignorant à ce point ?

▸Si j'avais pu rester à CyberLife, j'y serai encore...

Elle prit sa bouteille d'eau gazeuse et avala une simple gorgée. Elle avait la mine basse l'australienne, comme si une méchante fille lui avait volé ses poupées. Une métaphore ainsi pensée qui montrait très clairement North au dessus de sa tête et qui lui volait son bureau sans la moindre pitié.

▸Malheureusement, pour moi comme tant d'autres, Markus et North se sont emparés de la tour et de l'île. Leurs soldats sont partout, en patrouille. Aucun humain n'y a sa place, pas même leurs corrompus. Et pour celles eu ceux qui tentent d'y entrer...

D'un geste de la main, elle fit le signe d'une arme qu'on pointait sur sa tempe et qui tirait une balle. S'il ne voyait pas où elle venait en venir, il n'y avait aucun espoir qu'il comprenne le mal-être qu'elle pouvait ressentir ici. Allait-elle surenchérir par son besoin d'avoir rejoint la DPD en prime ? Oh non, c'était inutile. Hank pouvait en déduire aisément qu'elle voulait se venger en quelque sorte. Alors qu'en fait, North l'avait obligée à travailler ici. Alors elle continua de manger son sandwich, attendant qu'il daigne lui donner son avis à défaut de la recadrer.

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Anderson n'avait pas tord sur un point. Avoir rejoint la DPD ne signifiait pas se venger de celui et celle qui lui avait fait perdre son poste à CyberLife. Bien qu'il était loin de se rendre compte qu'il taillait le bout de gras avec une corrompue, l'australienne ne put s'empêcher d'acquiescer d'un oui de la tête, pour ainsi lui donner raison avant de répondre à sa question.

▸CyberLife n'existe plus... Alors oui. Je resterai.

En était-elle fermement convaincue la blonde ? Il était bien trop tôt pour en juger, mais puisqu'il lui avait mis le sujet sous le nez, il fallait bien trouver quelque chose. Contrarié ou pas, elle se dépêcha de finir son sandwich tandis que le quinquagénaire débarrassait ses propres déchets. Dans son dos, l'homme lui avoua apprécier sa compagnie, ce qui valut à Taylor d'avaler sa dernière bouchée de travers... Elle attrapa vite fait sa bouteille d'eau gazeuse et la vida d'une traite, comme pour conjurer le mauvais sort. Collaborer avec la fichue analyste qu'elle était à ses yeux ? Elle devrait le noter sur un calendrier. Et quand Hank revint enfin à son niveau, c'était pour vérifier qu'elle ne regretta pas d'avoir déjeuné ici, loin de la brigade et sur le pouce.

▸Je dois avouer que je suis agréablement surprise...

La discussion tourna court très rapidement. Parce que l'heure de reprendre le travail avait sonné. Et puisque que le lieutenant y tenait vraiment, il désirait faire un détour en duo à la fameuse armurerie dont lui avait parlé Taylor avant d'entamer le repas. Revoir la face dépitée de Jake Price serait certainement la plus jouissive des expériences en tant d'analyste pour la brigade de police. Et même sans un mandat, le brun allait devoir répondre à quelques questions.

▸Je lance le GPS et je vous rejoins tout de suite lieutenant.

Elle commença par jeter à son tour l'ensemble de ses déchets dans la poubelle recyclable, avant de se nettoyer les mains au gel hydroalcoolique qu'elle gardait toujours dans une poche. Puis, elle sortit son cellulaire et tapa l'adresse à rejoindre à pied. Oui, venir directement en voiture de police dans la zone annexée serait la porte ouverte à la violence gratuite dans la seconde ! Pour le savoir assez bien de la part d'échos qu'elle avait pu entendre au Repaire des déviants. Elle rejoignit Hank dans sa voiture et ils partirent vers le quartier le plus chaud de Détroit. Quinze petites minutes de route sans encombre avant de taper dans le dur. Mais par soucis de mener l'enquête dans l'anonymat le plus complet :

▸Je vous conseille de vous garer là, au cas où on soit repéré...

Taylor pointa du doigt une ruelle isolée où le lieutenant pouvait laisser son véhicule le temps de la visite. La prudence était de mise lorsqu'ils quittèrent leur abri pour rejoindre la rue centrale où se trouvait encore l'armurerie de son cher regretté collègue. Après quelques brefs regards tout autour d'eux, le duo longea le mur et se faufila dans ladite boutique d'armes. Et c'est avec la plus grande des surprises que @Jake Price se tourna et se paralysa devant Taylor, certainement pas content de la voir ici.

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Un sourire en coin se dessinait sur les lèvres de la blonde. Elle ne s'attendait pas à un accueil chaleureux, non ! Et Anderson avait parfaitement compris le contexte dans lequel se passerait cet interrogatoire. Enfin... si Jake acceptait de coopérer, chose à laquelle Taylor n'y croyait pas beaucoup. Elle croisa donc ses bras en dessous de sa poitrine et laissa faire le lieutenant. Ce dernier se présenta en montrant son insigne, et indiqua à Price qu'elle ne partirait pas d'ici sans son avis. Bien ! Elle avait au moins un homme sur deux de son côté, c'est déjà ça !

▸Il ne dira rien... Avouer serait une perte de temps.

Elle dialoguait avec sa propre conscience l'australienne, car elle ne perdait pas de vue l'objectif de cette première journée de travail effectif. De renseigner la brigade sur n'importe quelle info permettant à la DPD de faire un pas vers la Rébellion. Plus facile à dire qu'à faire mon vieux ! Mais elle allait devoir jouer le jeu imposé par North, au péril de sa vie s'il le fallait.

▸C'est pas vrai ! On se calme avec les questions !

Hank en demandait bien trop. Il y avait un flot ininterrompu de questions entre ses lèvres. S'il s'imaginait perturber Price avec tout ceci, il se fourrait le doigt dans l'œil jusqu'au cerveau ! Il n'était pas dupe le feu rétrogradé de CyberLife. Et il ne craignait pas la police de Détroit, certaine. Taylor laissa son supérieur finir de parler, reprenant la parole après avoir fait mention de cet avis de recherche sur la porte et sur les murs. Elle ne le reconnait pas... Et elle n'était pas venue pour ça. Elle s'avança d'un pas vers l'homme bourru avant de lui susurrer quelques mots dans son oreille, à voix basse.

▸Vous avez vu sa tête ? Il va imposer un mandat...

Est-ce qu'elle en était certaine ? Admettons qu'elle le redoutait très fortement. Ou alors, il éluderait les questions sans intérêt pour se focaliser sur l'homme des avis de recherches. Taylor ne pouvait rien garantir de l'attitude de Price, même si sa petite voix intérieure lui hurlait de vite foutre le camp d'ici le plus vite possible. Et de sortir son poing américain de sa poche dans les plus brefs délais.

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Taylor n'en croyait pas ses yeux. Price prenait un malin plaisir à répondre aux questions du lieutenant. Pire ! Il semblait ne rien avoir à cacher. Elle se pinça la lèvre inférieure la blonde. Aïe ! Elle qui s'attendait à ce qu'il les foute dehors avec un gros coup de pied aux fesses, et l'ordre direct de revenir avec un mandat qui n'aurait rien donné... Il s'avérait qu'il était coopératif. Un peu trop à son goût, mais elle comptait garder ce constat pour elle. Et puis d'abord, les deux hommes semblaient l'avoir éludé du décor tout à coup !

▸Allez-y, faites comme si je n'étais pas là...

Son armurerie semblait en règle. Maintenant, rien ne prouvait qu'elle était libre pour une visite officielle, même si Jake laissait Hank accéder à la salle de tir. Si un déviant venait à rappliquer ici pour quoi que ce soit, la blonde serait percée à jour illico. Et c'était ce qu'il fallait éviter à tout prix. Alors, profitant que les deux hommes soient occupés à papoter, elle s'éclipsa de leur champ de vision et dégaina son cellulaire. Elle n'avait d'autre choix que d'en informer North par simple texto anonyme. Fort heureusement, la cheftaine de la Rébellion était très réactive, au point qu'elle ne mit qu'une minute à prendre en compte la demande urgente de l'analyste. Celle de ne pas procéder à une intervention dans le quartier, et clairement pas ici. Elle rangea son bien et revint se poster proche du lieutenant, mimant la gentille employée qui ne faisait qu'observer les jouets qui se trouvaient ici et là en vitrine et sur les murs. Elle n'avait pas suivi le fil de la conversation, laissant son supérieur procéder à son habitude. Avaient-ils seulement vu qu'elle avait disparu un court instant ? Elle observait @Jake Price du coin de l'œil Taylor. Qu'est-ce qu'il cachait ?

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De retour proche du lieutenant, elle ne se donna pas la peine de reprendre le fil de la conversation qu'elle avait entendue d'une oreille fort distraite. Non... La seule chose qu'il y avait à retenir, c'était la volonté de Anderson à vouloir tout inspecter avant de partir. Comme elle lui avait susurré pendant la pause déjeuner. Alors, lorsqu'il lui laissa la parole sur d'éventuelles questions à l'intention de ce Price, elle réajusta le col de son tailleur et lui donna son plus beau sourire de garce.

▸Je lui poserai toutes les questions que je jugerai utiles... une fois que nous auront fouillé minutieusement toute l'armurerie. Avec son aimable coopération, ça va de soi n'est-ce pas ?

Elle avait très bien joué son coup, mais il fut rapidement balayé par l'autre fou qui se décidait enfin à jouer son joker. Ce putain de mandat que le duo de choc n'avait pas ! Mais elle continuait de lui sourire l'australienne, persuadée que Hank serait réactif à son exigence... Comme texter Fowler dans l'urgence ? C'était l'idée oui, bien qu'ils durent attendre quelques minutes avant que le précieux mandat finisse par apparaître sur le cellulaire de son supérieur hiérarchique. Et lorsque Hank lui mit sous le nez... Sombre connard ! pensa t'elle de toutes ses forces alors que Jake leur ouvrait la voie vers ce qu'ils avaient demandé.

▸Oh ! C'est impeccablement bien propre.

Ce fut son unique constat après une bonne dizaine de minutes infructueuses. Le stand de tir avait été nettoyé ! Très peu de traces de poudre, même si un client s'y trouvait toujours. Elle portait un casque sur ses oreilles pour ne pas perdre l'usage de ses tympans. Et le lieutenant devait certainement procéder de son côté, même s'il avait exigé d'elle son œil d'expert. Malgré tout, la demoiselle extravertie n'était pas pleinement satisfaite de sa visite, et pour cause. Elle revint donc vers Price avec une question loin d'être hasardeuse.

▸Mais... Qu'advient-il si je suis intéressée par autre chose ? Je veux dire, vous ne vous contentez pas de vendre que les jouets pour enfants de cinq ans que j'ai pu voir en boutique... Si ?

Allons donc. Est-ce que le brun un poil énervé allait la prendre pour la dernière des connes ? Ou tout simplement lui indiquer ce que renfermait toute armurerie digne de ce nom ? Une salle sur demande où le bienheureux rangeait de jolis bébés prêts à l'emploi et tellement plus badass que les merdes industrielles qu'elle avait zieuté à l'accueil !