Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.
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Sujet: Quand on se perd soi même on perd tout en même temps. Dim 15 Nov - 23:49
Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.
Ludwig & Moeïra
C’est jamais l’action qui inquiète mais l’inaction.
Mes journées se ressemblent, mais j’aime beaucoup ça. Je quitte rarement le repère, l’extérieur ne me manque pas et puis ici, je sais que Clyde est moins inquiet pour moi. Il a hésité à nous faire partir, juste lui et moi, très loin dans le nord. Il a parlé du Canada. Surtout après ce qui s’est passé à Jéricho mais quelqu’un ici à su lui faire changé d’avis alors il est resté et je suis resté également. J’en suis contente, je n’ai pas envie de quitter cet endroit. J’apprécie être entourée d’androïde. Je sais que je ne risque pas de leur faire du mal, ils ne sont pas aussi fragiles qu’un corps humain peut l’être. N’importe quel androïde ici serait faire face au monstre que je peux être alors oui. Je suis rassurée d’être ici.
Oui, ici, je risque de ne faire de mal à personne et c’est tout ce qui compte.
Ici c’est le contraire, j’arrive à faire quelque chose de bien avec mes doigts. Je suis d’ailleurs en train d'aider un androïde à réparer son genou, je ne pose pas vraiment de question quand je travaille. Non, c’est juste moins et toutes ces choses. Ce petit ressort, cette petite vis un peu tordue, l’usure de l’articulation, chaque détail ne m’échappe et c’est ce qui fait de moi une excellente "docteur" pour les androïdes. Je sais que je ne suis pas la seule au repère à aider à soigner les androïdes mais nos domaines d'expertise sont différents. Je suis un peu une chirurgienne si je suis peut dire...Même si ça tient plus de la mécanique que de la biologie.
"Tu peux marcher un peu pour que je puisse voir ?" demandais-je à mon patient du jour.
Il s'exécute, rapidement heureux de retrouver une motricité moins handicapé par ses anciennes blessures. J’adore cette sensation qui me traverse le corps lorsque j’ai l’impression d’avoir fait quelque chose de bien. Lorsque je peux voir de mes yeux le fruit de mon travail fonctionner parfaitement. C’est gratifiant. Ça m'évite de me perdre dans ma tête.
Mes journées sont comme ça, ponctuées de réparation et d’amélioration. Et lorsque cela m’est possible, comme maintenant, je me plonge dans des recherches pour toujours améliorer mes capacités. Resté concentré sur quelque chose, c’est important pour moi, ça m’aide à faire le tri dans ma tête. Ça m'aide à garder l’équilibre. Finissant par me poser dans une pièce quelconque, sur une table un peu à l’écart avec d’un côté mes outils, de l’autre un bras qui à dut appartenir à l’un d’entre eux. Quand je ne les répare pas immédiatement, j’essaie de leur faire des pièces de rechange, ça peut toujours servir. Surtout qu'ils n'ont pas accès à des pièces neuves et que beaucoup ont besoin de rechange.
Reste concentré Moeïra, tu sais que tu en as besoin.
Pourtant je le capte, il n’a suffit que d’une seconde dans mon champ de vision pour que je les vois. Ces cicatrices sur mes avants bras. Ces marques que je n’ai pas encore cachées, les marques de ma honte. De ma tentative de tout faire taire, de ma tentative d’éliminer un monstre. Clyde ne m’a pas laissé faire, il m’a encore sauvé ce jour-là et il m’a fait promettre. Je ne peux pas m’empêcher parfois de me dire qu’il a été cruel avec moi. Je secoua la tête, détourne les yeux pour les reposer sur mon travail. Alors c’est naturellement que je me mets à parler seule, dans mon coin, en écoutant le son de ma propre voix qui raconte simplement ce que je suis en train de faire.
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Ludwig Vandenbossche
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Sujet: Re: Quand on se perd soi même on perd tout en même temps. Dim 22 Nov - 22:51
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Sujet: Re: Quand on se perd soi même on perd tout en même temps. Lun 23 Nov - 1:29
[quote="Moeïra Callahan"]
Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.
Ludwig & Moeïra
C’est jamais l’action qui inquiète mais l’inaction.
Parler à voix haute m’a toujours aidé, je ne pourrais pas vraiment l’expliquer mais ça permet de faire le tri plus facilement dans mon esprit. J’ai appris avec le temps à compartimenter, à trouver les techniques pour ne pas me sentir submerger, pour ne pas réveiller le monstre qui sommeille en moi. Ici, comme ailleurs, j’apparais comme quelqu’un d’étrange mais on me juge beaucoup moins. Ca fait partie du charme diront certains, d’autres parleront simplement "d’originalité", pour ma part, c’est une simple mesure de sécurité. Pour eux, comme pour moi. Alors que je bidouille, recycle et répare, je n’entends pas la personne s’approcher de moi. Ce n’est qu’à ses salutations que je perçois sa présence mais je ne relève pas vraiment les yeux de la mécanique qui m’entoure.
"Bonjour" répondis-je, plus par automatisme que par réellement marque de respect ou de politesse.
Ce n’est pas contre cet homme, mais il m’est difficile de m’arracher à ce que je fais. Tout comme il m’est également difficile de l’ignorer maintenant qu’il est là. Je suis obligé de le faire consciemment et ça m’irrite, ça m’énerve, plus encore lorsqu’il me pose une question, aussi stupide qu’agaçante alors que je suis occupée. Je sais qu’il n’est pas méchant, mais c’est plus fort que moi, c’est comme ça que ça se réveille…
C’est comme ça que je suis…
L’angoisse monte alors que je suis obligé de faire attention à cet homme, qu’il s’ajoute à tous les autres détails qui m'entourent déjà. Mais à la seconde où je pose mes yeux sur lui, j’ai une sensation de déjà vu et ça m’angoisse encore plus. Mon cœur tambourine dans ma poitrine alors que je sais qu’il m’a posé une question et que ça induit de recevoir une réponse de ma part.
"Oui..."
Et parce que je ne le connais pas personnellement, je me demande qui lui a parlé de moi et pourquoi son visage ne m’est pas inconnu. J’ai peur de la réponse derrière cette sensation. Mes doigts se crispent autour du manche du tournevis alors que j’essaie de faire le tri. Des boîtes imaginaires dans mon esprit, j’y range mon projet actuel, le mets de côté, en sachant que j’y reviendrai plus tard et je me concentre sur l’homme. Son visage anguleux, ses yeux si clairs qu’on en dirait de la glace. Sa posture, sa voix, je sais que ça veut gratter à la porte du placard aux souvenirs de ma mémoire.
"Moeïra..." répétais-je parce que j’ai l’impression qu’il attend presque autre chose comme réponse et ça me terrifie à un point que je me sens obligé de combler les blancs. "C’est moi" précisais-je inutilement.
"Je peux vous aider ?"
C’est à mon tour de poser des questions. Parce que généralement, lorsqu’on s’adresse à moi ici, c’est pour me demander mon aide, mes services. Et puis, j’ai l’impression qu’il attend quelque chose de moi, cela se voit à sa façon très insistante de me regarder. Je suis nerveuse et cela me coûte d’être dans l’expectative.
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Ludwig Vandenbossche
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Sujet: Re: Quand on se perd soi même on perd tout en même temps. Lun 23 Nov - 21:12
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Sujet: Re: Quand on se perd soi même on perd tout en même temps. Lun 23 Nov - 22:09
Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.
Ludwig & Moeïra
C’est jamais l’action qui inquiète mais l’inaction.
Des mots aussi simples et pourtant si dévastateurs. Les gens oubliaient souvent le pouvoir des mots mais ici, leur pouvoir, ce Ludwig devait l’ignorer. Ou peut-être pas tant que ça au vu de sa façon de réfléchir à ceux-ci avant d’ouvrir la bouche mais la seule mention de papa suffisait à me faire comprendre. Je savais que j’étais portée disparue, je l’avais vu dans les faits divers sur internet, j’avais vu à quel point on accusait Clyde de tout ça...Et ce mensonge m’avait tellement dévasté. Un bref instant, mon regard se porta sur la cicatrice à mon poignet. J’avais pas supporté qu’on désigne mon meilleur ami comme le monstre de cette histoire alors que moi...Je connaissais la vérité. Et lui aussi.
La mention de papa me ramena à ce cauchemar. J’avais encore du mal à comprendre ce qui s’était passé. Comme si ses souvenirs ne m’appartenaient pas vraiment, qu’aucun de mes gestes n’avaient vraiment été les miens mais c’était bien mes doigts qui avait serrer le manche du couteau de cuisine, c’était bien mes bras qui s’étaient agité à plusieurs reprises pour les enfoncés encore et encore...Mon coeur s'emballait dans ma poitrine et j’avais la sensation que l’air commençait doucement à me manquer alors que mes mains devenaient de plus en plus moite. Je serrais un peu plus fort le manche du tournevis, tant et si bien que les jointures de mes doigts blanchissaient à ce geste.
Est-ce que je suis ici de mon plein gré ? Oui...Mais pouvait-on parler de plein de gré lorsqu’on était une fugitive en réalité ? Tout le monde ignorait mais moi...Moi je savais.
"Oui"
Répondis-je succinctement d’une voix tremblante. Pas par peur, ni par mensonge, mais parce que c’était un torrent d'émotions qui m’envahissait. Le culpabilité me submergeait et c’était aussi dévastateur qu’un tsunami. Les yeux dans le vide, j’essayais aussi fort que possible de ranger tout ça dans mes petites boîtes imaginaires mais il y en avait trop d’un coup, trop vite, trop nombreuses. J’étais incapable de suivre la cadance, incapable de me concentrer, les images revenaient, les bruits, les cris, les odeurs, la sensation poisseuse sur mes mains.
"Je suis désolé." murmurais-je.
Mes yeux se remplissaient de larmes, je perdais le contrôle de mon corps au même titre que mes émotions. Je ne sais pas vraiment si je m’excusais envers cet homme pour le décès de mon papa ou si je le fais envers les victimes.
"Clyde m’a sauvé..."
C’était les mots que j’avais prononcés ce soir-là pour dissuader mon père de le détruire mais sa décision était prise et à l’image du militaire qu’il pouvait être parfois en plus de l’ingénieur, sa décision était irrévocable.
"Je. suis. désolé." répétais en accentuant chaque mot tant il devenait difficile de gérer.
Mes yeux fixèrent le tournevis, mon corps tremblait, j’avais besoin de réfléchir, besoin de me calmer ou je finirai par faire du mal à quelqu’un. Le monstre risque de se réveiller si je n’agis pas de suite, je le sais, je le sens, je connais ces sensations. D’un geste franc, je relevais haut le bras avant de le baisser violemment. Le tournevis, par la force que je ne contrôlais plus vraiment, s’enfonça d’un bon centimètre dans ma cuisse. Avec les beaux jours du mois de mai. Le haut de mon corps bascula en avant sous le coup de la douleur fulgurante, posant mon front sur la table sur laquelle je travaillais quelques minutes plutôt. Ma main serrait encore le tournevis entre ses doigts comme si ma vie en dépendait.
La douleur, c’était comme un électrochoc, ça me permettait de faire un reset du trop plein de ma tête tant d’un seul coup il était uniquement concentré sur la douleur. Ca faisait mal, c’était dangereux, mais c’est la seule façon que j’ai trouvé.
"Je suis...Désolé..." murmurais-je, en pleurant. "Il voulait détruire Clyde...Il voulait...Je...Il...Elle...J’ai...C’est trop...Trop. trop, trop, trop..."
J’essayais désespérément d’enfoncer plus encore le tournevis dans ma chair, le sang s’écoulant le long de ma cuisse. Mais je n’avais plus la possibilité de prendre de l’élan pour pouvoir l’enfoncer plus loin.
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Ludwig Vandenbossche
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Sujet: Re: Quand on se perd soi même on perd tout en même temps. Dim 13 Déc - 18:04
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Sujet: Re: Quand on se perd soi même on perd tout en même temps. Lun 14 Déc - 2:27
Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.
Ludwig & Moeïra
C’est jamais l’action qui inquiète mais l’inaction.
Je ne voulais plus y penser, je voulais effacer ces images de ma tête, ces sons que je n’arrivais pas à oublier comme le jingle d’une publicité qu’on passe en boucle encore et encore. Les hurlements, le bruits mattes du couteau dans la chair, la sensation chaude et poisseuse entre mes doigts. L’odeur de fer, les cognements de mon cœur. Tout cela me revenait avec tellement de précision dans ma tête que j’avais du mal à faire le tri. Inhiber certaines informations pour ne pas me noyer. Mais j’étais littéralement déjà sous l’eau de mes émotions. C’est pour ça que j’ai planté ce tournevis, l’éclair de douleur est un électrochoc. C’est comme un reset. Ma tête se concentre là-dessus, le temps de quelques secondes. Son visage est si proche et la couleur acier de ses yeux me percutent. Deux mots, ferme et doux, j’ai l’impression de pouvoir entendre Clyde.
Mes doigts se délient, libèrent le manche et j’essaie de rester concentré sur ces yeux. Cette couleur est si froide, si intense. Moins d’un pourcent de la population terrestre possède des yeux gris, c’est à peu près dix fois plus pour les yeux bleus. Ce type de couleur est du à faible taux de... Non ne pose pas cette question, ne me demande pas ça, je le vois dans tes yeux, ton regard, il y a quelque chose qui a changé, tu commences à comprendre, tu vois le monstre.
J’acquiesce, silencieuse et honteuse.
Un nœud se forme dans ma gorge, c’est si fort que j’ai l’impression d’avoir quelque chose de coincé à l’intérieur. Je suis incapable de déglutir et ma vue se brouille dans une nouvelle montée de larmes. Il essaie de me rassurer, de me faire croire qu’il ne me juge pas mais comment pourrais-je seulement le croire alors que je suis incapable de me regarder dans une glace sans me juger moi-même ? Ce que j’ai fait…Je pourrais essayer de me justifier, dire que c’est pas vraiment moi, que je suis malade, que j’ai perdu le contrôle, j’ai même du mal à me souvenir exactement comment tout ça est arrivé mais je n’y arrive pas.
Je n’ai aucune excuse pour ce que j’ai fait.
Ma tête se baisse, noyée par la honte, je ne veux même pas voir mon reflet dans les yeux de cet homme. S’il connaît papa, c’est qu’il a une carrière militaire, et ses mots me le confirment. Pour autant, je sais que c’est différent.
"C’est faux" dis-je, la voix enrouée par le nœud de honte qui entrave toujours ma gorge. "Vous n’avez pas tué vos parents de sang froid..."
Mon regard se pose sur la cicatrice à mes poignets, profonde et récente. Clyde n’aurait jamais dû me sauver ce jour-là. Malgré tout, je ne suis pas en colère contre lui de l’avoir fait, je comprends...Même si j’aurai préféré qu’il arrive trop tard.
"Et si vraiment cela n’avait pas d’importance...Vous n’auriez pas poser la question...Je sais que je suis un monstre...Je mérite ni clémence, ni pardon."
Et là, dans un sursaut de conscience, je me rends compte d’un détail.
"Ne dites à personne que je suis ici !" suppliais-je soudainement, profitant qu’il soit à genoux devant moi pour prendre son visage entre mes mains, plongeant mes yeux dans les siens et appuyer mes suppliques. "Ils vont vouloir Clyde, ils vont vouloir le détruire...Je sais que je mérite pas d’aide mais lui...Il a le droit de vivre...J’ai besoin de lui, il me protège, il m’aide, sans lui je pourrais...Je...Perd...Sans...Contrôle...Lui. Je peux pas. "
Et je me perds à nouveau sans le vouloir, j’essaie de m’accrocher à ce visage, à ces yeux, et mes mains autour se crispe et se serre. Peut-être pas assez pour faire mal à cet homme, pas encore. Je dois revenir, je dois pas repartir, je veux pas lui faire de mal. C’est difficilement que j’arrive à détacher mes yeux des siens pour les reposer sur le tournevis dans ma cuisse. Je pourrais… Je veux l’arracher. Je vais l’arracher et le planter à nouveau.
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Ludwig Vandenbossche
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Sujet: Re: Quand on se perd soi même on perd tout en même temps. Lun 14 Déc - 20:45
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Sujet: Re: Quand on se perd soi même on perd tout en même temps. Dim 20 Déc - 20:51
Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.
Ludwig & Moeïra
C’est jamais l’action qui inquiète mais l’inaction.
Tuer d’autres. Il m’est parfois arrivé de me demander si c’était le cas de mon papa également. Bien qu’il n’est probablement jamais appuyé sur la gâchette d’une seule arme à feu, n’est-il pas celui qui a créé des soldats mécaniques ? N’a-t-il pas, dans une certaine mesure, du sang sur le main également ? Enfin...N’avait-il pas plutôt. Maintenant, son sang est sur mes mains. Et mes mains sur le visage de cet inconnu qu’il l’a connu. Il devrait t’en vouloir si c’était un ami, non ? N’est-ce pas comme ça que les choses fonctionnent à l’extérieur ? J’ai du mal à comprendre, j’ai toujours eu du mal à comprendre les autres. Ironiquement, je me sens comme un robot, une I.A. capable de choses techniques, théoriques, et même pratiques mais qui, lorsqu’il s’agit de sentiment, se retrouvent rapidement dans les choux.
Je peux sentir mon propre sang battre dans mes oreilles alors que je me perds, que je ressens à nouveau le besoin d’un électrochoc pour me retrouver. La douleur, une mauvaise habitude, qu’il capte trop vite alors qu’il m’ordonne de le regarder. J’obéis, les mains tremblantes contre les arêtes de sa mâchoire. Plongeant dans le regard acier de l’homme qui me fait face. Il y a quelque chose de profondément triste dans ces iris, peut-être même de mort ? Ou est-ce la mort elle-même que j’y entrevoie ? Mon propre reflet peut-être.
"Tout va bien" répétais-je, j’avais l’impression qu’il attendait une réponse de suite et c’était la seule chose que j’avais trouvé à dire : répéter ces propres mots, me laissant le temps de trouver les miens.
Mais les mots ça s’envolent et s’évaporent plus vite que ne fonctionne ma propre réflexion dans ces moments là. Mon pouce caresse la peau de cet homme. Me sentant profondément reconnaissante de sa promesse, de sa patience également et de l’assurance qu’il dégage parce qu’elle est assez forte pour me maintenir à flot. La tête hors de l’eau.
"Tu n’es pas un monstre..." Soufflais-je sincèrement.
Il allait certainement croire que je répétais simplement ces mots pour moi-même mais en réalité, j’avais l’impression de pouvoir lire dans ses yeux quelque chose de familier, de reconnaître la culpabilité qui me rongeait. Il avait admis avoir tué, et si je n’étais pas un monstre à ses yeux, il m’était de toute évidence impossible de voir un monstre en face de moi. Il était facile de se montrer indulgent avec les autres, beaucoup moins avec soi-même.
"De notre côté" soulignais-je avec un mince sourire qui se dessinait sur mes lèvres. "De quel côté sommes-nous Ludwig ?" lui demandais-je.
Je ne m’étais jamais vraiment posé la question avant aujourd’hui. Clyde me tenait assurément éloigner de ses affaires d’androïde, de ce que North ou Markus attendaient de lui. Et moi...J’offrais simplement mon savoir parce qu’il n’y avait que comme ça que je m’assurais moi-même de ne pas sombrer et redevenir le monstre dormant en moi. Et une partie de moi, aussi infime soit-elle, devait bien admettre que je n’étais pas certaine d’aimer l’humanité. Celle-ci m’avait toujours plus ou moins rejetée même si je n’ai jamais été capable de me montrer aussi violente avec elle qu’elle ne l’a été avec moi.
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Ludwig Vandenbossche
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Sujet: Re: Quand on se perd soi même on perd tout en même temps. Lun 28 Déc - 1:28
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Sujet: Re: Quand on se perd soi même on perd tout en même temps. Mar 29 Déc - 21:14
Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.
Ludwig & Moeïra
C’est jamais l’action qui inquiète mais l’inaction.
J’étais incapable d’en être véritablement conscient, incapable d’y mettre des mots mais je sentais quelque chose d’invisible. Comme un fil relie deux âmes. Avais-je vraiment l’impression qu’un autre être humain, fait de chair, d’eau, d’os et de sang, était capable de me comprendre ? Moi qui avait pour habitude d’avoir l’impression que le langage humain ne m’était pas inné et que tous, autour de moi, parlaient une langue étrangère que je n’arrivais pas à apprendre. C’était la première fois que j’avais l’impression que cela ne me demandait pas autant d’effort que d’habitude. C’est plaisant. Malgré le sentiment de culpabilité et de honte qui continuait de me ronger, c’était vraiment reposant.
L’était-ce pour lui également ? Je l’ignorais. J’ai plutôt tendance à croire le contraire. Je savais à quel point cela demandait beaucoup d’énergie à maman de s’occuper de moi, à quel point il était parfois même compliqué pour mon père de me gérer. La seule personne qui n’avait jamais faibli, c’était Clyde. Mon cœur se calmait, mon esprit semblait se canaliser de lui-même et il me devenait plus facile d’ignorer manuellement le superflux. Ignorer la table, ma cuisse, le tournevis. Un par un, j’effaçais ces choses de ma tête pour me concentrer sur sa voix, ses paroles, l’expression de son visage. La légère crispation de sa mâchoire, la très brève surprise qui traversait son regard avant de confirmer qu’il n’était pas un monstre. Je me concentrais sur le mouvement de sa bouche, les muscles que cela demandait de travailler, les tendons qui travaillaient et bougeait légèrement sous sa chaire. Cela se voyait au niveau des tempes également, comme un léger battement qui les rendait moins creuses le temps d’une seconde.
Le timbre de sa voix, cette sensation de confiance, et cette chose invisible que j’avais l’impression de se voir être créée sans être capable d’y mettre des mots, sans être capable de le voir réellement, de le sentir. Ça n'avait rien de palpable, inexplicable, c’était à la fois fascinant et terriblement effrayant. Comme l’un de ses monstres qui se cache et pourtant, j’étais certaine que ça n’était pas monstrueux.
L’ombre d’un sourire se posa sur mes lèvres lorsque je revis cette surprise dans ses traits, aussi fugace qu'une étoile filante dans le ciel. Je crois bien que c’est la première fois que les expressions d’une personne me fascine autant mais en cet instant, ces maigres détails me permettent de rester là, m’aide à faire le vide autour de moi, à ne pas me perdre à nouveau dans le flot d’information et de sentiment.
Du côté de la justice...Si tant est qu’elle existe encore.
Et une histoire. Une explication pour justifier sa présence en ces lieux. Beaucoup d'humains ici par choix ont besoin de ça, d’une raison...Comme si ce que nous faisions était une forme de traîtrise. Et parce qu’il raconte cette histoire, j’ai la sensation de devoir partager la mienne également mais je me rends compte qu’elle n’a rien d’aussi profond. Je suis pas ici parce que mes parents ont voulu détruire Clyde...La raison est bien plus simple:
"Clyde est mon meilleur ami..."
Et j’ai l’impression que ces mots ne reflètent pas vraiment ce que je ressens pour lui. Il est à la fois un frère, un père, un ami, un confident, un protecteur...Il est tant de choses et plus encore. Mais la raison de ma présence se résume à cela. Mes doigts se crispent malgré eux contre le visage de Ludwig, n’ayant pas encore libérer ce dernier parce qu’au fond, je ne sais pas vraiment où mettre mes mains et que je suis fasciné par les sensations sous mes doigts lorsqu’il parle ou que son visage s’exprime pour lui en silence.
Mais oui, je me crispe. Parce que j’ai l’impression que cette réponse n’est pas suffisante, que je devrais en dire plus et je cherche une vraie raison, une raison plus valable pour justifier que je sois contre ma propre espèce…
"Je ne peux pas leur faire de mal à eux..." avouais-je, dans un murmure chevrotant.
"Je..." et en cherchant bêtement des raisons suffisantes pour justifier ma présence ici, les souvenirs remontent, ces fois où les gens de ma propre espèce m’ont fait du mal, délibérément. Ces fois où ils ont sciemment choisi de me blesser pour se satisfaire. Et parce que je sens que je me perd à nouveau et que je risque de sombrer, je prends les devant dans un geste surprenant.
Je me glisse dans ses bras à lui.
Mes mains s'accrochent à son cou plutôt qu'à son visage. Parce que j’ai peur de partir, j’ai peur de me noyer et qu’il est là.
"Juste une seconde..." murmurais-je en sachant que mon geste était malvenu, malpoli, pas normal selon les codes sociaux.
"J’ai pas peur d’eux, j’ai moins peur de moi ici...Et j’ai peur des gens dehors"
Avouais-je dans un murmure, le visage enfoui au creux de son cou, je ne savais pas s’il pouvait comprendre, je n’étais pas certaine de vraiment me comprendre moi-même mais j’espérais que ces explications seraient suffisantes. Par réflexe, je m’aggrippais un peu plus fort à son cou lorsque je voulu, sans réfléchir, me redresser légèrement, m’appuyant sur ma jambe blessée. La douleur fulgurante me faisant gémir et m’accrocher à lui. Je pouvais déjà entendre Harri s’inquiéter pour moi lorsqu’il verrait ce que je m’étais fait.
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Ludwig Vandenbossche
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Sujet: Re: Quand on se perd soi même on perd tout en même temps. Jeu 14 Jan - 14:18
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Sujet: Re: Quand on se perd soi même on perd tout en même temps. Ven 15 Jan - 0:30
Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.
Ludwig & Moeïra
C’est jamais l’action qui inquiète mais l’inaction.
Je n’attendais aucune réponse, juste une seconde de paix dans ses bras. Comme s’accrocher à une bouée lorsqu’on est sur le point de se noyer. Pourtant, ce sont bien ses bras que je sens venir se serrer autour de moi. Cela me donne l’impression d’un cocon, être légèrement compressé, c’est rassurant, plutôt agréable. J’inspire longuement, expire tout aussi longtemps, profitant du parfum de cet homme que je ne connais pas mais que j’assimile à ce moment où je m’accroche et où je sais que rien ne va arriver.
Et je lui dis...Je lui dis à quel point j’ai peur du monde extérieur.
Comme pour cette étreinte, je n’attendais rien de particulier en retour. Sauf peut-être d’être simplement écoutée à défaut d’être comprise et pourtant, il m’assure comprendre et plus encore, il assure que ce n’est pas anormal. Quelque chose en moi s’allume, de la curiosité peut-être, parce que je le ressens...Cette petite chose qui me souffle que tu es vraiment capable de comprendre et que peut-être même, à notre manière, nous nous ressemblons un peu. Et pour quelqu’un qui s’est toujours senti en décalage avec le reste du monde, cette sensation m’est tout à fait étrangère.
Est-il possible que je me fasse des films ? Je me connais naïve, je sais que j’ai du mal à remarquer la tromperie même lorsqu’elle est évidente mais cette sensation là, je ne l’ai jamais connu avec mes semblables.
Ses mots me traversent, plus que de raison. L’a-t-il senti pour m’étreindre plus fort encore ? Ça vibre en moi, cela fait tant d'échos à tout ce que je peux penser parfois. Je n’arrive pas à définir ce qui me touche autant dans ses paroles mais cela ramène les larmes derrière mes paupières closes et j'enfouis mon visage plus encore au creux de ce cou. M’emplissant de ce parfum, essayant de m’accrocher pour ne pas me noyer et à la fin de tes paroles. Un hoquet trahit pourtant une forme de détresse.
"Peut-être que c’est ce que nous devrions faire oui..." dis-je d’une petite voix étranglé par la douleur.
S’ils sont exactement à notre image, alors oui, peut-être que nous devrions tous disparaître. Je savais déjà que je voulais disparaître, j’avais essayé de le faire comme en témoignent les cicatrices qui ornaient mes poignets. J’avais du mal à justifier que je puisse encore être de ce monde, j’avais fait du mal, j’avais ôté des vies sans même y réfléchir une seule seconde. Ce n’est qu’après que l’irréparable ne soit commis que j’en ai pris conscience ce qui me rend bien plus dangereuse.
Finissant par m’éloigner pour poser mon regard sur lui, je m’efforce pourtant à lui sourire.
"Mais je ne crois pas que tu sois perdu...Que Clyde soit perdu...Et s’il y a au moins deux personnes à sauver...Statistiquement, il y en a beaucoup d'autres qui ne mérite pas de disparaître. Alors peut-être qu’ils sont comme nous, peut-être pas, peut-être seront-ils capable de ne pas répéter les mêmes erreurs, peut-être que non mais...Comme pour nous. Il y en a bien plus qui ne font pas de bruit et qui méritent de vivre librement. Et puis..." Je baissais doucement les yeux. "On s’est donné bien assez de chance pour ne pas leur en donner également..."
Mes yeux dans les siens, une de mes mains quitte la chaleur de son cou pour essuyer mes joues.
"Je suis contente de t’avoir rencontré, que quelqu’un d’autres sache la vérité..." Lui avouais-je en souhaitant me relever.
La douleur à ma cuisse me fit grimacer, m’obligeant plutôt à me réinstaller à ma place. Mon regard se posant sur le tournevis encore planté dans ma cuisse.
"Mist ne va pas être content, Clyde non plus..." soufflais-je en revenant prendre le tournevis entre mes doigts. Je savais que ça allait faire mal mais avant de faire quoi que ce soit, je relevais les yeux encore humides vers lui. J’avais la trouille de le faire, c’est ironique quand on pense que je n’avais pas hésité une seule seconde à me l’enfoncer dans la chair.
Posant mon autre main au niveau de ses yeux.
"Tu ne devrais pas regarder."
Je savais que je passais d’une conversation profonde sur les raisons qui nous avaient tous les deux amener à nous retrouver de ce côté du combat à quelques choses de relativement futile mais j’avais l’impression que cela n’était pas dans ses habitudes de s’ouvrir ainsi et qu’un peu comme moi, ça demandait beaucoup d’énergie de le faire. Je voulais le préserver autant que je me préservais également.
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Ludwig Vandenbossche
Thunder
Âge : 38 Messages : 26 Date d'inscription : 08/11/2020 Emploi/loisirs : Officier de l'US Army (Lieutenant Colonel)
Sujet: Re: Quand on se perd soi même on perd tout en même temps. Dim 24 Jan - 21:27
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Sujet: Re: Quand on se perd soi même on perd tout en même temps. Lun 8 Fév - 16:05
Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.
Ludwig & Moeïra
C’est jamais l’action qui inquiète mais l’inaction.
Nous étions d'accord et c'était peut-être cette étrange connexion que je ressentais pour cet homme qui me poussa à reprendre le contrôle sur moi-même. Ou alors était-ce le simple fait qu'il avait réussi à calmer le tourbillon au fond de mon être ? L'un ou l'autre, je changeais de sujet avec une facilité qui en déconcertait plus d'un. Essayant de lui masquer la vue, il me fit rire, peut-être sans le vouloir. Ecartant mes doigts pour pouvoir observer ses yeux et lui sourire.
"Ce n'est pas parce que tu as vu pire que tu as vu bien pire qu'il faut continuer"
Ça me semblait absurde en tout cas. J'avais tué mes parents de sang-froid, est-ce que cela m'autorisait à tuer d'autres personnes de sang-froid ? Je ne crois pas. Ludwig avait beau en avoir vu des vertes et des pas mûres, il me semblait pourtant important de le préserver. Malgré l'aide qu'il se proposait à m'offrir. Un autre rire incrédule s'échappa de mes lèvres devant l'absurdité de sa seconde proposition. Pourquoi mentirais-je ?
"Mais ce n'est pas de ta faute, idiot" M'amusais-je simplement.
Mist serait évidemment pas content mais je ne voyais aucune cohérence et logique à lui mentir. Non pas que je ne comprenais pas le concept du mensonge mais ça me semblait toujours être illogique. C'était comme si on me demandait de faire entrer un carré dans un cercle. Je comprenais, je pouvais même admettre que parfois, il était effectivement possible de faire entrer un carré dans un cercle et vice versa mais c'était juste pas cohérent pour moi.
Refermant mes doigts à nouveau pour lui masquer la vue de ce que je m'apprêtais à faire.
"Ça va saigner après, alors...Je veut bien que tu m'aides à arrêter l'hémorragie et à m'emmener voir Mist ?"
J'allais avoir du mal à marcher et j'avais l'impression qu'il souhaitait vraiment m'aider alors je préférais lui donner la partie gratifiante, celle de l'aide, la véritable. Celle où il n'aurait pas besoin de me faire souffrir. Ça, je savais le faire, et ce n'était pas grave que ça soit moi. Je me penchais vers lui, posant mon front contre le sien et malgré ma main entre nous, sur ses yeux, je pouvais sentir son souffle contre le mien. Je me calais à son rythme alors que ma main libre reprit le poignet du tourne vis.
Un souffle... Deux souffles... Je tire, d'un coup sec et un couinement de douleur s'échappe de mes lèvres au même moment que la décharge de douleur semble mettre à zéro mon cerveau le temps de quelques secondes. Quelques secondes où le monde extérieur n'existe plus et paradoxalement, quelques secondes de paix pour moi qui suit incapable de l'ignorer.
Mes mains tremblent, ça fait mal, mais je n'ose plus parler, je n'ose plus bouger de peur que je puisse me mettre à hurler à cause de la douleur. Un souffle... Deux souffles... Trois souffles...
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Sujet: Re: Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.
Quand on se perd soi même on perd tout en même temps.