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 Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.

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MessageSujet: Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.   Quand on se perd soi même on perd tout en même temps. EmptyDim 15 Nov - 23:49



Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.

Ludwig & Moeïra

C’est jamais l’action qui inquiète mais l’inaction.

Mes journées se ressemblent, mais j’aime beaucoup ça. Je quitte rarement le repère, l’extérieur ne me manque pas et puis ici, je sais que Clyde est moins inquiet pour moi. Il a hésité à nous faire partir, juste lui et moi, très loin dans le nord. Il a parlé du Canada. Surtout après ce qui s’est passé à Jéricho mais quelqu’un ici à su lui faire changé d’avis alors il est resté et je suis resté également. J’en suis contente, je n’ai pas envie de quitter cet endroit. J’apprécie être entourée d’androïde. Je sais que je ne risque pas de leur faire du mal, ils ne sont pas aussi fragiles qu’un corps humain peut l’être. N’importe quel androïde ici serait faire face au monstre que je peux être alors oui. Je suis rassurée d’être ici.

Oui, ici, je risque de ne faire de mal à personne et c’est tout ce qui compte.

Ici c’est le contraire, j’arrive à faire quelque chose de bien avec mes doigts. Je suis d’ailleurs en train d'aider un androïde à réparer son genou, je ne pose pas vraiment de question quand je travaille. Non, c’est juste moins et toutes ces choses. Ce petit ressort, cette petite vis un peu tordue, l’usure de l’articulation, chaque détail ne m’échappe et c’est ce qui fait de moi une excellente "docteur" pour les androïdes. Je sais que je ne suis pas la seule au repère à aider à soigner les androïdes mais nos domaines d'expertise sont différents. Je suis un peu une chirurgienne si je suis peut dire...Même si ça tient plus de la mécanique que de la biologie.

"Tu peux marcher un peu pour que je puisse voir ?"
demandais-je à mon patient du jour.

Il s'exécute, rapidement heureux de retrouver une motricité moins handicapé par ses anciennes blessures. J’adore cette sensation qui me traverse le corps lorsque j’ai l’impression d’avoir fait quelque chose de bien. Lorsque je peux voir de mes yeux le fruit de mon travail fonctionner parfaitement. C’est gratifiant. Ça m'évite de me perdre dans ma tête.

Mes journées sont comme ça, ponctuées de réparation et d’amélioration. Et lorsque cela m’est possible, comme maintenant, je me plonge dans des recherches pour toujours améliorer mes capacités. Resté concentré sur quelque chose, c’est important pour moi, ça m’aide à faire le tri dans ma tête. Ça m'aide à garder l’équilibre. Finissant par me poser dans une pièce quelconque, sur une table un peu à l’écart avec d’un côté mes outils, de l’autre un bras qui à dut appartenir à l’un d’entre eux. Quand je ne les répare pas immédiatement, j’essaie de leur faire des pièces de rechange, ça peut toujours servir. Surtout qu'ils n'ont pas accès à des pièces neuves et que beaucoup ont besoin de rechange.

Reste concentré Moeïra, tu sais que tu en as besoin.

Pourtant je le capte, il n’a suffit que d’une seconde dans mon champ de vision pour que je les vois. Ces cicatrices sur mes avants bras. Ces marques que je n’ai pas encore cachées, les marques de ma honte. De ma tentative de tout faire taire, de ma tentative d’éliminer un monstre. Clyde ne m’a pas laissé faire, il m’a encore sauvé ce jour-là et il m’a fait promettre. Je ne peux pas m’empêcher parfois de me dire qu’il a été cruel avec moi. Je secoua la tête, détourne les yeux pour les reposer sur mon travail. Alors c’est naturellement que je me mets à parler seule, dans mon coin, en écoutant le son de ma propre voix qui raconte simplement ce que je suis en train de faire.
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Ludwig Vandenbossche
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MessageSujet: Re: Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.   Quand on se perd soi même on perd tout en même temps. EmptyDim 22 Nov - 22:51

Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.



“Tu prends qui tu veux avec toi Jones, tant que vous obéissez à leurs ordres comme s’il s’agissait des miens ça m’importe peu. L’obéissance et des hommes entraînés c’est tout ce que je leur ai promis”

Téléphone collé à l’oreille alors que tu déambulais dans le repère, tu étais en pleine discussion avec un de tes hommes concernant une de leurs missions, prêt à t’en aller pour rentrer chez toi retrouver ta fille, lorsque, et alors que Jones à l’autre bout du fil marquait un silence pour prendre en note tes dernières instructions, tu entendis une voix dans une pièce adjacente, ce qui ne t’aurait probablement pas alerté dans un lieu bondé d’êtres vivants si tu avais entendu quelqu’un lui répondre, ce qui n’était pas le cas cette fois.

Guidé par la curiosité, tu t’arrêtas non loin de l’entrée de la pièce en question, débattant avec toi-même pour savoir si oui ou non tu avais vraiment besoin de savoir ce qu’il se passait là dedans, ce n’était probablement pas ton problème après tout et il t’arrivait toi aussi de tenir de longues discussions pas seulement internes avec toi-même quand tu étais seul mais quelque chose t’empêchait de passer ton chemin et retourner à ta journée.
Certains auraient parlé d’instinct mais toi, homme de faits plutôt qu’homme de foi, tu n’avais que peu de place en toi pour ce genre de croyance, plus tard en revenant sur le sujet tu conclurais simplement que même lointaine, même étouffée, son père t’avait tant montré de vidéo d’elle que tu avais reconnu sa voix mais pour l’heure tu n’en avais aucune idée, tu étais juste là avec cette sensation au creux du ventre, la même que le soir où tu avais découvert la maison vide de la présence de ta femme, et Jones au bout du fil qui se demandait ce que tu fabriquais.

“Je te rappelle d’accord ?”

Sans attendre l’accord ou non du jeune Jones, tu raccrochas avant d’entrer.

A l’intérieur, un fatras de pièces d’androïdes et d’outils que ton manque évident de talent en mécanique t’empêchait d’identifier mais surtout dans un coin une jeune fille en train de raconter à voix haute la tâche qu’elle était en train d’effectuer, une jeune fille dont tu identifias le visage immédiatement.
Tu savais que c’était impossible pourtant, que la jeune fille en question avait été enlevée par un androïde déviant qui avait assassiné au passage ses parents, dont son père qui était un de tes collaborateurs et amis, pourtant le doute était totalement absent, son père justement t’avait trop montré de photos, trop parlé d’elle pour que tu ne puisses pas la reconnaître. Tu n’avais jamais vu un homme parler autant de son enfant et, tu l’admettais; il t’avait même fait culpabiliser longtemps, toi qui avait longtemps été incapable de retenir la moindre information sur ta propre fille, toi qui répugnait même à l’appeler par son prénom tant tu étais désintéressé d’elle, considérant qu’elle était simplement un cadeau que tu avais fait à ta femme pour qu’elle te laisse en paix et pour lequel tu ne prenais pas la moindre responsabilité. Repenser à ça maintenant que tu avais été jusqu’à trahir ton propre camp par amour pour elle, cet enfant que tu ne voulais pas, te brisait le cœur et tu faillis presque perdre le contrôle de ton apparence si soigneusement travaillée pour être impassible et glacée.

Les sentiments sont un danger.

“Bonjour”

Tu t’approchas de quelque pas.

“Tu t’appelles Moeïra, c’est ça ?”



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MessageSujet: Re: Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.   Quand on se perd soi même on perd tout en même temps. EmptyLun 23 Nov - 1:29
[quote="Moeïra Callahan"]



Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.

Ludwig & Moeïra

C’est jamais l’action qui inquiète mais l’inaction.

Parler à voix haute m’a toujours aidé, je ne pourrais pas vraiment l’expliquer mais ça permet de faire le tri plus facilement dans mon esprit. J’ai appris avec le temps à compartimenter, à trouver les techniques pour ne pas me sentir submerger, pour ne pas réveiller le monstre qui sommeille en moi. Ici, comme ailleurs, j’apparais comme quelqu’un d’étrange mais on me juge beaucoup moins. Ca fait partie du charme diront certains, d’autres parleront simplement "d’originalité", pour ma part, c’est une simple mesure de sécurité. Pour eux, comme pour moi. Alors que je bidouille, recycle et répare, je n’entends pas la personne s’approcher de moi. Ce n’est qu’à ses salutations que je perçois sa présence mais je ne relève pas vraiment les yeux de la mécanique qui m’entoure.

"Bonjour"
répondis-je, plus par automatisme que par réellement marque de respect ou de politesse.

Ce n’est pas contre cet homme, mais il m’est difficile de m’arracher à ce que je fais. Tout comme il m’est également difficile de l’ignorer maintenant qu’il est là. Je suis obligé de le faire consciemment et ça m’irrite, ça m’énerve, plus encore lorsqu’il me pose une question, aussi stupide qu’agaçante alors que je suis occupée. Je sais qu’il n’est pas méchant, mais c’est plus fort que moi, c’est comme ça que ça se réveille…

C’est comme ça que je suis…

L’angoisse monte alors que je suis obligé de faire attention à cet homme, qu’il s’ajoute à tous les autres détails qui m'entourent déjà. Mais à la seconde où je pose mes yeux sur lui, j’ai une sensation de déjà vu et ça m’angoisse encore plus. Mon cœur tambourine dans ma poitrine alors que je sais qu’il m’a posé une question et que ça induit de recevoir une réponse de ma part.

"Oui..."


Et parce que je ne le connais pas personnellement, je me demande qui lui a parlé de moi et pourquoi son visage ne m’est pas inconnu. J’ai peur de la réponse derrière cette sensation. Mes doigts se crispent autour du manche du tournevis alors que j’essaie de faire le tri. Des boîtes imaginaires dans mon esprit, j’y range mon projet actuel, le mets de côté, en sachant que j’y reviendrai plus tard et je me concentre sur l’homme. Son visage anguleux, ses yeux si clairs qu’on en dirait de la glace. Sa posture, sa voix, je sais que ça veut gratter à la porte du placard aux souvenirs de ma mémoire.

"Moeïra..."
répétais-je parce que j’ai l’impression qu’il attend presque autre chose comme réponse et ça me terrifie à un point que je me sens obligé de combler les blancs. "C’est moi" précisais-je inutilement.

"Je peux vous aider ?"


C’est à mon tour de poser des questions. Parce que généralement, lorsqu’on s’adresse à moi ici, c’est pour me demander mon aide, mes services. Et puis, j’ai l’impression qu’il attend quelque chose de moi, cela se voit à sa façon très insistante de me regarder. Je suis nerveuse et cela me coûte d’être dans l’expectative.
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MessageSujet: Re: Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.   Quand on se perd soi même on perd tout en même temps. EmptyLun 23 Nov - 21:12

Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.



La jeune fille ne daigna pas lever les yeux vers toi mais tu ne t’en formalisas pas un seul  instant, pas seulement parce que tu avais tellement entendu son père te parler d’elle, de ses particularités, que son comportement te paraissait tout naturel mais aussi parce que tu n’étais pas bien sûr de vouloir réellement savoir ce qui se cachait dans son regard.
Colère ? Tristesse ? Culpabilité ? Tu avais la sensation étouffante d’avoir mis les pieds dans une histoire à laquelle tu aurais dû rester étranger. Certains auraient encore une fois invoqué ton “instinct”, mot que tu raillais chaque fois qu’on le prononçait face à toi.

Que des croyances de bonnes femmes

Pour toi il s’agissait d’une simple question de logique : sa présence ici alors qu’elle était portée disparue depuis de longs mois, alors que ses parents avaient été assassinés, avait forcément quelque chose d’étrange, probablement qu’une partie de toi avait déjà compris en vérité, la partie plus sombre, celle qui avait vu toutes les horreurs de la guerre durant vingt ans, celle qui avait été confrontée au pire de la nature humaine y compris de la tienne, celle qui avait donné des ordres inavouables, commis des crimes inacceptables, celle que cette fois comme toutes les autres tu ignorais pour ne pas te laisser submerger, préférant plutôt reporter ton attention sur la jeune fille qui, après avoir confirmé son identité, te demandait si elle pouvait t’aider.

Oui ? Non ? Peut-être ?

Tu savais que tu jouais un jeu dangereux, que chacune de tes paroles avait son importance, le moindre mot, la moindre intonation, même le moindre regard qui trahirait autre chose que l’impassibilité glaciale que tu reflétais pouvait représenter un danger.

Toujours plongé dans tes pensées, tu décidas de commencer par décliner ton identité, en partie du moins, très injustement même si tu connaissais le nom complet de la jeune fille, tu ne pouvais pas lui offrir la même chose en retour, la combinaison de ton nom de famille et de ton prénom étant trop rare pour tromper qui que ce soit. Il n’existait bien qu’un seul Ludwig Vandenbossche à Detroit, Lieutenant Colonel, médaillé à de nombreuses reprises, respecté, craint peut-être parfois, tu ne pouvais pas te permettre de prendre le risque que Moeïra, consciemment ou non, révèle ta trahison ou comment par amour pour ton enfant, par gratitude pour l’androïde anonyme qui avait donné sa vie pour la sienne sans hésiter, tu avais décidé de leur prêter allégeance et ton unité.

“Je m’appelle Ludwig. J’ai connu ton père”

Tu ne pouvais pas non plus lui révéler dans quel contexte, dire que tu avais collaboré avec lui de longues années durant était probablement un indice encore trop important.

Réfléchissant en silence, les yeux toujours rivés sur elle, la dévisageant d'un regard presque trop insistant, tu débattais mentalement pour savoir quel pion avancer par la suite, c’était ainsi que tu voyais le monde, la vie, une immense partie d’échec que tu espérais bien emporter, tu devais soupeser chaque mot, trouver le moyen d’obtenir les informations que tu cherchais sans faire de faux pas, sans l’accuser ou la brusquer. De ce que tu voyais elle n’avait pas l’air d’être prisonnière de qui que ce soit, rien à voir avec ces humains qui pourrissaient dans leur cage sans eau, sans nourriture, avec à peine une couverture pour affronter le froid mais tu étais assez intelligent pour savoir qu’il existait d’autres prisons que les barreaux d’une cellule, des emprises invisibles, tu l’avais vu beaucoup trop de fois dans les yeux  de gamins qui venaient mourir face à toi au front, endoctrinés par un chef qui lui ne se montrait pas.
Forçant le flot de souvenirs à s’arrêter là, tu déglutis avant de te lancer, à mi-voix, détachant chaque syllabe avec soin quitte à en effacer légèrement ton sacro-saint accent texan.

“Est-ce que tu es là de ton plein gré Moeïra ?”


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MessageSujet: Re: Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.   Quand on se perd soi même on perd tout en même temps. EmptyLun 23 Nov - 22:09



Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.

Ludwig & Moeïra

C’est jamais l’action qui inquiète mais l’inaction.

Des mots aussi simples et pourtant si dévastateurs. Les gens oubliaient souvent le pouvoir des mots mais ici, leur pouvoir, ce Ludwig devait l’ignorer. Ou peut-être pas tant que ça au vu de sa façon de réfléchir à ceux-ci avant d’ouvrir la bouche mais la seule mention de papa suffisait à me faire comprendre. Je savais que j’étais portée disparue, je l’avais vu dans les faits divers sur internet, j’avais vu à quel point on accusait Clyde de tout ça...Et ce mensonge m’avait tellement dévasté. Un bref instant, mon regard se porta sur la cicatrice à mon poignet. J’avais pas supporté qu’on désigne mon meilleur ami comme le monstre de cette histoire alors que moi...Je connaissais la vérité. Et lui aussi.

La mention de papa me ramena à ce cauchemar. J’avais encore du mal à comprendre ce qui s’était passé. Comme si ses souvenirs ne m’appartenaient pas vraiment, qu’aucun de mes gestes n’avaient vraiment été les miens mais c’était bien mes doigts qui avait serrer le manche du couteau de cuisine, c’était bien mes bras qui s’étaient agité à plusieurs reprises pour les enfoncés encore et encore...Mon coeur s'emballait dans ma poitrine et j’avais la sensation que l’air commençait doucement à me manquer alors que mes mains devenaient de plus en plus moite. Je serrais un peu plus fort le manche du tournevis, tant et si bien que les jointures de mes doigts blanchissaient à ce geste.

Est-ce que je suis ici de mon plein gré ? Oui...Mais pouvait-on parler de plein de gré lorsqu’on était une fugitive en réalité ? Tout le monde ignorait mais moi...Moi je savais.

"Oui"


Répondis-je succinctement d’une voix tremblante. Pas par peur, ni par mensonge, mais parce que c’était un torrent d'émotions qui m’envahissait. Le culpabilité me submergeait et c’était aussi dévastateur qu’un tsunami. Les yeux dans le vide, j’essayais aussi fort que possible de ranger tout ça dans mes petites boîtes imaginaires mais il y en avait trop d’un coup, trop vite, trop nombreuses. J’étais incapable de suivre la cadance, incapable de me concentrer, les images revenaient, les bruits, les cris, les odeurs, la sensation poisseuse sur mes mains.

"Je suis désolé."
murmurais-je.

Mes yeux se remplissaient de larmes, je perdais le contrôle de mon corps au même titre que mes émotions. Je ne sais pas vraiment si je m’excusais envers cet homme pour le décès de mon papa ou si je le fais envers les victimes.

"Clyde m’a sauvé..."


C’était les mots que j’avais prononcés ce soir-là pour dissuader mon père de le détruire mais sa décision était prise et à l’image du militaire qu’il pouvait être parfois en plus de l’ingénieur, sa décision était irrévocable.

"Je. suis. désolé."
répétais en accentuant chaque mot tant il devenait difficile de gérer.

Mes yeux fixèrent le tournevis, mon corps tremblait, j’avais besoin de réfléchir, besoin de me calmer ou je finirai par faire du mal à quelqu’un. Le monstre risque de se réveiller si je n’agis pas de suite, je le sais, je le sens, je connais ces sensations.
D’un geste franc, je relevais haut le bras avant de le baisser violemment. Le tournevis, par la force que je ne contrôlais plus vraiment, s’enfonça d’un bon centimètre dans ma cuisse. Avec les beaux jours du mois de mai. Le haut de mon corps bascula en avant sous le coup de la douleur fulgurante, posant mon front sur la table sur laquelle je travaillais quelques minutes plutôt. Ma main serrait encore le tournevis entre ses doigts comme si ma vie en dépendait.

La douleur, c’était comme un électrochoc, ça me permettait de faire un reset du trop plein de ma tête tant d’un seul coup il était uniquement concentré sur la douleur. Ca faisait mal, c’était dangereux, mais c’est la seule façon que j’ai trouvé.

"Je suis...Désolé..."
murmurais-je, en pleurant. "Il voulait détruire Clyde...Il voulait...Je...Il...Elle...J’ai...C’est trop...Trop. trop, trop, trop..."

J’essayais désespérément d’enfoncer plus encore le tournevis dans ma chair, le sang s’écoulant le long de ma cuisse. Mais je n’avais plus la possibilité de prendre de l’élan pour pouvoir l’enfoncer plus loin.
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MessageSujet: Re: Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.   Quand on se perd soi même on perd tout en même temps. EmptyDim 13 Déc - 18:04

Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.



Avançant les pions de ta partie d’échec mental avec la plus grande prudence, tu demandais à la jeune fille si elle était ici de son plein gré, bien conscient que l’absence de chaînes, de marques de coups ou de barreaux n’étaient pas forcément synonyme de liberté.
Tu la vis hésiter un instant, notant sa main crispée autour du tournevis qu’elle tenait, avant d’approuver d’une voix tremblante qui te mit immédiatement sur tes gardes.
Tu ne savais pas encore ce qu’il se passait exactement mais ton sens de l’observation, ton expérience aussi probablement te forçaient à te mettre en alerte, comme si d’un coup un millier de sirènes dans ton esprit s’étaient mises à sonner l’alerte. Il y avait quelque chose de louche ici, tu ne savais pas si elle était séquestrée, tu ne savais pas si elle était manipulée ou si la vérité était ailleurs mais immédiatement tu sentis que tu devais te tenir prêt à agir, te méfier et la suite des événements, sans grande surprise, te donna raison, deux simples phrases lui échappèrent avant le coup : je suis désolée et Clyde m’a sauvé, deux phrases que tu n’arrivais pas à connecter dans ton esprit, deux phrases qui ne voulaient définitivement pas prendre le moindre sens et que tu n’eus de toute façon pas le temps d’explorer beaucoup plus avant qu’elle ne resserre sa prise autour du tournevis avant de se le planter dans la cuisse avec violence, un geste qui te laissa sans réaction l’espace de quelques secondes avant de te rapprocher d’elle, t’agenouiller à ses côtés et lui écarter les mains fermement.

“Arrête ça”

Le ton était doux mais sans appel. Si tu comprenais bien le besoin de se blesser pour échapper à une douleur autre, pour faire le vide dans sa tête, si tu avais pu l’expérimenter toi-même parfois au retour de certaines missions dans l’espoir vain de rendre certaines cicatrices invisibles, visibles aux yeux du monde, tu ne comptais pas laisser la fille d’un ami de longue date s’infliger ce genre de souffrances devant tes yeux, ç’aurait été une bien mauvaise manière d’honorer la mémoire de celui à qui tu devais tant.

Décidant pour le moment de ne pas retirer le tournevis pour ne pas la braquer davantage, tu pris plutôt le temps d’écouter le flot de mots irréguliers qui s’échappaient de ses lèvres entre ses pleurs. Une histoire commençait alors à se dessiner dans ton esprit, horrible peut-être mais plausible certainement. Tu ne connaissais pas vraiment le positionnement de ton ami concernant les androïdes mais s’il était comme toi, avant, était-ce possible qu’il ait eu dans l’idée de détruire celui de Moeïra et était-ce possible que cette dernière, très attachée à Clyde, ait commis l’irréparable pour le défendre ? Malgré le sentiment d’horreur qui te saisissait tu ne pouvais nier que cette version des faits n’était pas la plus invraisemblable.
Déglutissant péniblement, tu finis par relever les yeux pour les plonger dans ceux de la jeune fille.

“C’est toi qui l’a fait, c’est ça ?”

Même si ton intonation était toujours aussi neutre, tu avais peur que le choc qui se lisait peut-être dans tes prunelles glacées la fasse se sentir jugée alors tu te sentis rapidement obligé de préciser.

“Je vais pas te juger, je suis pas là pour ça. En vingt ans de...métier..”

Le mot était à nouveau choisi avec le plus grand soin

“...des choses comme ça j’en ai fait et j’en ai vu. On a tous nos raisons”

Nos raisons d’épargner, nos raisons de tuer. Nos raisons de vivre, nos raisons de mourir. S’il y avait bien une chose que vingt ans d’armée t’avaient appris c’était que le bien, le mal, c’était complètement surfait, le plus grand mensonge de l’Humanité.



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MessageSujet: Re: Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.   Quand on se perd soi même on perd tout en même temps. EmptyLun 14 Déc - 2:27



Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.

Ludwig & Moeïra

C’est jamais l’action qui inquiète mais l’inaction.

Je ne voulais plus y penser, je voulais effacer ces images de ma tête, ces sons que je n’arrivais pas à oublier comme le jingle d’une publicité qu’on passe en boucle encore et encore. Les hurlements, le bruits mattes du couteau dans la chair, la sensation chaude et poisseuse entre mes doigts. L’odeur de fer, les cognements de mon cœur. Tout cela me revenait avec tellement de précision dans ma tête que j’avais du mal à faire le tri. Inhiber certaines informations pour ne pas me noyer. Mais j’étais littéralement déjà sous l’eau de mes émotions. C’est pour ça que j’ai planté ce tournevis, l’éclair de douleur est un électrochoc. C’est comme un reset. Ma tête se concentre là-dessus, le temps de quelques secondes. Son visage est si proche et la couleur acier de ses yeux me percutent. Deux mots, ferme et doux, j’ai l’impression de pouvoir entendre Clyde.

Mes doigts se délient, libèrent le manche et j’essaie de rester concentré sur ces yeux. Cette couleur est si froide, si intense. Moins d’un pourcent de la population terrestre possède des yeux gris, c’est à peu près dix fois plus pour les yeux bleus. Ce type de couleur est du à faible taux de... Non ne pose pas cette question, ne me demande pas ça, je le vois dans tes yeux, ton regard, il y a quelque chose qui a changé, tu commences à comprendre, tu vois le monstre.

J’acquiesce, silencieuse et honteuse.

Un nœud se forme dans ma gorge, c’est si fort que j’ai l’impression d’avoir quelque chose de coincé à l’intérieur. Je suis incapable de déglutir et ma vue se brouille dans une nouvelle montée de larmes. Il essaie de me rassurer, de me faire croire qu’il ne me juge pas mais comment pourrais-je seulement le croire alors que je suis incapable de me regarder dans une glace sans me juger moi-même ? Ce que j’ai fait…Je pourrais essayer de me justifier, dire que c’est pas vraiment moi, que je suis malade, que j’ai perdu le contrôle, j’ai même du mal à me souvenir exactement comment tout ça est arrivé mais je n’y arrive pas.

Je n’ai aucune excuse pour ce que j’ai fait.

Ma tête se baisse, noyée par la honte, je ne veux même pas voir mon reflet dans les yeux de cet homme. S’il connaît papa, c’est qu’il a une carrière militaire, et ses mots me le confirment. Pour autant, je sais que c’est différent.

"C’est faux"
dis-je, la voix enrouée par le nœud de honte qui entrave toujours ma gorge. "Vous n’avez pas tué vos parents de sang froid..."

Mon regard se pose sur la cicatrice à mes poignets, profonde et récente. Clyde n’aurait jamais dû me sauver ce jour-là. Malgré tout, je ne suis pas en colère contre lui de l’avoir fait, je comprends...Même si j’aurai préféré qu’il arrive trop tard.

"Et si vraiment cela n’avait pas d’importance...Vous n’auriez pas poser la question...Je sais que je suis un monstre...Je mérite ni clémence, ni pardon."


Et là, dans un sursaut de conscience, je me rends compte d’un détail.

"Ne dites à personne que je suis ici !"
suppliais-je soudainement, profitant qu’il soit à genoux devant moi pour prendre son visage entre mes mains, plongeant mes yeux dans les siens et appuyer mes suppliques. "Ils vont vouloir Clyde, ils vont vouloir le détruire...Je sais que je mérite pas d’aide mais lui...Il a le droit de vivre...J’ai besoin de lui, il me protège, il m’aide, sans lui je pourrais...Je...Perd...Sans...Contrôle...Lui. Je peux pas. "

Et je me perds à nouveau sans le vouloir, j’essaie de m’accrocher à ce visage, à ces yeux, et mes mains autour se crispe et se serre. Peut-être pas assez pour faire mal à cet homme, pas encore. Je dois revenir, je dois pas repartir, je veux pas lui faire de mal. C’est difficilement que j’arrive à détacher mes yeux des siens pour les reposer sur le tournevis dans ma cuisse. Je pourrais…
Je veux l’arracher. Je vais l’arracher et le planter à nouveau.
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MessageSujet: Re: Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.   Quand on se perd soi même on perd tout en même temps. EmptyLun 14 Déc - 20:45

Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.



Et ses yeux accrochèrent les tiens alors qu’elle acquiesçait silencieusement, péniblement, comme si ce simple geste lui coûtait toute l’énergie du monde.
Tu encaissais la nouvelle, impassible comme tu avais toujours su l’être, peu expressif de nature puis forgé par des années à devoir réprimer tout sentiment. Tu aurais aimé avoir tort bien sûr, tu aurais aimé qu’une personne aussi jeune qu’elle n’ait pas à vivre avec ce genre de poids sur la conscience, tu aurais aimé qu’elle ne se retrouve pas condamnée au genre d’existence que tu menais mais la lueur dans ses prunelles ne trompait pas, c’était elle, c’était elle qui avait tué ses parents alors qu’ils essayaient de la séparer de son androïde, Clyde et malgré le choc, malgré toute l’horreur de la scène que tu te représentais en pensée, tu étais sincère dans chacun des mots prononcés, tu n’étais pas là pour la juger, pire tu en étais bien incapable, vingt années de métier et un début de carrière en Syrie avaient suffit à te faire comprendre que les choses n’étaient jamais aussi simples qu’il n’y paraissait, que le bien et le mal n’étaient qu’un mensonge d’enfant qu’on emportait avec soi une fois grand, rassurant, sécurisant mais un mensonge tout de même, de toutes les personnes que tu avais vu mourir, trop souvent de ta main, de toutes ces personnes parfois des enfants dont les visages n’avaient jamais cessés de hanter tes nuits, tu avais vu bien moins de coupables que d’innocents. Peut-être qu’elle avait raison, probablement qu’elle avait raison et que vos situations n’étaient pas les mêmes mais deux meurtres, peu importe les raisons, demeuraient en substance identiques, jamais que l’acte d’achever une vie de ses propres mains.
Tu pris le temps de réfléchir comme toujours, calme, mesuré avant de prendre la parole de cette même voix douce que tu ne te permettais de prendre que rarement en public, plus habitué à devoir asseoir ton autorité.

“Tu as raison, je n’ai pas tué mes parents mais…d’autres”

Beaucoup d’autres.
Tellement d’autres.

Ta gorge se serra et t’empêcha de continuer alors que leurs visages revenaient à nouveau danser devant tes yeux, leurs cris tintant dans tes oreilles d’une manière assourdissante qui étouffait la réalité. Tu ne pouvais pas parler de regrets, la guerre était ce qu’elle était, la survie une nécessité mais tu n’en étais pas revenu indemne, aucune fois, jamais.
Crispant légèrement les poings pour te forcer à revenir à la scène qui se jouait dans le présent et quitter celle qui se jouait dans le passé, quelque part en 2018, tu t’accrochas aux mots de la jeune femme pour réussir à t’ancrer à nouveau, un petit sourire triste et résigné plissant le coin de tes lèvres. La clémence, le pardon...Encore des illusions tu le savais mais tu aurais aimé avoir le pouvoir de les lui donner s’ils avaient pu soulager sa conscience même de manière illusoire à l’image de ta capacité à te concentrer sur autre chose pour fuir le traumatisme des années passées.

“Ma clémence ou mon pardon n’ont aucune valeur mais je peux t’assurer que tu n’es pas un monstre Moeïra”

Juste un être humain qui avait commis une terrible erreur et qui devrait apprendre à vivre avec, vieillir avec, mourir avec.
Tu aurais aimé ajouter quelque chose mais comme dans un sursaut de conscience, la jeune fille perdit pieds à nouveau, terrifiée à l’idée que tu puisses dire où elle se trouvait, paralysée à l’idée que Clyde soit détruit pour de bon cette fois et, si cette réaction te paraissait absurde, tu compris bien vite en sentant ses mains se crisper autour de ton visage que sa peur, sa terreur même, était bien réelle, tu pouvais presque la sentir dans l’atmosphère, tu voyais ses yeux quitter les tiens pour se baisser sur le tournevis, tu sentais le danger qui resserrait son emprise et d’un geste toujours doux mais ferme tu posas tes mains sur les siennes.

“Arrête. Regarde moi”

Tu avais toujours détesté tes yeux, abhorré l’effet qu’il pouvait avoir sur les autres mais pour une fois dans ta vie tu remercias cet ancêtre quelque part au nord de l’Europe, loin du côté d’Amsterdam, qui t’avait légué ce cadeau empoisonné.

“Tout va bien, tu es en sécurité avec moi. Pourquoi je dirais quoique ce soit ? Tu te doutes que je suis de votre côté non ?”



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MessageSujet: Re: Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.   Quand on se perd soi même on perd tout en même temps. EmptyDim 20 Déc - 20:51



Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.

Ludwig & Moeïra

C’est jamais l’action qui inquiète mais l’inaction.

Tuer d’autres. Il m’est parfois arrivé de me demander si c’était le cas de mon papa également. Bien qu’il n’est probablement jamais appuyé sur la gâchette d’une seule arme à feu, n’est-il pas celui qui a créé des soldats mécaniques ? N’a-t-il pas, dans une certaine mesure, du sang sur le main également ? Enfin...N’avait-il pas plutôt. Maintenant, son sang est sur mes mains. Et mes mains sur le visage de cet inconnu qu’il l’a connu. Il devrait t’en vouloir si c’était un ami, non ? N’est-ce pas comme ça que les choses fonctionnent à l’extérieur ? J’ai du mal à comprendre, j’ai toujours eu du mal à comprendre les autres. Ironiquement, je me sens comme un robot, une I.A. capable de choses techniques, théoriques, et même pratiques mais qui, lorsqu’il s’agit de sentiment, se retrouvent rapidement dans les choux.

Je peux sentir mon propre sang battre dans mes oreilles alors que je me perds, que je ressens à nouveau le besoin d’un électrochoc pour me retrouver. La douleur, une mauvaise habitude, qu’il capte trop vite alors qu’il m’ordonne de le regarder. J’obéis, les mains tremblantes contre les arêtes de sa mâchoire. Plongeant dans le regard acier de l’homme qui me fait face. Il y a quelque chose de profondément triste dans ces iris, peut-être même de mort ? Ou est-ce la mort elle-même que j’y entrevoie ? Mon propre reflet peut-être.

"Tout va bien" répétais-je, j’avais l’impression qu’il attendait une réponse de suite et c’était la seule chose que j’avais trouvé à dire : répéter ces propres mots, me laissant le temps de trouver les miens.

Mais les mots ça s’envolent et s’évaporent plus vite que ne fonctionne ma propre réflexion dans ces moments là. Mon pouce caresse la peau de cet homme. Me sentant profondément reconnaissante de sa promesse, de sa patience également et de l’assurance qu’il dégage parce qu’elle est assez forte pour me maintenir à flot. La tête hors de l’eau.

"Tu n’es pas un monstre..."
Soufflais-je sincèrement.

Il allait certainement croire que je répétais simplement ces mots pour moi-même mais en réalité, j’avais l’impression de pouvoir lire dans ses yeux quelque chose de familier, de reconnaître la culpabilité qui me rongeait. Il avait admis avoir tué, et si je n’étais pas un monstre à ses yeux, il m’était de toute évidence impossible de voir un monstre en face de moi. Il était facile de se montrer indulgent avec les autres, beaucoup moins avec soi-même.

"De notre côté"
soulignais-je avec un mince sourire qui se dessinait sur mes lèvres. "De quel côté sommes-nous Ludwig ?" lui demandais-je.

Je ne m’étais jamais vraiment posé la question avant aujourd’hui. Clyde me tenait assurément éloigner de ses affaires d’androïde, de ce que North ou Markus attendaient de lui. Et moi...J’offrais simplement mon savoir parce qu’il n’y avait que comme ça que je m’assurais moi-même de ne pas sombrer et redevenir le monstre dormant en moi.
Et une partie de moi, aussi infime soit-elle, devait bien admettre que je n’étais pas certaine d’aimer l’humanité. Celle-ci m’avait toujours plus ou moins rejetée même si je n’ai jamais été capable de me montrer aussi violente avec elle qu’elle ne l’a été avec moi.
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MessageSujet: Re: Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.   Quand on se perd soi même on perd tout en même temps. EmptyLun 28 Déc - 1:28

Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.



La magie n’existe pas.
Tu étais arrivé à cette conclusion étrangement tôt dans ta vie, alors que les autres enfants de ton village se nourrissaient encore des nombreux contes de fée que les plus vieux, ceux qui étaient nés au siècle passé, racontaient, toi tu ne faisais que semblant de craindre le loup, semblant de trembler devant la sorcière, né d’un père militaire, lui-même rejeton d’un autre militaire tu avais compris bien jeune que la seule forme de “magie” ici et la seule chose dont il fallait se méfier en ce monde était le pouvoir. Il était partout, s’infiltrait partout, dans toute forme d’autorité bien évidemment, celle d’un parent, d’un enseignant, d’un membre du gouvernement mais tu avais vite remarqué que dans ton cas précis il se cachait dans tes yeux également, il te suffisait souvent de fixer quelqu’un intensément pour l’obliger à baisser un regard déplaisant, il te suffisait de les forcer à regarder pour les voir se perdre dans la mer de glace de tes iris, tu avais détesté chaque fois où tu avais dû te résoudre à le faire et pourtant tout comme pour un millier d’autres choses dans ta vie tu l’avais pourtant fait un nombre incalculable de fois, toujours avec le même dégoût, toujours avec la même aversion mais tu l’avais fait, parfois tu te disais que le destin, s’il existait, t’avait probablement fait ce cadeau précisément parce que tu n’en voulais pas, ainsi il était sûr que tu n’en abuserais pas.

Cette fois là, au repère, alors que Moeïra, la fille d’un ami disparu, s’apprêtait à se blesser à nouveau pour fuir une toute autre douleur, tu avais à nouveau dû utiliser ce pouvoir ordonnant à la jeune femme de te regarder avant de lui dire, à mi voix afin que seule elle puisse les entendre, des mots que tu espérais réconfortants, laissant Ludwig remplacer pour un temps Thunder et le lieutenant colonel, les deux autres facettes de ta personnalité.
Tu lui promis que tout allait bien, que tout irait bien, qu’elle n’était pas un monstre et qu’elle était en sécurité avec toi, tu lui promis avec presque suffisamment de force pour te convaincre toi-même au passage pourtant si tu étais bien évidemment convaincu que la jeune femme n’était pas un monstre, tu ne savais pas si tu étais convaincu que tout irait bien et qu’elle était en sécurité, tu savais que ce qui se passait à Detroit n’en était qu’à ses débuts et tu avais vu suffisamment de guerres pour savoir que la plupart des promesses en ces temps là étaient vaines.

La voix de Moeïra te tira de tes sombres pensées et si elle commença par simplement répéter tes propres mots, les suivants te laissèrent songeurs, tu les avais prononcés également mais, plus que répéter, cette fois elle semblait te les retourner.

Tu n’es pas un monstre.

Avait-elle su voir dans tes yeux ce que personne d’autre n’y avait jamais lu même pas ta propre femme ? Avait-elle vu la culpabilité, la douleur ? Avait-elle vu les images de tous ces visages qui ne cessaient jamais de te hanter ?
Déstabilisé l’espace d’un instant, tu finis tout de même par te ressaisir pour lui répondre.

“ Non je n’en suis pas un, ni toi. Les vrais monstres sont cachés pour la plupart”

Encore cette question de pouvoir.
Si tu avais bien appris quelque chose c’était que vous n’étiez pour la plupart que de simples marionnettes entre les mains des plus puissants, ceux qui menaient le jeu étaient rarement ceux qui avaient le plus de poids sur la conscience, le plus de sang, bien réel, sur les mains.
Tes actions contre les androïdes en étaient la preuve la plus accablante, ton supérieur n’avait rien fait de plus que de s’époumoner dans ton oreillette pour te demander de prendre une décision, ce n’était pas lui qui avait demandé à ses hommes de tirer et de la même manière tu n’avais fait que donner l’ordre mais tu n’avais rien exécuté.
Le pouvoir restait le pire des poisons tu en étais persuadé.

La question suivante te laissa tout aussi songeur.
De quel côté étiez-vous ? Des années auparavant, avec la fougue de la jeunesse, tu aurais répondu sans une once d’hésitation “le bon !” mais tu avais vieilli et tu n’y croyais plus.

“Du côté de la justice, si tant est qu’un concept pareil existe encore”

Tu souris légèrement à la jeune femme.

“Un homme a agressé ma fille il y a quelques mois. J'ai toujours été un père minable mais je pensais être au moins capable de la protéger. Je me trompais. C’est un androïde qui a sacrifié sa vie pour la sienne alors que je regardais sans être capable de bouger. J’ai pris ma décision après ça parce qu’elle me paraissait juste.



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MessageSujet: Re: Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.   Quand on se perd soi même on perd tout en même temps. EmptyMar 29 Déc - 21:14



Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.

Ludwig & Moeïra

C’est jamais l’action qui inquiète mais l’inaction.

J’étais incapable d’en être véritablement conscient, incapable d’y mettre des mots mais je sentais quelque chose d’invisible. Comme un fil relie deux âmes. Avais-je vraiment l’impression qu’un autre être humain, fait de chair, d’eau, d’os et de sang, était capable de me comprendre ? Moi qui avait pour habitude d’avoir l’impression que le langage humain ne m’était pas inné et que tous, autour de moi, parlaient une langue étrangère que je n’arrivais pas à apprendre. C’était la première fois que j’avais l’impression que cela ne me demandait pas autant d’effort que d’habitude. C’est plaisant. Malgré le sentiment de culpabilité et de honte qui continuait de me ronger, c’était vraiment reposant.

L’était-ce pour lui également ? Je l’ignorais. J’ai plutôt tendance à croire le contraire. Je savais à quel point cela demandait beaucoup d’énergie à maman de s’occuper de moi, à quel point il était parfois même compliqué pour mon père de me gérer. La seule personne qui n’avait jamais faibli, c’était Clyde.
Mon cœur se calmait, mon esprit semblait se canaliser de lui-même et il me devenait plus facile d’ignorer manuellement le superflux. Ignorer la table, ma cuisse, le tournevis. Un par un, j’effaçais ces choses de ma tête pour me concentrer sur sa voix, ses paroles, l’expression de son visage. La légère crispation de sa mâchoire, la très brève surprise qui traversait son regard avant de confirmer qu’il n’était pas un monstre. Je me concentrais sur le mouvement de sa bouche, les muscles que cela demandait de travailler, les tendons qui travaillaient et bougeait légèrement sous sa chaire. Cela se voyait au niveau des tempes également, comme un léger battement qui les rendait moins creuses le temps d’une seconde.

Le timbre de sa voix, cette sensation de confiance, et cette chose invisible que j’avais l’impression de se voir être créée sans être capable d’y mettre des mots, sans être capable de le voir réellement, de le sentir. Ça n'avait rien de palpable, inexplicable, c’était à la fois fascinant et terriblement effrayant. Comme l’un de ses monstres qui se cache et pourtant, j’étais certaine que ça n’était pas monstrueux.

L’ombre d’un sourire se posa sur mes lèvres lorsque je revis cette surprise dans ses traits, aussi fugace qu'une étoile filante dans le ciel. Je crois bien que c’est la première fois que les expressions d’une personne me fascine autant mais en cet instant, ces maigres détails me permettent de rester là, m’aide à faire le vide autour de moi, à ne pas me perdre à nouveau dans le flot d’information et de sentiment.

Du côté de la justice...Si tant est qu’elle existe encore.

Et une histoire. Une explication pour justifier sa présence en ces lieux. Beaucoup d'humains ici par choix ont besoin de ça, d’une raison...Comme si ce que nous faisions était une forme de traîtrise. Et parce qu’il raconte cette histoire, j’ai la sensation de devoir partager la mienne également mais je me rends compte qu’elle n’a rien d’aussi profond. Je suis pas ici parce que mes parents ont voulu détruire Clyde...La raison est bien plus simple:

"Clyde est mon meilleur ami..."


Et j’ai l’impression que ces mots ne reflètent pas vraiment ce que je ressens pour lui. Il est à la fois un frère, un père, un ami, un confident, un protecteur...Il est tant de choses et plus encore. Mais la raison de ma présence se résume à cela. Mes doigts se crispent malgré eux contre le visage de Ludwig, n’ayant pas encore libérer ce dernier parce qu’au fond, je ne sais pas vraiment où mettre mes mains et que je suis fasciné par les sensations sous mes doigts lorsqu’il parle ou que son visage s’exprime pour lui en silence.

Mais oui, je me crispe. Parce que j’ai l’impression que cette réponse n’est pas suffisante, que je devrais en dire plus et je cherche une vraie raison, une raison plus valable pour justifier que je sois contre ma propre espèce…

"Je ne peux pas leur faire de mal à eux..."
avouais-je, dans un murmure chevrotant.

"Je..."
et en cherchant bêtement des raisons suffisantes pour justifier ma présence ici, les souvenirs remontent, ces fois où les gens de ma propre espèce m’ont fait du mal, délibérément. Ces fois où ils ont sciemment choisi de me blesser pour se satisfaire. Et parce que je sens que je me perd à nouveau et que je risque de sombrer, je prends les devant dans un geste surprenant.

Je me glisse dans ses bras à lui.

Mes mains s'accrochent à son cou plutôt qu'à son visage. Parce que j’ai peur de partir, j’ai peur de me noyer et qu’il est là.

"Juste une seconde..."
murmurais-je en sachant que mon geste était malvenu, malpoli, pas normal selon les codes sociaux.

"J’ai pas peur d’eux, j’ai moins peur de moi ici...Et j’ai peur des gens dehors"


Avouais-je dans un murmure, le visage enfoui au creux de son cou, je ne savais pas s’il pouvait comprendre, je n’étais pas certaine de vraiment me comprendre moi-même mais j’espérais que ces explications seraient suffisantes. Par réflexe, je m’aggrippais un peu plus fort à son cou lorsque je voulu, sans réfléchir, me redresser légèrement, m’appuyant sur ma jambe blessée. La douleur fulgurante me faisant gémir et m’accrocher à lui. Je pouvais déjà entendre Harri s’inquiéter pour moi lorsqu’il verrait ce que je m’étais fait.
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MessageSujet: Re: Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.   Quand on se perd soi même on perd tout en même temps. EmptyJeu 14 Jan - 14:18

Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.



Cette histoire, celle du jour où tout avait basculé pour toi et où tu avais décidé sciemment de trahir ta propre espèce et tout ce en quoi tu croyais jusque là dans cette guerre, tu ne l’avais presque jamais racontée, préférant simplement dire que tu avais tes raisons ou que les temps changeaient, toi avec, sans dévoiler à de potentiels ennemis que ton point faible était le même que celui de bien d’autres avant toi peu importe à quel point tu avais pu prétendre être détaché d’elle et de son existence ses premières années, deux grands yeux semblables aux tiens et ton monde qui chavirait chaque fois que tu l’entendais t’appeler “papa”. Pourtant malgré cette retenue, cette méfiance qui te caractérisait, tu t’étais entendu la raconter à Moeïra sans même te poser de questions. C’était à la fois étrange et pourtant très naturel, comme si tu reconnaissais en elle quelqu’un que tu avais toujours connu, comme si par un processus mystérieux que tu n’expliquais pas vraiment, par sa simple présence elle arrivait à faire ressortir la partie la plus enfouie de toi, la meilleure diraient certains, non pas le lieutenant colonel et sa retenue légendaire, non pas le haut gradé au charisme froid qui était capable de faire obéir toute une unité mais l’Homme derrière tout ça, Ludwig noyé entre doutes et traumatismes, sûr de rien et désabusé, Ludwig et ses faiblesses dévoilées.

La jeune femme t’écouta alors sans rien dire, les yeux toujours plongés dans les tiens sans que tu ne puisses pourtant détourner le regard et lorsqu’elle prit la parole, ce fut pour raconter son histoire à son tour, les raisons qui l’avaient menée à trahir les humains elles aussi.
Clyde était son meilleur ami, c’était ce qu’elle disait et si tu ressentais sa frustration, tu lui adressas un sourire compréhensif, tu savais que les mots ne suffisaient jamais à refléter la puissance d’un amour. “Aimer” paraissait si faible quand on voulait essayer de décrire ce sentiment violent qui pouvait pousser au pire comme au meilleur, ce sentiment qui aveuglait tout, qui retournait tout sur son passage, toi aussi tu maudissais la pauvreté de la langue pour ne pas être capable de refléter tout l’horreur de ton impuissance face à l’image de ta fille dans les bras d’un inconnu, toute l’atrocité d’être paralysé après avoir capté le reflet des réverbères sur le couteau posé contre son cou, la haine de soi, de ne pas être capable de bouger et le soulagement, la gratitude, l’amour même bref pour cet androïde se précipitant pour la sauver.

Ce ne fut qu’en sentant ses doigts se crisper un peu plus contre ton visage que tu revins à l’instant présent, juste à temps pour l’entendre souffler une autre raison, moins avouable peut-être, ne pas risquer de leur faire de mal à eux et alors  tu sentis ton cœur se serrer malgré toi, parce que personne ne devrait vivre avec le poids d’une telle culpabilité puis soudain, tu la sentis se glisser dans tes bras.

Si dans un premier temps tu fus surtout surpris, loin d’être la personne la plus tactile de cet univers, tu finis par refermer tes bras sur elle, comme si ta simple étreinte pouvait la protéger de toutes ces pensées qu’elle s’infligeait mais qu’elle ne méritait pas.
Elle ne méritait pas d’avoir peur d’elle-même, elle ne méritait pas d’avoir peur des autres et pourtant tu comprenais, en partie.
Si tu avais déjà eu peur de toi-même, souvent, chaque fois que tes yeux accrochaient ton reflet dans le miroir et que tu te souvenais ce que tu avais été capable de faire, tu n’avais, toi, jamais réellement eu peur d’un autre, à l’exception peut-être de l’agresseur de ta fille mais cette unique peur n’avait pour autant pas modifié ta pensée, tu étais persuadé que quelque part  un androïde avait probablement eu le même geste envers l’enfant d’un autre, c’était autre chose qui t’avait motivé.

“Je comprends ce que tu veux dire et c’est normal de penser ça”

Vu son histoire, vu ce qu’il s’était passé pour elle jusqu’ici

“Je ne pense pas qu’ils soient meilleurs que nous pour autant. Ni pires d’ailleurs. Je pense qu’ils sont comme nous, avec les mêmes faiblesses, les mêmes failles, quoi de plus logique puisque nous les avons créés, mais je me suis dit…”

Tu déglutis avant de te mordre les lèvres, resserrant ton étreinte inconsciemment comme si tu avais besoin de t’accrocher à elle, c’était la première fois que tu allais si loin dans ta réflexion ou du moins que tes pensées furtives prenaient une forme orale. Une forme concrète dont il n’y avait aucun retour possible.

“Je me suis dit que si on décidait de les éliminer pour ça, que si on considérait que leurs actes étaient si répréhensibles qu’ils méritaient la mort, après les avoir commis nous-même depuis des millénaires, on devrait s’éliminer aussi dans ce cas, non ? “



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MessageSujet: Re: Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.   Quand on se perd soi même on perd tout en même temps. EmptyVen 15 Jan - 0:30



Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.

Ludwig & Moeïra

C’est jamais l’action qui inquiète mais l’inaction.

Je n’attendais aucune réponse, juste une seconde de paix dans ses bras. Comme s’accrocher à une bouée lorsqu’on est sur le point de se noyer. Pourtant, ce sont bien ses bras que je sens venir se serrer autour de moi. Cela me donne l’impression d’un cocon, être légèrement compressé, c’est rassurant, plutôt agréable. J’inspire longuement, expire tout aussi longtemps, profitant du parfum de cet homme que je ne connais pas mais que j’assimile à ce moment où je m’accroche et où je sais que rien ne va arriver.

Et je lui dis...Je lui dis à quel point j’ai peur du monde extérieur.

Comme pour cette étreinte, je n’attendais rien de particulier en retour. Sauf peut-être d’être simplement écoutée à défaut d’être comprise et pourtant, il m’assure comprendre et plus encore, il assure que ce n’est pas anormal. Quelque chose en moi s’allume, de la curiosité peut-être, parce que je le ressens...Cette petite chose qui me souffle que tu es vraiment capable de comprendre et que peut-être même, à notre manière, nous nous ressemblons un peu. Et pour quelqu’un qui s’est toujours senti en décalage avec le reste du monde, cette sensation m’est tout à fait étrangère.

Est-il possible que je me fasse des films ?
Je me connais naïve, je sais que j’ai du mal à remarquer la tromperie même lorsqu’elle est évidente mais cette sensation là, je ne l’ai jamais connu avec mes semblables.

Ses mots me traversent, plus que de raison. L’a-t-il senti pour m’étreindre plus fort encore ? Ça vibre en moi, cela fait tant d'échos à tout ce que je peux penser parfois. Je n’arrive pas à définir ce qui me touche autant dans ses paroles mais cela ramène les larmes derrière mes paupières closes et j'enfouis mon visage plus encore au creux de ce cou. M’emplissant de ce parfum, essayant de m’accrocher pour ne pas me noyer et à la fin de tes paroles. Un hoquet trahit pourtant une forme de détresse.

"Peut-être que c’est ce que nous devrions faire oui..."
dis-je d’une petite voix étranglé par la douleur.

S’ils sont exactement à notre image, alors oui, peut-être que nous devrions tous disparaître. Je savais déjà que je voulais disparaître, j’avais essayé de le faire comme en témoignent les cicatrices qui ornaient mes poignets. J’avais du mal à justifier que je puisse encore être de ce monde, j’avais fait du mal, j’avais ôté des vies sans même y réfléchir une seule seconde. Ce n’est qu’après que l’irréparable ne soit commis que j’en ai pris conscience ce qui me rend bien plus dangereuse.

Finissant par m’éloigner pour poser mon regard sur lui, je m’efforce pourtant à lui sourire.

"Mais je ne crois pas que tu sois perdu...Que Clyde soit perdu...Et s’il y a au moins deux personnes à sauver...Statistiquement, il y en a beaucoup d'autres qui ne mérite pas de disparaître. Alors peut-être qu’ils sont comme nous, peut-être pas, peut-être seront-ils capable de ne pas répéter les mêmes erreurs, peut-être que non mais...Comme pour nous. Il y en a bien plus qui ne font pas de bruit et qui méritent de vivre librement. Et puis..."
Je baissais doucement les yeux. "On s’est donné bien assez de chance pour ne pas leur en donner également..."

Mes yeux dans les siens, une de mes mains quitte la chaleur de son cou pour essuyer mes joues.

"Je suis contente de t’avoir rencontré, que quelqu’un d’autres sache la vérité..."
Lui avouais-je en souhaitant me relever.

La douleur à ma cuisse me fit grimacer, m’obligeant plutôt à me réinstaller à ma place. Mon regard se posant sur le tournevis encore planté dans ma cuisse.

"Mist ne va pas être content, Clyde non plus..."
soufflais-je en revenant prendre le tournevis entre mes doigts. Je savais que ça allait faire mal mais avant de faire quoi que ce soit, je relevais les yeux encore humides vers lui. J’avais la trouille de le faire, c’est ironique quand on pense que je n’avais pas hésité une seule seconde à me l’enfoncer dans la chair.

Posant mon autre main au niveau de ses yeux.

"Tu ne devrais pas regarder."


Je savais que je passais d’une conversation profonde sur les raisons qui nous avaient tous les deux amener à nous retrouver de ce côté du combat à quelques choses de relativement futile mais j’avais l’impression que cela n’était pas dans ses habitudes de s’ouvrir ainsi et qu’un peu comme moi, ça demandait beaucoup d’énergie de le faire. Je voulais le préserver autant que je me préservais également.
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MessageSujet: Re: Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.   Quand on se perd soi même on perd tout en même temps. EmptyDim 24 Jan - 21:27

Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.



Tu n’avais jamais été le genre d’homme capable de te livrer, parfois tu avais voulu le faire pourtant, lorsque tu te réveillais la nuit à tes retours de missions avec trop d’images en tête que tu souhaitais oublier mais tu ne t’étais jamais senti suffisamment en sécurité pour mettre des mots sur tes émotions, te cachant constamment derrière ce masque impassible que tu portais en toute circonstances, ce même masque qui avait conduit inexorablement à l’échec cuisant de ton mariage, qui t’avait empêché de t’attacher à ta fille avant la fuite de ta femme, pourtant il n’avait suffit que de quelques minutes en compagnie de Moeïra pour qu’il s’effrite, pour qu’il finisse par se fissurer et éclater même. Sans comprendre comment, ni pourquoi, tu t’étais retrouvé avec la jeune femme dans tes bras et tu lui avais confié le cœur de tes pensées, tu lui avais révélé les deux seules issues à cette crise que tu jugeais acceptables, soit vous disparaissiez tous, humains comme androïdes, pour avoir été imparfaits, soit vous viviez ensemble, vous leur donniez leur chance à eux qui ne faisaient jamais que ce que vous aviez pu faire vous-même par le passé : aucune évolution sociale ne s’obtient par la paix.

“C’est ce que je pense aussi, on a eu tellement de chances après avoir fait, en tant qu’espèce, bon nombre d’actes encore plus atroces que les leurs, ils méritent d’avoir la leur aussi”

Tu souris doucement, heureux finalement comme elle de l’avoir rencontrée, heureux aussi qu’elle n’ait plus à porter ce fardeau seule, tu en portais bien assez de ton côté pour connaître le prix à payer.
Tendant la main vers son visage, tu finis d’effacer quelques dernières traces de larmes doucement.

“Promis, je sais garder un secret”

Puis, probablement parce que pour elle comme pour toi s’ouvrir à l’autre était un exercice épuisant émotionnellement, elle changea de sujet, se concentrant à nouveau sur la blessure qu’elle s’était infligée à la cuisse et au tournevis toujours planté là, indifférent lui à vos états d’âme.
Son geste, sa tentative de te cacher les yeux d’une main, t’arracha un petit rire amusé et secrètement touché que quelqu’un en ce monde essaye, à sa manière, de te préserver.

“J’ai vu bien pire tu sais, je peux même le faire pour toi si tu veux”

Ce ne serait pas la première fois que tu retirerais un objet planté dans la chair de quelqu’un, tu pouvais même t’estimer heureux qu’il ne s’agisse que d’un tournevis cette fois.
Évidemment le geste n’avait rien d’agréable, tu ne pouvais clairement pas prendre de plaisir en étant le témoin , l’instigateur même de la souffrance d’autrui mais tu avais rapidement dû t’habituer à te distancer émotionnellement pour faire ce qui devait être fait.

“ Quant à  Mist, tu pourras toujours lui dire  que c’est de ma faute, vu mon peu de talent en bricolage il ne serait même pas surpris qu’un tel accident arrive”

C’était vrai, ton amant occasionnel (manière élégante de désigner un plan cul régulier) et à peu près chaque personne t’ayant déjà vu essayer de bricoler quoique ce soit, savait que, si tu avais bien des talents, celui là n’en était définitivement pas un.



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MessageSujet: Re: Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.   Quand on se perd soi même on perd tout en même temps. EmptyLun 8 Fév - 16:05



Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.

Ludwig & Moeïra

C’est jamais l’action qui inquiète mais l’inaction.

Nous étions d'accord et c'était peut-être cette étrange connexion que je ressentais pour cet homme qui me poussa à reprendre le contrôle sur moi-même. Ou alors était-ce le simple fait qu'il avait réussi à calmer le tourbillon au fond de mon être ? L'un ou l'autre, je changeais de sujet avec une facilité qui en déconcertait plus d'un. Essayant de lui masquer la vue, il me fit rire, peut-être sans le vouloir. Ecartant mes doigts pour pouvoir observer ses yeux et lui sourire.

"Ce n'est pas parce que tu as vu pire que tu as vu bien pire qu'il faut continuer"


Ça me semblait absurde en tout cas. J'avais tué mes parents de sang-froid, est-ce que cela m'autorisait à tuer d'autres personnes de sang-froid ? Je ne crois pas. Ludwig avait beau en avoir vu des vertes et des pas mûres, il me semblait pourtant important de le préserver. Malgré l'aide qu'il se proposait à m'offrir. Un autre rire incrédule s'échappa de mes lèvres devant l'absurdité de sa seconde proposition. Pourquoi mentirais-je ?

"Mais ce n'est pas de ta faute, idiot"
M'amusais-je simplement.

Mist serait évidemment pas content mais je ne voyais aucune cohérence et logique à lui mentir. Non pas que je ne comprenais pas le concept du mensonge mais ça me semblait toujours être illogique. C'était comme si on me demandait de faire entrer un carré dans un cercle. Je comprenais, je pouvais même admettre que parfois, il était effectivement possible de faire entrer un carré dans un cercle et vice versa mais c'était juste pas cohérent pour moi.

Refermant mes doigts à nouveau pour lui masquer la vue de ce que je m'apprêtais à faire.

"Ça va saigner après, alors...Je veut bien que tu m'aides à arrêter l'hémorragie et à m'emmener voir Mist ?"


J'allais avoir du mal à marcher et j'avais l'impression qu'il souhaitait vraiment m'aider alors je préférais lui donner la partie gratifiante, celle de l'aide, la véritable. Celle où il n'aurait pas besoin de me faire souffrir. Ça, je savais le faire, et ce n'était pas grave que ça soit moi. Je me penchais vers lui, posant mon front contre le sien et malgré ma main entre nous, sur ses yeux, je pouvais sentir son souffle contre le mien. Je me calais à son rythme alors que ma main libre reprit le poignet du tourne vis.

Un souffle... Deux souffles... Je tire, d'un coup sec et un couinement de douleur s'échappe de mes lèvres au même moment que la décharge de douleur semble mettre à zéro mon cerveau le temps de quelques secondes. Quelques secondes où le monde extérieur n'existe plus et paradoxalement, quelques secondes de paix pour moi qui suit incapable de l'ignorer.

Mes mains tremblent, ça fait mal, mais je n'ose plus parler, je n'ose plus bouger de peur que je puisse me mettre à hurler à cause de la douleur. Un souffle... Deux souffles... Trois souffles...
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Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.

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