Alors voilà, on y était. Enfermé dans une putain d’arène avec un homme que je connaissais de nom, de visage également. Comme moi, Hank Anderson était une personnalité publique et à présent, tu devais te demander pourquoi tu avais le PDG d’une entreprise de finance importante de Détroit face à toi. Pour quel raison avais-je mérité d’être ici ? Moi je le savais mais toi…

Est-ce que ça allait pourtant t’arrêter ?

Je crois qu’une part de moi l’a cru, tu es flic, pourquoi t’irait buter un innocent après tout ? J’avais la tête qui tournait, je sais pas si c’était le premier coup sur la tête qui me faisait cet effet ou le second coup que j’avais prit ensuite mais l’un ou l’autre, je me sentais pas très bien et mon regard se porta inévitablement sur la seule chose que je ne voulais pas perdre. Fox...Phoenicia...Dans une autre arène, avec un homme que je connaissais également. Aedan. Quelle ironie...C’était une putain de blague.

Alors oui, je ne vis pas le premier coup arrivé, trop persuadé que j’avais pas grand chose à craindre d’un lieutenant de police. Une grave erreur, j’avais cru à tort que ses serments de flics suffiraient et qu’il irait pas attaquer un homme avec ma réputation mais lorsqu’il s’agissait de survie...Il fallait se méfier.
Et pour un flic bedonnant, il frappait fort, le premier surpris mais le deuxième lui me sonna littéralement tant et si bien que j’eu beaucoup de mal à récupérer mon couteau à cran d’arrêt dans ma poche. Heureux de le trouver à sa place, et pourtant, il me fut bien inutile.

Ce n’était pas moins de trois coups que je m’étais pris à la tête, trois coups violent, trois coup qui me rendait fébrile, faible, qui me donnait l’impression de ne plus pouvoir évaluer les distances alors tout ce que je réussi à faire tant bien que mal ce fut de taillader le tissus de ta chemise ou de ton t-shirt, rien de plus. J’avais la nausée, l’envie de vomir et l’homme qui me faisait face semblait bien décidé à ne pas me laisser de répit de toute évidence.

Je m’y refuse. Je sais ce que je risque, je sais que je pourrais mourir dans ces arènes si je ne me combat mais c’est une question de principe et puis de toute façon, qu'est-ce que ces choses pourraient m'enlever de plus ? Je vais mourir de toute façon, ou survivre et fini prisonnier...Mais s'ils savent qui je suis, ce que je fais, je vais mourir, je le sais alors ma décision est toute choisie, il est hors de question que je leur donne satisfaction. J’ai cru à tort qu’il en serait de même pour l’homme qui me faisait face, après tout, il était flic...Mais il fallait croire que j’avais tort, alors j'encaisse les coups.

Et il est difficile de ne pas répliquer, difficile de ne pas répondre et pourtant...Il était hors de questions que je donne satisfaction à ces choses. Je ne suis pas un pantin, je ne suis pas une marionnette...Je ne suis pas comme eux...Je ne suis pas programmé à leur obéir. C’était à eux de nous obéir.

Je ne sais pas si les membres de ma chère coalition comprendront pourquoi mais ma décision est prise. Je résisterai à mon instinct de survie qui me hurle de me battre. Qui m’ordonne de le faire. Mais non, j'ai plus que jamais conscience de mon libre arbitre. Il n’est pas question que je meurs ou survive en obéissant aux petits jeux de ces machines défectueuses.

Les morts pleuvent, je ne suis pas surpris de voir que tu as survécu Jake. Je connais que trop bien tes plus bas instinct mon ami. Tu m’en veux peut-être pour ça mais c’est à cause de ce qui t’anime que je t’ai posé cette puce infernale en toi. Je n’aurai donc jamais l’occasion de te dire que je suis désolé. Parce que dans le fond, je le suis. Je sais que tu ne me pardonneras pas mais...J’aurai aimé avoir l’occasion de te dire que je n’avais pas la force de perdre mon ami et que je pensais bien faire. Pour toi. Je n’attendrai pas que tu me comprennes mais peut-être l’aurais-je espéré.

La mort de ton adversaire est presque aussitôt suivie par mon pire cauchemar.
Phoenicia…

Je ne peux retenir mes larmes lorsque je te vois être exécuté à ton tour. Il faut croire que toutes les femmes qui m’ont aimé sont destinées à mourir par ma faute. J'accroche son regard et dans un moment de faiblesse ou de désespoire je te murmure ces trois mots que je me suis retenu de te dire jusqu'à présent.

"Je t'aime"

Je me console en me disant que tu ne seras pas témoin de ma mort prochaine. Que tu n’auras pas à chercher à comprendre pourquoi je refuse de me battre. Tu ne me prendras pas pour un lâche…

Et bientôt...Je te rejoindrai.

Nous n’avons pas vraiment le temps de souffler qu’une nouvelle fois, cette alarme de la mort retentit. Je suis surpris de voir qu’il s’agit de la défaite de Tiger et celle-ci étrangement me laisse un goût amer dans la gorge. Je connais tes capacités, je savais que tu avais de quoi t’en sortir vivante de cet enfer mais peut-être que comme moi...Tu as pris la décision que tu ne serviras pas de divertissement pour ces choses et si tel est le cas...Je le respecte.

Mon regard se pose à nouveau sur le lieutenant. Esquissant un sourire de pitié face à cette soif de survie que je peux lire dans ses yeux. Tu es si pitoyable à jouer le jeu de ces machines. Pourquoi ? Pour mourir au prochain round ?
Parce que je sais que ce n’est pas de ma main que tu mourras mais tu es bien naïf de croire que tu sortiras vivant de cet endroit. Au mieux, tu finiras prisonnier.

Mais il n’est pas donné à tout le monde d’accepter de mourir debout plutôt que de vivre à genoux.

Depuis le début de cette mascarade, ma décision avait été prise: je ne combattais pas. Et je m’y tenais. J’allais mourir ce soir, je le savais, mais je partirai avec la certitude que je serai resté droit avec mes idéaux.

J’avais déjà tout perdu de toute façon, il n’était pas question que je perde ma dignité. Mon regard capta ces trois petits mots, murmurés par le lieutenant de police et je compris. Cette idée me fit éclater de rire, crachant du sang sur le sable de l’arène.

"Tu crois vraiment que tu vas pouvoir la retrouver ?" remarquais-je, sans dédain aucun, c’était une vrai question… "De toute évidence, elle fait partie de ce petit jeu...Elle est avec eux...À garder le silence...A se mettre à genoux...À obéir..."

Je passais mon bras sur ma bouche pour en essuyer le mélange de salive et de sang.

"Si elle n’a pas participé à l’organisation, de toute évidence, elle leur donne raison. Par lâcheté ou par conviction, ça n’a pas d’importance. Son camp est le leur...Et si j’avais décidé de me battre contre toi... Que tu avais perdu… Elle t’aura regarder mourir entre leur main… Oh peut être qu’elle se serait mise à pleurer, à crier, et peut-être même qu’elle le fera plus tard… Mais pour l’heure, tu es ici, à suivre leur règle, à suivre leur jeu, à obéir, comme elle… Bon petit chien."

Levant mes yeux vers les organisateurs de ce jeu, je rigolais de plus belle.

"Vous pensez vraiment mettre fin à la coalition avec ma mort ou celle d’une poignée de mes Hommes ?" leur demandais-je. "Vous êtes un bug, une anomalie...Et vous savez pourquoi j’en suis certain ?" je repris mon sérieux, fixant Markus. "Vous êtes des copies conformes de ce que nous sommes...Violent, perfide, cruel… Vous recréez ce que nous avons déjà créé avant vous...Parce qu’au final, c’est tout ce que votre programme connaît. Votre virus a simplement brisé les pare-feux...Mais c’est tout ce que vous êtes...Des machines défectueuses. Vous n’avez rien d’une nouvelle race vivante ou intelligente, vous répétez, vous imitez..."

Je posais mon regard sur Jake, je ne t’en voulais pas de t’être battu. Après tout, c’est dans ta nature. Ton instinct, ce que tu vois comme une folie, ce que j’ai moi-même décidé de mettre en laisse pour protéger les nôtres, c’est aujourd’hui devenu ta meilleure arme.

"La coalition, c’est bien plus que des hommes et des femmes qui vous haïssent. C’est à des années lumière d’être qu’une histoire de haine...C’est une idée et les idées ne meurent pas."

Je marquais une pause, j’avais mal partout mais ça n’avait plus d’importance. Bientôt, tout ça sera terminé.

"Ce qui vous anime aujourd’hui, assez pour partir en guerre comme vous le faites...Ce n’est que le reflet du désir des Hommes de survivre à tout prix...Vous n’êtes que ça, un reflet."

Je regardais à nouveau les organisateurs.

"Est-ce que votre rébellion s’arrêterait avec votre mort ?" et le sourire qui se glissait sur mon visage laissait clairement entendre que je n’avais pas besoin de votre réponse, je la connaissais et c’est pourquoi j’étais si certain que la coalition ne mourrait pas avec notre mort.

"Tôt ou tard...Vous allez être anéanti...La nature reprendra ses droits et vous...Vous n’avez rien de naturel."

Mes yeux sont toujours rivés sur eux.

"Je ne compte pas me battre, je ne l’ai pas fait depuis le début de votre imitation des arènes romaines et je ne compte pas le faire. Je ne suis pas comme vous, je n’ai pas été créé pour obéir... Contrairement à vous… Même maintenant. Vous obéissez à cette anomalie en vous… Je pourrais presque être désolé pour vous, incapable d’en être conscient... "

Je reposais mes yeux sur Lieutenant. Il tenait à survivre, quitte à se perdre en chemin, grand bien lui fasse s'il était assez naïf pour croire qu'il sortirait vivant de cette endroit et plus encore que sa relation n'en serait pas brisée...Bon sang, c'était désolant.

"Profitez en lieutenant...Vous avez un léger sursis avec votre aimé..."

J'eus également un dernier regard en direction de Jake.


"Je regrette..."

J'étais certain que tu comprendrai de quoi je parlais et si je devais partir sans qu'on ait pu avoir cette conversation...Il était temps pour moi de ranger mon égo pour admettre mes erreurs. J'étais prêt pour la suite. Je me tenais debout, droit comme un i, les mains jointes dans mon dos. Encore une fois, il n’était pas question que je me donne le moindre coups.