Derrière mon bureau, j’avais écouté d’une oreille attentive les paroles de l’un de mes hommes, les derniers mouvements androïdes en dates, des informations précieuses qui me permettait de prendre mes prochaines décisions. Lorsque j’eus terminé de lui poser quelques questions plus précises sur telle ou telle situation, je le congédiai de mon bureau. J’avais besoin d’être seul. Pour rien caché, une partie de mes pensées étaient tourné ailleurs et je n’aimais pas ça, mais il fallait croire que le destin appréciait se jouer de moi que le fruit de mes pensées se matérialisa à ma porte. Mon regard se posa sur toi, m’arrêtant quelques secondes sur ton visage, je pouvais déjà deviner que quelque chose avait changé, quelque chose s’était passé et je maudissais mon instinct qui me laissait déjà comprendre quoi.

"Deux minutes seulement ? Étant donné que j’ai appris que l’armurerie est partie en fumée et que je ne l’ai pas appris de ta bouche... Tu vas avoir besoin de plus de deux minutes, tu ne crois pas ?"

Répondis-je calmement en la regardant droit dans les yeux. Je me demandais encore comment tu avais pu te retrouver sur ma route et surtout pourquoi je t’avais recruté. Tu n’étais pas sans défense, ni sans ressource, mais tu avais un profil si différent du reste de mes hommes, ça même toi, tu pouvais l’admettre. Tu précisas, comme je m’y attendais, que tu étais ici pour me rendre ton rapport, mais pas seulement. Aucune surprise ne traversa mon expression, je savais que ce jour allait tôt ou tard arrivé, j’avais patiemment attendu que ça soit toi qui viennes me voir.

Et te voilà, prête à en discuter... Mais maintenant, je me demandais s’il y avait encore quelque chose à en dire au fond. Je ne pus m’empêcher de sourire à tes dernières paroles.

"Quelle image as-tu de moi Fox ?" Lui demandais-je en quittant mon siège, contournant mon bureau pour m’y appuyer et te faire plus amplement face.

"Si j’avais dû prendre une décision te concernant, elle est déjà prise. Ce que tu diras aujourd’hui n’y changera rien"  lui fis-je remarquer

"Que vas-tu me dire que je ne sais pas déjà Fox ? Qu’il comptait beaucoup trop pour toi pour que tu le laisses ici ? Que tu l’aimes ?"

J’étais déjà presque certain que c’est dans ses bras que tu as passé cette nuit... Ca explique ce léger changement chez toi, tu as l’air soulagé…Gardant mes pensées pour moi, je ne te quitte pas des yeux, te défiant d’essayer de me dire que tes décisions n’ont pas été prise par les sentiments.

"N’est-ce pas plutôt toi qui a besoin de comprendre mes décisions ? ou de te comprendre toi-même..."

Je ne pouvais m’empêcher de froncer les sourcils en écoutant le court résumé de la situation de cette mission qui avait tout simplement été un échec. Je ne supportais pas ça. Ils avaient été piégé, une information qui ne tombait pas dans l’oreille d’un sourd. Qui ? Et pourquoi ?

"Attends deux secondes" dis-je en me massant la tempe d’une main, lui mimant les deux secondes de l’autres. "Que je résume...Non seulement les armes ont disparu comme le suggère ton message effectivement mais en plus de ça, c’était un embuscade ?" je ne pu m’empêcher de soupirer, passablement énervé. "Tu as bien fait de ne pas écouter ses ordres Fox...Avec tout le respect que j’ai pour Wolf et son travail, il n’est pas en état de donner des ordres"

Ca me tuait de l’admettre, mais ouais, malgré l’excellent travail de Wolf, je n’aurai pas apprécié de perdre l’un de mes hommes, surtout de sa trempe, aussi bêtement que ça. Je soupçonnais mon bras droit de vouloir mourir, ce qui changeait considérablement la valeur de ses ordres à mes yeux. Fox avait eut raison de rester. Ce n’était pas pour rien que je préférais les binômes…

Quittant mon bureau pour m’approcher de toi, nous passions à la seconde partie de cette discussion. Pas certain que celle-ci était réellement importante à présent. Y avait-il encore des choses à dire ? Tu m’avoua que tu connaissais Wolf bien avant le recrutement, ça, je l’avais également deviner. Tu m’avais prit pour un con, venir à la coalition était une excellente façon de retrouver Wolf. Tu me racontais une histoire comme il y en avait des milliers, vous aviez eu la vôtre, cela c’était mal terminé et ta culpabilité t’a pousser à le chercher à la seconde où tu as appris sa mort.

C’est là que je compris un détail qui ne m’avait pas sauter aux yeux jusque là…

"Tu connaissais l’identité de Wolf et qu’il bossait pour moi..." Combien de personne connaissait donc la vérité sur mon propre bras droit ? Se rendait-il seulement compte que ce n’était pas seulement moi qu’il mettait dans une position délicate mais absolument toute la coalition. Je soupirais de plus belle alors que mes nerfs tentaient de réclamer un peu de nicotine.

"Oh ne t’inquiète pas pour le légiste...Ca ne se reproduira pas" rassurais-je alors qu’elle précisa que c’était également de la faute de ce dernier si elle avait retrouver Wolf.

C’est là que tu te décide à me sortir un mensonge. Tu n’étais pas ici pour Wolf...Malgré la sincérité lisible dans ton regard, ça, je n’arrive pas à le croire. Que Wolf n’ait pas été l’unique raison, c’est une chose, mais qu’il ne l’ait pas été du tout, je n’y crois pas. Mais comme elle m’avait utiliser pour retrouver l’homme, j’en avais fait de même pour le faire revenir. Au final, nous étions à égalité, tu ne trouve pas ?

Mes yeux se pose sur sa main qui remonte le long de ton bras, je sais pas pourquoi j’aime observé chacun de tes gestes, la finesse de tes doigts et la façon que tu as de te tenir devant moi. Tu dis tenir à moi, au point de pouvoir tout faire pour sauver ceux que tu aime. Et une part de moi ne peut s’empêcher de se demander ce qui se passerait le jour où tu aurais un choix à faire entre deux personnes que tu apprécie.

Laissant mes yeux bleus remonter le long de ton bras jusqu’à tes épaules, ton cou, ta bouche et s’arrêter dans tes iris, je te regarde en silence.

"Il avais besoin de soin, des soins que je lui fournissais" lui fis-je remarquer "il n’avait pas besoin d’être sauvé" lui rappelais-je à nouveau. "Il avait besoin de rester ici le temps de sa convalescence. As-tu vraiment cru que j’allais le tuer pour que tu risque ta vie mais également la sienne pour le sauver d’un danger qui n’existait pas ?" J’esquissais un sourire, plus triste que je ne l’aurais voulu. "Encore une fois Fox, quelle image as-tu de moi ?"

J’avais dépensé tellement d’argent pour sauver Wolf...Ca tenait du miracle, le mariage parfait entre la technologie et l’humanité. Et si je devais être honnête, c’était une expérience que j’étais prêt à recommencer si cela permettait à l’humanité d’être plus fort et supérieur en tout point à ces machines.

"Tu aurais du venir me voir ce soir-là...Au lieu de ça, tu m’as poignardé dans le dos...Et tu as mis en danger mon bras droit. Et qu’est-ce que t’en a tiré ?" Je profitais qu’elle se soit avancer vers moi pour tendre la main vers elle, posant ma main sur celle qui tenait son bras. "Parce que pour ma part, rien de bon n’est sorti de tout ça. Il y a des dissensions qui sont nées" le trio ne serait plus jamais comme avant maintenant. "Wolf est dépendant de la Red" énonçais-je "Je comprends pourquoi tu as fait ça...Mais me demande pas de le cautionner. Dans les faits, ce que tu as fait se résume en 6 mots: Tu ne me fais pas confiance."

Parce que si ça avait été le cas, tu serais venu me voir, tu m’aurais laisser l’occasion de t’expliquer comme je te laisse cette occasion ce soir. Sans que je m’en rende vraiment compte, mes doigts caressaient cette main avant de remonter le long de ton bras, j’avais envie de te toucher, depuis combien de temps ne l’avais-je pas fait. Chassant pourtant ce désir de moi, je me forçais à éloigner mes doigts de ton corps pour les glisses dans ma poche. Maintenant que j’étais parfaitement au courant de la relation qui unissait Wolf et Fox, je n’étais pas certain de pouvoir gérer ça correctement. A dire vrai, rien que d’y penser, rien que d’imaginer les raisons pour lesquelles ce n’était seulement maintenant que tu venais me voir plutôt que hier soir, et ma mâchoire se crispait.  

Un coup de la rébellion, ce n’était pas vraiment une surprise mais bon sang, comment avait-elle pu savoir ? Mon questionnement était lisible sur mon visage, je n’avais nullement besoin de le formuler et de toute façon, ce n’était pas comme si tu allais pouvoir me répondre. Si tu avais déjà la réponse, nulle doute que tu me l’aurais déjà donné mais tu pouvais te douter que tes prochaines missions auraient pour but de découvrir comment tout ce qui s’est passé ce soir là à pu être possible. Ce sujet fut au final rapidement balayer pour venir à la véritable raison de ta venue.

"Il ne t’a rien dit mais de toute évidence il est incapable de prendre certaine précaution...Dois-je te rappeler que tu n’es pas la première à connaître la vérité sur son identité ? Son imprudence pourrait nous coûter cher." Lui rappelais-je, il était facile de me blâmer mais au fond, j’avais la responsabilité de votre sécurité à tous sur mes épaules en plus de devoir préserver ma réputation. Il était important pour moi que l’opinion public ignore ce que je finançais dans l’ombre...

J’avais besoin que tu comprenne que je n’étais pas l'ennemi dans cette histoire. Je pouvais comprendre qu’une part de toi sois en colère, je n’avais pas hésité une seule seconde à t’enfermer chez moi pour attirer Wolf, et si c’était à refaire, je ne changerai rien. Cependant, je n’étais pas l’homme à blâmer pour ce qui s’était passé, à mes yeux, c’était les conséquences de tes choix qui nous avait tous amener à cette situation et j’avais besoin que tu le comprenne également.

Alors que je t’expliquais qu’il n’avait jamais été dans mon intention de faire le moindre mal à Wolf, tu ouvrais doucement les yeux, ton regard dans le vide. Lorsque tu me posa quelques questions, je ne pu m’empêcher de tendre à nouveau la main vers toi, posant mon index sous ton menton pour t’obliger à relever la tête et à croiser son regard pour que je puisse te répondre droit dans les yeux.

"Il n’y avait qu’une seule façon de savoir, venir me le demander lorsque tu as su" lui fis-je remarquer car j’aurai pu te donner n’importe quel réponse, moi-même j’ignorais la réponse. Peut-être aurais-je été sincère avec toi, peut-être t’aurais-je menti. "Les raisons pour lesquelles j’ai caché la vérité sont simple...Wolf n’était pas tiré d’affaire au départ. L’opération qu’il a subit pour sa survie est expérimentale, il aurait pu y rester pendant ou après." t’expliquais-je. Vous laissez croire à sa mort m’était plus simple que de nourrir l’espoir qu’il ait survécu pour ensuite devoir vous annoncer le contraire si le pire était arrivé.

Le comprendrais-tu ?

"Avec sa mort, j’effaçais l’ardoise des ennemis qu’il s’était fait également." admis-je cependant. "Quant au stimulus…." je marquais une pause, avais-je réellement eut une bonne raison de le faire.

Oui, j’en avais, mais étais-tu prête à l’entendre ?

"Wolf ne fonctionne pas comme toi ou moi...Il porte très bien son nom de code, c’est un animal sauvage, bien plus que tu ne peux l’imaginer." je connaissais que trop bien les penchants pour le meurtre qui animait mon bras droit, ce stimulus était une garantie pour moi mais, bien que je ne l’avais pas ouvertement admis, tout le monde ne connaissait pas cette part vraiment sombre et incontrôlable de Jake. C’était pour moi, et quelque part, également pour lui. "Tout ce que tu as besoin de savoir c’est que je n’ai pas prit cette décision à la légère, je ne te demande pas de la comprendre, juste de me faire confiance..."

Et tu disais avoir confiance en moi, prétendant que sans ça tu n’aurais jamais eu une quelconque forme d’intimité avec moi. Encore une fois, j’aurai aimé te croire, je t’écoutais te blâmer et également m’informe que Wolf s’apprêtait à se tuer lorsque tu l’as découvert. Alors oui, peut-être était-ce le destin que tu te retrouve face à lui en cet instant précis mais cela n’effaçait en rien le fait que tu t’étais enfuis avec lui plutôt que de venir me trouver. Je n’en dis pas un mot pourtant, je crois que tu as déjà compris ce point.

Quittant le rebord de mon bureau, je m’avançais à nouveau vers toi, profitant de ma hauteur pour avoir une certaine domination que j’appréciais avoir. Je crois que tu me connais assez bien pour savoir ça sur moi.

"Qu’est-ce qu’il y a entre nous ?" te demandais-je, ma voix était descendu d’une octave, plus basse, cette question était presque murmuré comme un secret. "Qu’attends-tu de moi Fox ?" Je laisse mes doigts redescendre sur ton cou, le dégageant de tes cheveux avec douceur. J’aime les sentir glisser le long de mes doigts, j’observe la courbe de ton cou menant à ton épaule avant de faire demi-tour du regard pour déposer mes yeux sur tes lèvres, le bout de nez et enfin à nouveau, tes grands yeux si expressif.

Je reste suspendu à tes lèvres, à la fois nerveux et curieux d’entendre ce que tu vas pouvoir me répondre. Qu’as-tu dans ta tête et surtout dans ton coeur ? J’ai besoin de savoir si nous l’avons senti tous les deux mais j’ai également besoin d’entendre ce que tu souhaite vraiment. Je ne peux pas prendre de décision correcte sans avoir toute les cartes entre mes mains et il y en a certaine que tu possède. J’attends que tu me les fournissent et tu ne tarde pas à me répondre enfin. Je vois tes yeux se poser sur mes lèvres et je me demande si tu souhaite m’embrasser. Je comprends que tu souhaite que j’allège le fardeau de ta culpabilité, j’aimerais pouvoir en être capable mais à mes yeux, nous sommes tous responsable de nos choix et de leur conséquence, nous n’avons pas à attendre des autres qu’ils nous fassent du bien quand on la source de leur déception ou de leur blessure. Cependant, je me dois de te corriger sur un point.

"Tu n’es pas seule fautive" te répondis-je tout de suite après que tu m’ais dit être la seule à l’être. "Nous avons tous notre part de responsabilité, à nous de vivre avec les conséquences de nos choix respectifs"

Oui, tu m’as déçu, je ne peux pas te dire le contraire mais le fait est que si tu m’as déçu, c’est parce que j’attendais de toi que tu agisse d’une manière bien précise. Et si j’ai attendu ça de toi, c’est uniquement parce que je n’ai pas été assez méticuleux lorsque je t’ai recruté. J’aurai du savoir qu’il y avait quelque chose de profond qui te liait à Wolf. Une carte manquante...Voilà pourquoi j’aime tout savoir, c’est la meilleure façon d’éviter de prendre de mauvaises décisions.

Alors que ta main était bien, là, contre ma joue, tu te décide à l’enlever. Sa chaleur me manque immédiatement mais je reste impassible devant tes grands yeux. Tu es déjà bien trop observatrice pour ton bien.
Et c’est là que tu m’avoue que ce qui devait être sans conséquence, rien de plus que des échanges charnelles, ont en réalité eut un impact sur toi et sur tes sentiments. Et tu fais naître cette petite flamme d’espoir en moi, et pour ça, je pourrais tellement t’en vouloir. J’ai très envie de te répondre qu’il en est de même pour moi mais je crois que ça, tu l’as déjà compris, je n’ai pas pu réprimer une part de ma possessivité lorsque je te tenais captive...Et cette possessivité est toujours bien présente.

"Je ne suis pas un second choix Fox" sifflais-je d’une voix assombrit. "Tu étais avec Wolf hier soir… Et je l’ai vu à la minute où tu es entré dans ce bureau, à ta façon de parler de lui." Je tourne autour de toi, me plaçant de tel sorte que lorsqu’enfin je m’approche à nouveau de toi c’est pour t’obliger à reculer jusqu’à ce que tu rencontre mon bureau.

"Je ne suis pas Wolf" te rappelais-je avec une certaine sévérité, ma main se glissant sur ta hanche, remontant pour glisser mes doigts sous le tissus et venir s’installer dans le creux de ton dos. "Je vais te deshabiller..." te prévins-je, mes yeux rivés dans les tiens. "Et si tu le veux, je vais te faire l’amour sur ce bureau Fox" je n’avais jamais peur de mes choix et de mes actions, les assumant, comme je le faisais à l’instant même.

"Soit tu m’arrête de suite et je respecterai cette décision, je m’en tiendrai à une relation strictement professionnelle...Soit tu me laisse faire et dans ce cas, je préfère te prévenir..." je me penchais vers toi, laissant mes lèvres effleurer les tiennes. "Je ne te partagerai avec personne." et ces mots sonnent clairement comme une menace. Aussi bien pour toi que pour la moindre personne de la gente masculine qui désirerait poser une main sur ton corps.

Mes intentions sont clairs, je te donne toutes les cartes en mains pour faire ton choix.

Sans que nos regards ne se soient détachés l’un de l’autre, tu me réponds sobrement. Quelques mots et tu scelle notre histoire. L’ombre d’un sourire se glissa sur mes lèvres lorsque je te sentis approché. Rapidement, nos souffles se mélangèrent quelques secondes avant que tu ne pose tes lèvres sur les miennes. Je m’étais demandé si j’allais encore avoir l’occasion d’embrasser cette bouche lorsque cette histoire avec Wolf m’avait littéralement explosé à la figure et j’étais plutôt heureux d’obtenir une réponse positive à ce doute. Laissant mes mains se presser plus durement contre le bas de ton dos, je t’attirais un peu plus contre moi.

Profitant de ce contact aussi longtemps qu’il m’était humainement possible, je m’en éloignais pourtant. Retrouvant très grand yeux et ton doux visage. Mes mains quittèrent ton corps et je restais silencieux face aux interrogations que tu pourrais me formuler à me voir ainsi m’éloigner. Je ne t’avais pourtant pas menti. Je me dirigeais vers la porte de mon bureau, si tu avais fermer celle-ci, pour ma part je la verrouillais. Je comptais bel et bien te faire l’amour sur ce bureau et il était hors de question que quiconque ne vienne nous interrompre. Je profitais également de cette distance pour te regarder dans tout l’ensemble. Ton corps, que je ferai mien bientôt. J’avais besoin d’en imprimer chaque détail dans mon esprit alors que je revenais vers toi, la démarche assuré.

"Lève tes bras" te demandais-je avant que je ne sois parfaitement à ta hauteur, car dès que je le fus, je ne perdis pas de temps pour ôter le haut qui te couvrais et découvrir ta peau.

Essoufflé, contre ton corps, il m’est difficile de te quitter et pour le moment, je n’en ai aucunement envie. J’aime la chaleur de celui-ci contre le mien et il me faut plusieurs secondes pour me remettre de l’intensité de ce que j’ai ressenti. Bon sang, je sais ce que ça veut dire mais là tout de suite, j’ai encore du mal à l’admettre. Mon cœur se tord légèrement, parce que je porte toujours mon alliance, parce que je culpabilise à cette idée. Je chasse ces idées de ma tête, je ne veux pas me gâcher ce moment. Laissant ma tête reposer au creux de ton cou, je m'enivre du parfum de tes cheveux pour m’aider à rester avec toi et uniquement toi.

"Excuse moi pour ce que je t’ai fais"

Ces mots quittent ma bouche avant que je m’en rende compte, il est rare que je m’excuse aussi directement et pourtant, je sais que c’est tout ce que je lui dois. Je l’ai séquestré chez moi, je me suis servi d’elle comme d’un appâts et il est temps pour moi de ravaler mon égo et d’admettre mes torts.

"Ne fait pas ça" sifflais-je entre mes dents, d’un temps plus sévère que je ne l’aurai voulu.

Tu étais adorable de vouloir prendre l’entière responsabilité de ce qui s’était passé mais cela me demandait bien trop d’effort de reconnaître mes torts pour te laisser balayer cela de quelques mots comme si mes actes n’avaient eu aucune conséquence, et n’était pas répréhensible.

"Que tu ne m’en veuille pas est une chose Phoenicia mais ne diminue pas l’importance de mes actes" tentais-je de te faire comprendre.

Je me redressais enfin, quittant la chaleur agréable de ton corps contre le mien mais ce n’était que pour mieux t’attirer contre moi, t’obligeant également à te redresser et à me suivre sur le canapé du bureau. J’en venais presque à regretter de ne pas avoir de chambre en ces lieux pour simplement pouvoir te garder pour la nuit. Les doigts de ma main droite parcouraient toute la longueur de ta colonne vertébrale, du haut vers le bas et du bas vers le haut. Appréciant la douceur de ta peau contre la mienne.

"Je vais finir par croire que tu souffre du syndrome de Stockholm"

Ce qui me poserait un problème évident tant cela voudrait dire que tes sentiments ne sont que les conséquences de ce syndrome.

"Laisse moi assumé ma part de responsabilité"

Te demandais-je et cette fois, de la douceur était perceptible dans ma voix. J’ai toujours du mal à me montrer doux, après tout, je passe le plus clair de mon temps à prendre des décisions pour tout le monde, que ça soit dans cette vie où dans l’autre que je menais. Je donnais des ordres, je suis le patron, le leader et tout le monde attend de moi que je ne doute jamais. La part humaine de moi est morte avec ma défunte épouse et il m’est parfois difficile de pouvoir récupérer cette part sans penser à Elle.

Victime de ma propre négligence. Elle et mon enfant à naître.

Me forçant à retrouver le présent et la réalité, j’embrassais ton épaule en dégageant tes cheveux de ton cou pour pouvoir glisser mes lèvres.

"Il n’y a qu’une seule chose que tu mérites Phoenicia, c’est qu’on se dévoue entièrement à toi autant que tu le fais pour ceux auxquels tu tiens. Tu n’y mets jamais de demi-mesure et pourtant tu ne récolte qu’un dixième de cette dévotion." remarquais-je. C’était peut-être mesquin de ma part mais j’avais besoin de te rappeler que même pour Jake, tu n’avais récolté que les restes d’un autre homme dans le fond. "Laisse moi être cette personne, laisse moi t’offrir autant voir plus que ce que tu auras à m’offrir. Et si par malheur j’échouais, continue de me tenir tête, de m’ouvrir les yeux, ne te soumets pas par peur de me perdre. J’ai besoin de ton amour autant que de tes cris et ta colère pour y voir plus clair pour être meilleur pour toi."

Je me doutais qu’il y avait quelque chose dans ton passé qui t’amenait à vouloir t'auto flageller de la sorte. Et à défaut de pouvoir effacer les mauvais souvenirs, j’avais dans l’espoir de pouvoir te faire avancer. Tout comme tu étais capable aujourd’hui de me faire tourner une page douloureuse de mon passé et accepter l’idée que je puisse aimer à nouveau, j’espérais qu’un jour je puisse te rendre là pareil. J’ignorais où tout ceci nous mènerait, je pouvais simplement en deviner les conséquences, en voir l’esquisse mais j’avais pris ma décision. J’avais l’intime conviction que peu importait ces conséquences, cela en valait le coup. Tu en valais le coup. Alors oui, je savais que j’allais certainement blessé un homme déjà à terre en chemin mais j’avais égoïstement pris la décision que cela n’avait pas d’importance. Etais-je un monstre ? Peut-être. Était-ce ma vie d’homme d'affaires qui me rendait impitoyable même dans la sphère privée ? Certainement.

J’avais déjà beaucoup perdu dans ma vie, j’estimais avoir le droit de prendre quelque chose de la vie cette fois.

Dans un désir profond de te faire comprendre à quel point ma décision n’était pas qu’un simple caprice, je voulais que tu m’entende te dire à quel point c’était important pour moi et surtout à quel point personne d’autre pourrait t’aimer autant que je pourrai le faire. C’était cruel, peut-être même un brin manipulateur, mais je voulais effacer toute trace de l’influence de Jake dans ton cœur et ton esprit.

J’embrassais ta tempe alors que tu m’avouais que jusqu’à présent, tu n’avais certainement pas trouver la bonne personne et je ne pus m’empêcher de sourire contre ta peau et tes cheveux parce que ces mots sous-entendaient que j’étais cette bonne personne. Ce n’était pas Wolf ou Hound, c’était moi.

Tu t’ouvrais à moi et je me sentais honoré de t’entendre prononcer ces mots, te dévoiler, prendre le risque d’être vulnérable. Dans le fond, je crois que c’est ça l’amour. Non...Je sais que c’est ça. Prendre ce risque parce qu’on a confiance. C’est un saut dans le vide avec l’espoir d’être rattrapé en dessous par celui ou celle qu’on a choisi. Et en voyant à quel point tu m’accorde cette confiance, je me surprends à me sentir coupable.

"Je crois qu’il me faut être honnête avec toi à mon tour."

Je jouais avec mon alliance, celle qui n’avait jamais quitté mon doigt depuis le décès de mon ex épouse.

"Je crois qu’une part de moi à peur de ne pas être à la hauteur parce que je suis bien conscient de tout ce que tu mérites et de tout ce que je souhaite t’offrir. Tout comme...Je suis conscient qu’une partie de moi... Sera toujours attaché à..."

J’avais peur de te faire mal en cet instant, parce que je savais que cette situation n’était facile pour personne mais tu venais de t’ouvrir à moi et j’avais besoin d’en faire autant. Je ne parlais jamais d’elle à personne, pas aussi intimement, elle n’était mentionnée que lorsque j’étais Matt Evans, Homme d'affaires populaire, et qu’un journaliste voulait faire dans le sensationnelle en m’interrogeant sur son décès.

"Elizabeth"

C’était la première fois que je faisais mention d’elle à quelqu’un de la coalition. Parce qu’ici je n’étais pas Matt, ici, j’étais Eagle. Et tout ce qui appartenait à ma vie en dehors, restait en dehors. Même si tous ici connaissait les grandes lignes, ce que les journaux avaient publié à ce sujet, personne ne s’aventurait jamais à me poser la moindre question. C’était une règle tacite de toute façon, notre vie à l’extérieur de la coalition ne regardait personne.

"Je ne veux pas que tu te sentes en compétition avec elle..." avouais-je, ma voix se faisant plus basse au fur et à mesure que je pensais à elle. Mes doigts faisant tourner l’alliance autour de mon annulaire.

"Il va me falloir du temps pour concilier ce que je ressens pour toi sans me sentir coupable vis à vis d’Elizabeth."

Voilà, c’était dit, et je craignais plus que tout les conséquences de cet aveux mais je pouvais difficilement faire marche arrière.

Le saut dans le vide avec l’espoir d’être rattraper.

Sa perte avait probablement fait bien plus que de simplement me bouleverser. Sa perte était la raison même pour laquelle j’avais investi dans ce projet qu’était la coalition. Mon histoire ne devait pas se répéter et leur vie, à elle et mon enfant, devait être vengée. Peu importait ce que cela me coûterait à la fin, si je devais en mourir moi-même, je m’étais faite cette promesse et je le lui avais également faite sur sa tombe. Me punissais-je ? Je n’avais jamais envisagé tout cela sous cet angle si je devais être honnête. Je ressentais effectivement une forme de culpabilité, j’avais l’impression qu’en aimant à nouveau, je...déshonnairais celle que j’avais si profondément avant.

Pressant ma joue un peu plus contre ta main, j’évitais pourtant encore ton regard. Pas tant par honte que parce que parler d’elle me ramenait à de sombres souvenirs, je me perdais plus facilement dans mes pensées, ma mémoire. Finissant par reposer mes yeux sur toi en comprenant à quel point tu prenais la décision d’être simplement compréhensive. Tu ne te permettrais pas de me demander de l’oublier, enlever un poids, que je n’avais pas vraiment remarqué, de mes épaules.

Fermant mes yeux sous le contact de tes lèvres contre mon front, il y avait quelque chose d’agréable d’être quelqu’un d'autre que l’homme inébranlable. Je n’avais jamais le droit à l’erreur, jamais le droit de montrer la moindre faiblesse parce que mes ennemis étaient nombreux et que beaucoup n’attendait que cela. Je m’étais pas rendu compte à quel point cela pouvait être épuisant de garder ce masque sur le visage et à quel point il était plaisant d’avoir un court moment dans son existence où je n’avais plus besoin de le porter.

Je fus surpris par ta demande pourtant. Parler d’elle ? Tu n’étais pas la première à me le demander mais tu étais la première à le faire dans le cadre de cette intimité. Resserrant mon étreinte autour de ton corps pour te presser un peu plus contre moi, j’inspirais doucement, hésitant. Oui, j’étais hésitant. Je parlais que très peu d’elle dans les médias qui m'interrogeais à ce sujet et en dehors de ce cadre professionnel, je ne parlais jamais d’elle. C’était trop douloureux. Pourtant, ne te devais-je pas cela ? Si je souhaitais te garder auprès de moi, je supposais qu’il allait falloir que je fasse un effort pour m’ouvrir à toi.

"C’était une femme de caractère. Mais...Pas explosive. Je ne l’ai jamais entendu hausser le ton mais elle était capable de me remettre à ma place plus violemment que si elle s’était énervée." finissais-je par dire après quelques minutes de silence.

"Elle avait un regard neuf sur bien des choses. Pour être honnête, je crois qu’on était rarement d’accord sur les mêmes choses mais elle était capable de défendre son point de vue avec finesse, intelligence, nous pouvions nous perdre en conversation pendant des nuits entières" J’esquissais un sourire aux souvenirs de nos conversations à l’université, au début de notre histoire.

Je déposais mes yeux sur toi, posant mon index sur ton menton pour te faire relever la tête.

"Elle ne méritait pas ce qui lui est arrivé. Elle a été la victime de ma propre négligence et je ne compte pas répéter cette erreur."

Ton regard dans le mien me donnait envie de défaillir. Tu tentais, comme toujours, de me décharger de ma culpabilité. Une tâche inutile hélas car je connaissais trop bien mon implication dans la mort de mon épouse et de notre enfant à naître. Je ne t’en voulais pas d’essayer, c’était ainsi que tu étais faite. Je te souriais doucement, j’aurai pu te répondre à quel point il était inutile de faire cela, j’aurai pu t’expliquer pourquoi et de quoi j’étais coupable mais je n’en fis rien, je ne fis que te sourire. Je profitais de tes caresses, de la chaleur de ton corps dénudé contre le mien, de ton regard tendre posé sur moi.

Je ne sais pas bien quoi te répondre alors nous restons là un instant, en silence, à nouveau observer et profiter du temps qui semble s’être suspendu pour nous. Jusqu’à ce qu’il reprenne son cours, jusqu’à ce que tu prononces trois simples mots qui ont pourtant la force d’un tsunami en moi. Sans pouvoir le contrôler, je sens mon corps se tendre alors que tu m’avoue aussi clairement tes sentiments. La part perfide de moi-même se demande combien de fois tu as pu le dire à Jake. La jalousie coule dans mes veines en même temps que la peur. Dois-je te répondre, attends-tu que je te réponde ? La dernière fois que j’ai dis ces trois mots…

Je tente de te sourire mais je sais qu’il n’est pas aussi sincère qu’il le devrait, qu’il doit être rendu crispé par l’angoisse sourde qui m’envahit. Tu me fais si facilement perdre mes moyens, en temps normal je suis capable d’un sang froid sans égal mais là tout de suite, je sais que j’ai été pris de court, que je ne peux pas revêtir le masque de Monsieur Contrôle Freack.

Alors à défaut de vraiment te répondre de vive voix, je le fis d’un geste avant que tu ne reprennes tes paroles. Poser mes lèvres sur les tiennes, je cueillais un baiser tendre, peut-être même un peu tremblant. Approfondissant ce baiser dans l’espoir de peut-être te faire oublier mon incapacité à te dire ces mêmes trois petits mots. Ce fut sans compter sur la sonnerie de mon téléphone, qui nous ramena violemment à la réalité. J’aurai pu l’ignorer, j’aurai pu le laisser de côté mais je devais bien admettre qu’il s’agissait d’une porte de sortie idéale pour ne pas avoir à parler de ce qui venait de se passer.

"Excuse-moi une minute" m’obligeant à quitter la chaleur de ton corps contre le mien, je me levais pour retrouver mon téléphone portable sur le sol de mon bureau un peu plus loin. Je savais que j’étais un lâche sur ce coup. Observant l’écran de mon portable, il s’agissait d’un simple email mais c’était l’occasion rêvée pour fuir une situation avec laquelle j’étais soudainement peu à l’aise.

"Mon autre vie m’appelle" dis-je en soupirant, lisant le mail d’un de mes collaborateurs étranger qui avait tendance à oublier le décalage horaire. "On se revoit très vite" promis-je alors que je ramassais mes affaires pour me rhabiller rapidement. L’argent qui me servait à financer en majeure partie la coalition venait de ma propre fortune et je me devais de continuer à nourrir mon portefeuille si je voulais pouvoir continuer de suivre. Et oui, en cet instant précis, mon travail me sauvait bien la mise.

Je composais le numéro de mon collaborateur, attendant deux tonalités avant que ce dernier ne réponde à l’autre fil. Passant de l’anglais à l’espagnol, je redevenais Matt Evans, l’homme d'affaires. Reboutonnant ma chemise tout en discutant du contrat en cours et de cotation en bourse, je jetais un regard désolé à la superbe femme qui se trouvait dans cette pièce.