Moeïra Callahan

Physique

Lorsque l’on voit pour la première fois Velvet, il est certain qu’on est loin de se douter qu’il s’agit d’une véritable génie. Elle a effectivement l’image de la tatoueuse classique et un peu sulfureuse des magasines hétéro mais loin d’avoir le physique classique qu’on imagine derrière une tête pensante. Et pourtant, vous pouvez d’hors et déjà supprimer tous vos clichés en la matière.

Oui, Moeïra est une femme mince, certains diront peut-être même maigre. Elle mesure 1 mètre 70 pour 54kg tout mouillé. Très clairement, elle n’a pas l’allure d’une baguareuse, jolie mais terriblement fragile. Il est certain que son physique fait tourner quelques têtes, pas toujours de la bonne façon. Oh ça lui empêche pas d’avoir l’air dur, notamment à cause des traits de son visage, la longueur de ses cheveux ou la froideur de son regard parfois qui lui donne une allure d’enfant sauvage.

A l’image de son amour pour l’art, son corps est couvert de tatouage. Certains ont des significations profondes, d’autres aucune, c’est son petit jardin à elle. Exposé aux yeux des autres mais dont elle est la seule à connaître les véritables secrets qu’il renferme. Son corps est une toile qu’elle prête volontiers aux artistes qu’elle apprécie ou même à elle-même.

Mais s’il y a une chose que vous apprendrez entre le physique et la réalité, c’est de se méfier de l’eau qui dort.

Caractère

Voilà un point compliqué pour la jeune femme.

De prime abord, elle apparait comme une jeune femme un peu tête en l’air, déconnecté du monde extérieur. Peut-être même idiote ou naïve. Il y a une part de vraie dans sa naïveté toute relative. En effet, Moeïra a beaucoup de mal avec ses émotions et celle des autres.

C’est en effet à l’enfance que les pédopsychiatres lui diagnostique un déficit de l’inhibition latente ainsi qu’un QI élevé. Ces deux phénomènes entraînent chez Moeïra des moments où ses propres émotions et son environnement deviennent "Trop". Comme une surexposition à une lumière aveugle ou un bruit qui vous rend fou. Ce qui entraîne chez la demoiselle de très forte crise de colère et de violence.

A contrario, ce trouble est ce qui explique aujourd’hui que la demoiselle est une véritable génie de la mécanique et de la robotique.

A la fois un don et un fardeau pour la jeune femme.

Mais les émotions sont tellement fortes pour elle, qu’elle a une fâcheuse tendance à l’hyper empathie qui l’amène à ne pas pouvoir détecter les manipulations, les coups tordus. Ce qui a mené la demoiselle à se retrouver dans des situations dangereusement inattendues.

Malgré ses accès de violence qui la rendent dangereuse à la fois pour les autres et pour elle-même, Moeïra n’a pas un mauvais fond, loin de là même. Elle ne semble pas toujours mesurer la gravité des choses qui l’entoure ou plutôt de s’en protéger comme elle peut sous peine de devenir dingue.

Histoire

J’ai besoin d’écrire, d’écrire mon histoire pour me rappeler, ne jamais oublier, que ces détails qui me hante ne se perdent pas dans les milliards d’autres détails qui finiront tôt ou tard par prendre leur place, sinon je deviendrai folle.

Je m’appelle Moeïra Callahan, mon père Joshua et ma mère Hope sont mort. Hier soir. Et c’est de ma faute.

Pour comprendre, il faudrait peut-être que je vous raconte tout depuis le début non ? Je sais pas, je ne sais même pas à qui j'écris...À moi peut-être ? Mais le début, je le connais déjà non ?

Il y a trop de mots dans ma tête, trop de chose, trop...Beaucoup trop…

Maman m’a un jour dit, lorsque j’étais petite, que j’étais une sorte de démon. Les mamans sont censé aimé leur enfant mais la mienne aurait préféré que je sois morte. Je suis née un vendredi 13 et j’aurai dû naître avec un frère ou une soeur, je sais pas trop. Au lieu de cela, je suis née avec un bras supplémentaire qui m’a été enlevé lorsque j’étais bébé. Je n’en garde qu’une petite cicatrice que j’ai cachée derrière de la couleur.

Elle me disait souvent que j’avais "mangé" mon frère ou ma soeur.

Je l’ai cru au début, maintenant je sais que les jumeaux parasites c’est pas exactement ça, que c’était pas de ma faute, que c’était la nature. Mais maman...Elle n’a jamais voulu voir autre chose que ça...Un monstre.

Papa m’a donné autant d’amour qu’il le pouvait pour un papa qui travaillait plus d’heure qu’il n’y en a dans une journée. Il aime la robotique, c’est peut-être pour ça que j’aime bien ça aussi. Papa est souvent absent, alors il essaie d’être présent autrement. C’est comme ça qu’il m’a offert Clyde.

Clyde, c’est un androïde, il est chargé de me protéger.

Papa travaille pour l’armée, alors c’est un androïde de l’armée qui m’a offert.

Pourquoi j’avais besoin d’être protéger ? Parce que maman est connue. Maman voulait pas d’androïde pour la garder, elle aime pas ça qu’elle a dit, mais elle veut pas non plus me protéger, il fallait quelqu’un pour me garder, me protéger, je crois que dans la tête de papa c’était...Logique…

Et puis j’aime Clyde.
C’est mon meilleur ami, mon frère, mon tout.

Je m’égards, pardon, j’ai du mal à réfléchir, à tout ranger dans ma tête.

Je me souviens que les autres enfants non plus ne m'aimaient pas. Il disait que j’étais bizarre, que j’étais idiote...C’est peut-être vrai après tout. Maman ne m’aime pas, les autres non plus, il doit bien avoir une part de vérité là-dedans ? Et puis...Je sais que c’est vrai en fait.

C’est souvent que je me faisais bousculer, frapper, enfermer dans des toilettes, dans des placards, cogner, violenter...C’est aussi pour ça que Clyde est arrivé. C’était une solution idéale aux yeux de papa.

Ça marchait, un peu. Quand Clyde était là, personne n’osait me faire quoi que ce soit c’est vrai mais je pouvais pas avoir Clyde tout le temps avec moi...Alors quand il était pas là, c’était pire encore.

A la maison, maman avait du mal avec mes crises lorsque j’en faisais. J’étais pas une enfant facile c’est vrai, alors elle m’enfermait dans un placard de la maison. Quand Clyde est arrivé à la maison, il venait toujours m’ouvrir pour me ramener dans ma chambre et m’aider avec cette crise comme papa le lui avait toujours demandé.

Je l’ai souvent frappé…
Je suis désolé Clyde...Tellement désolé…

J’étais petite quand le docteur a dit que j’avais un déficit de l’inhibition latente.
Maman savait pas c’était quoi...Papa un peu plus...Moi je ne savais pas non plus.

Il nous a expliqué qu’un cerveau normal était capable de faire abstraction d’information jugée inutile dans l’environnement qui l'entoure. Le mien, il n'en est pas capable. Lorsque quelqu’un de normal regard une porte, il voit une porte dans son ensemble, lorsque je regarde une porte, je vois la porte, je vois le bois qui le compose, les gonds, les vis, les mécanismes de la poignée, le comment, le pourquoi, je vois tout ça et parfois ça me submerge...Parce qu’un cerveau humain n’est pas fait pour emmagasiner autant d’information détaillée tout le temps.

Pour éviter ça, je dois faire un "tri manuellement" là où pour tout le monde c’est automatique.

Il suggère à mes parents de stimuler mon cerveau sur des choses spécifiques...C'est comme ça que j’ai commencé la mécanique avec papa, la robotique ensuite. J’étais douée et puis j’aimais bien passer du temps avec lui. Même si c’était peu.

Dessiné est également devenu quelque chose qui m’a beaucoup aidé. Dessiner, c’est savoir regarder, et je vois tant de chose...Ca me faisait du bien de le mettre sur du papier, comme maintenant, quand j’écris.

J’ai passé quelques années de classes, je suis entrée à l’université. A l’université de Detroit Mercy. Clyde et moi, on ne s'est plus jamais séparés à partir de là, c’est mes plus belles années. J’étais pas souvent à la maison, Clyde était là, j’étais loin de maman et là-bas...Je pouvais faire ce que je voulais, je pouvais être qui je voulais, je pouvais être moi...J’étais bizarre pour les autres mais ça semblait moins être grave.

Mais je préférais toujours Clyde, c’était facile avec lui, c’est toujours facile. Il me juge pas, il m’écoute.

C’est à l'université que j’ai touché au tatouage pour la première fois. C’était bien...Ca faisait du bien. La douleur...C’est...C’est la première chose qui mettait mon cerveau en pause...C’est comme ça que j’ai commencé, c’est comme ça que j’ai voulu en faire aussi. Je me suis entraînée sur Clyde...Il m’a laissé faire. En même temps, je crois pas que ça lui fasse mal à lui. Et je crois qu’il est capable de l’effacer sur sa peau synthétique. Mais il n'a jamais rien effacé.

Les choses ont commencé à être compliquées à l’université. On regardait Clyde d’un mauvais œil, on m’interdisait parfois sa présence et ça commençait à être dur…

Et puis, il y a eu ce jour…
Ce garçon…

Il avait l’air gentil...Je le croyais gentil. Il souriait tout le temps.

Ethan…

On se  voyait, il était patient, il avait l’air gentil, il était beau, il était intelligent aussi. Il complimentait mes travaux, il était impressionné. Il voulait faire des photos, il aimait bien les photos, il m’a appris, il m’a prise en photo aussi.

Mais il avait un peu peur de Clyde. Il me demandait souvent de lui demander d’attendre dans le couloir.

Ce soir-là aussi il m’a demandé de lui interdire de bouger et de rester dans le couloir. Je l’ai fait.

Ethan voulait prendre des photos…
Il voulait que j’enlève les vêtements, je l’ai fais, un corps c’est qu’un corps…
Il m’a touché pour me placer. Le clic de l’appareil, le flash…

Son regard a changé, je l’ai vu ça, ce moment où Ethan a changé. Son sourire a changé. Mais je comprenais pas pourquoi, je voyais pas le danger.

Ethan n’était pas gentil…
Il m’a embrassé...J’ai laissé faire, j’étais curieuse, c’était la première fois.

Il a voulu plus, j’ai eu peur, je lui ai dit, il a m’a dit de me laisser faire, qu’il serait doux, qu’il serait gentil, qu’il avait attendu assez longtemps, qu’il avait fait assez d’effort, que je devrais le récompenser. Je comprenais pas, je n’avais pas envie, je n’avais vraiment pas envie. Je lui ai dis non, j’ai répété non.

Il était pas d’accord…
Mon coeur battait si fort…

Il était pas d’accord…
Il était plus fort…

Tout s’est arrêté dans ma tête...C’était comme si, je n’étais plus là.
C’était trop...Je crois que mon cerveau s’est éteint…

Clyde est arrivé, Clyde l’a frappé si fort, j’ai entendu les sons, j’ai entendu les insultes, j’ai vu Ethan tombé, le nez en sang. J’ai senti Clyde, mon corps a quitté le sol. J’ai senti le froid de l’extérieur et puis la chaleur des vêtements de Clyde sur moi. J’ai reconnu ma chambre étudiante. C’était étrange. C’est étrange. Je sais que ça s’est passé et pourtant, même maintenant j’ai parfois l’impression que ce n’était pas réel.

Quand j’ai recommencé à pouvoir parler, j’ai regardé Clyde, toute sa complexité, toute sa nature mécanique, je l’ai regardé, je l’ai trouvé beau. Je l’ai toujours trouvé beau. Et j’ai vu qu’il avait changé, je savais qu’il avait changé mais je ne savais pas comment et ça n'avait pas d’importance.

"Merci" lui ais-je dit.

Je me suis logé dans ses bras, comme quand j’étais petite et qu’il me sortait du placard pour me ramener dans ma chambre.

Papa a téléphoné le lendemain, il m’a demandé de rentrer avec Clyde, j’ai obéi.

Il m’a demandé ce qui s’était passé, il m’a demandé pourquoi j’ai ordonné à Clyde de frapper Ethan.

Mais j’avais jamais rien dit, jamais rien ordonné, ça j’en étais sur, j’étais paralysé, incapable de bouger, incapable de parler...J’ai rien dit ! Ce n’était pas de ma faute, c’était de la faute d’Ethan…

Mais papa a compris autre chose…

"On doit le détruire"

Le détruire ? Qui ? Ethan ?

Non...C’est de Clyde qu’il parlait.

Maman lui a dit qu’elle avait toujours dit que Clyde c’était une mauvaise idée.

Clyde est pas là, je sais pas où il est et j’ai peur. J’ai tellement peur. Je veux pas, je ne veux pas qu’ils détruisent Clyde. Ils ont peur que ça se sait, qu’ils ont un déviant, que c’est dangereux les déviants mais Clyde est pas un méchant, non, c’est un gentil, un vrai, c’est mon meilleur ami, c’est mon tout, c’est ma porte de sortie, c’est mon calme, c’est une partie de moi, il est comme un poumon ou un coeur, j’ai besoin de Clyde…

J’ai besoin de lui…

J’ai besoin...J’ai vraiment besoin…

J’ai chaud, j’ai peur, j’ai mal, c’est comme regarder le soleil trop longtemps droit dans les yeux. Ma tête siffle, gonfle, comme dans un étau et je veux que ça s’arrête. J’ai attrapé quelque chose, j’ai frappé, j’ai entendu les cris de maman, j’ai frappé, il faut que ça s’arrête, je n’en peux plus de tout ses bruits, je n’en peux plus de tout ça, je ne veux pas qu’on me retire Clyde.

J’ai frappé, encore, encore, encore, je voulais le silence, je voulais qu’ils comprennent. Clyde m’avait sauvé la vie, je hurlais que Clyde m’avait sauvé la vie.

Clyde est là, Clyde me prend dans ses bras...Et Clyde me sert fort, j’essaie de me défaire, de le frapper, je l’entends me parler, me dire qu’il est là, me demander "De quoi je suis composé ?" et je récite, je récite chaque composant qui le forme, chaque chose, chaque détails, je récite et je récite.

Le calme…
Enfin…

Qu’est-ce que j’ai fait ?

Qu’est-ce que j’ai fait Clyde ?

Je crois que maman avait raison...Je suis un monstre...Clyde...Je suis un monstre…

Pardon...Pardon…
Pardon maman…
Pardon papa…

Pardon…

Clyde m’a emmené loin. On a trouvé ses amis à lui. Je sais pas trop s’ils m’aiment bien ou non mais j’essaie de me rendre utile et puis, je sais que Clyde me protège.
J’ai un peu peur…

J’ai peur de recommencer...J’ai peur de refaire du mal…

Clyde, si tu lis ça...Pardonne moi s’il te plait. Je veux pas être un monstre…
J’ai tué mon petit frère ou ma petite soeur...J’ai tué maman et papa...Je devrais pas rester…

Je devrais pas non...