Ses pieds le tenaille d’une vive douleur à chacun de ses pas, sa gorge est sèche, et la faim lui creuse l’estomac. Depuis combien de temps est-ce qu’on le trimbale ainsi d’un endroit à l’autre ? Depuis quand a-t-on fait de lui un prisonnier ? Il ne saurait même plus le dire. De toute façon il s’en fiche royalement. Plus rien ne semble compter pour lui et il avance comme un robot dénué de toutes émotions. N’est-ce-pas ironique ? Un sourire amusé se dessine sur son visage à cette pensée, et il pousse un ricanement qui lui vaut un coup de matraque dans les reins.

«Avance, connard.»

Siffle l’un des androïde responsable du transfert de quelques captifs. La douleur lui coupe le souffle, mais il continue d’avancer comme si de rien n’était. Ils arrivent enfin a leur destination finale, mais encore là le jeune homme s’en fiche royalement. On le force à pénétrer dans une cellule, où se trouve d’autres prisonniers, dont tu en fais partie. L’endroit est insalubre, sombre, et inhospitalier. Ici, même les murs semblent imprégnée de désespoir. Pourtant, le jeune captif trouve encore le moyen de plaisanter, se moquant visiblement de ses assaillants.

«Putain les gars, j’ai pas d’compliments a vous faire, hein ! Nah, mais vous avez vu c’t’endroit ?! C’est encore pire que le dernier. J’m’attendais au moins à c’qu’on me propose un massage des pieds, après toute cette marche ! D’ailleurs il est où mon cocktail de bienvenue ? Avec un peu de lime et sans glaçons, allez, hop hop !»

Il claque des doigts, comme s’il s’adressait à des serviteurs; cherchant volontairement à provoquer ceux qui viennent de refermer la porte derrière lui. On se contente de lui jeter un regard noir, mais il sait très bien qu’il risque de morfler plus tard, pour ça. N’est-ce-pas ce qu’il recherche, d’ailleurs ? À ce punir toujours plus intensément ? Son arrogance et son impertinence semblent s’être décupler depuis la prise de pouvoir des androïdes. Pourtant il n’a jamais rien eu a leur reprocher, bien au contraire. Il a toujours fait parti de ceux qui les considérait comme leur égal, mais aujourd’hui est-ce que cela compte réellement ? Au lieu de supporter leur cause, il était resté sans agir. La violence n’engendre-t-elle pas la violence ? Même s’il n’approuvait pas forcément, il ne pouvait que comprendre le comportement des déviants envers les humains.

Se laissant tomber sur le sol crasseux de la cellule, il passe son regard sur toi, t’observant de la tête aux pieds. Cheveux long, yeux bleus, charisme indéniable...il doit avouer que malgré ta fatigue la vue est particulièrement agréable.

«T’as plutôt mauvaise mine, mec. J’en déduis qu’le service laisse vraiment à désirer ?»

Rajoute-t-il, d’un ton toujours plaisantin, comme si tout cela n’était qu’une vaste farce.

Quel jour était-il ? Aedan l’ignorait, il avait perdu le sens du temps le jour où son lieu de détention avait été attaquer par les hommes de Markus. Depuis, il était balotter d’une cachette à une autre, d’une cellule à une autre. Il avait rit de cette ironie, lui qui avait aider des androïdes à quitter le pays, lui qui avait fini en prison humaine pour ça, il était à présent aux mains des androïdes et le plus drôle dans tout ça...C’est qu’il ne regrettait pas une seconde d’avoir aider certains d’entre eux à quitter le pays. Au contraire. Ils étaient loin de cette influence négative. Il comprenait la colère des autres éveillés mais pour lui, cela ne justifiait rien, Markus faisait une énorme erreur et en même temps…

Il était à l’image de ceux qui l’avait créer.

Il savourait encore cette ironie lorsqu’il perçut les provocations d’un autre détenu. Trop fatigué pour se lever, il ne fit que l’écouter et rire de ces bêtises. Un peu d’animation en ces tristes lieux étaient agréable même si, il pouvait le deviner, ce jeune homme subirait les conséquences de ces paroles tôt ou tard.
Son regard se posa sur cette source d’animation, il était plus jeune que lui et son visage arborait une expression qu’il connaissait bien. Étrangement, il lui rappela James. Ce souvenir le fit sourire alors qu’il échangeait un regard avec ce jeune homme.

Mauvaise mine ? C’est peu de le dire, il avait été accusé de terrorisme par les autorités humaines alors oui, lorsqu’il arriva ici, il n’était déjà pas dans le meilleur des états.

"Ne juge pas trop vite" répondit-il sur le même ton "Je suis encore en train de faire la différence entre la gestion des flics et celle des androïdes" avoua-t-il. Il n’avait pas grand chose à perdre à lui dire qu’il était techniquement déjà un détenu lorsqu’il fut capturer par Markus et ses hommes.

"Pour l’instant...je mets une étoile de plus sur tripadvisor pour les androïdes..." remarqua-t-il "Ils m’ont pas encore torturé" ajouta-t-il, il ne se laissa pas aller à ajouter "ni violer", ça lui semblait un peu trop d’un coup, même pour de l’humour noir. "et en plus j’ai des codétenus sympa ici" préféra-t-il ajouter.

En effet, dans son ancienne cellule, il était seul et les rares visites qu’il pouvait avoir n’avait rien d’aussi agréable que le visage provocateur de l’inconnu qui lui faisait face. Il eut un nouveau sourire envers celui-ci. Ouais, c’était vraiment agréable d’avoir quelqu’un avec qui causer même si c’était pour rire de cette situation dramatique.

"Je m’appelle Aedan" se présenta-t-il, il ne put s’empêcher de taire son nom de famille cependant.

Une habitude prise depuis très longtemps. Son nom de famille était bien trop connu et bien qu’ici cela n’avait pas franchement d’importance, l’habitude restait. De toute façon, il supportait pas d’entendre ce nom.

Ravi de constater que son ton plaisantin est loin de t’avoir offensé, il te jette un regard presque complice. Malgré ta confidence, il ne change pas d’attitude. Un ex-détenu ? Qui était-il pour te juger sur ce que tu avais fait avant la rébellion ? De plus, tu embarques volontiers dans son petit jeu avec cette histoire de tripadvisor. Une étoile de plus pour les androïdes qui ne t’ont pas torturer...alors la prison c’était si moche que ça ?

«Faut croire que tu les a pas assez fait chier !»

S’exclame le jeune homme au visage déjà tuméfiés par les coups qu’ont lui a donnés.

«Ou va savoir, les Hommes sont peut-être plus susceptibles.»

Rigole-t-il. Puis il ose une question sur ton ancienne situation, curieux d’en savoir davantage.

«Les codétenus sont pas sympa en taule ?»

C’était évidement que ça ne devait pas être une partie de plaisir, mais il n’avait pas la moindre idée de ce qui était réel ou pas parmi toutes les rumeurs qu’on pouvait entendre. Il avait toujours ressenti un vide intérieur, mais il avait également conscience de ne pas avoir eu la vie aussi ardue que certaines personnes. La souffrance vive et aiguë, il ne l’avait connu qu’au moment où il avait perdu Steven. Après cela, il c’était renfermé sur lui-même et il n’avait presque plus rien ressenti. Ont pouvait bien le frapper ou le torturer, il s’en fichait royalement. Plus rien n’avait vraiment d’importance pour lui. Peut-être était-ce d’ailleurs la raison pour laquelle il semblait prendre votre situation autant à la légère.

«Sam.»

Se présente-t-il à son tour.

«Ça fait plaisir de croiser quelqu’un qu’a envie de causer au lieu d’chialer.»

Il remonte la fermeture éclair de la veste qu’il porte, et une grimace se dessine sur son visage.

«Putain, on s’les cailles ici…

T’es là depuis longtemps ou ils t’ont trimballer partout toi aussi ?»

Va savoir, tu avais peut-être les pieds aussi douloureux que les siens. Les déviants semblaient prendre un malin plaisir a déplacer leurs prisonniers.

«Bordel, ta vue ? À cause d’eux mes Toga sont bon pour la casse !»

S’exclame-t-il, toujours d’un ton ironique, avant de jeter un coup d’oeil à ses bottes de luxe usées par les longues marches qu’il a du faire.

«Ils ont vraiment aucune hospitalité ces cons...»

Puis réalisant qu’il ce plaint a son tour.

«Oh merde, voilà que c’est moi qui chiale comme une princesse, maintenant.

T’as pas envie d’me raconter ton histoire ? Peut-être que ça me désennuierait.»

Ose-t-il finalement demander.

C’était un véritable personnage qu’il avait face à lui. Une part de lui supposa qu’il devait être acteur avant d’arriver ici. Théâtre peut-être ? Oui, c’était son passe temps maintenant qu’il pouvait voir du monde. Tout le monde ne souhaitait pas spécialement discuter alors il passait une partie de son temps à essayer d’imaginer la vie de chaque autres prisonniers qu’il voyait. Cela avait quelque chose d’agréable, ça obligeait son esprit à plonger dans l’imaginaire et ça lui évitait de sombrer trop rapidement dans la dépression ambiante. Alors un jeune homme comme celui-ci était une véritable aubaine pour lui.

"Difficile à dire, je n’en avais pas..." Remarqua-t-il et pour beaucoup cela pouvait sembler être un luxe mais la réalité était tout autre.

Etre seule dans une cellule de 9m², c’était à peine suffisant pour y garer une voiture alors oui pour un homme cela devenait rapidement une forme de torture de s’y retrouver seul. Pas de fenêtre, pas d’air frais. Au moins, depuis que les androïdes avaient mit la main sur lui, il pouvait marcher. D’autres droits élémentaires étaient supprimer mais quand on avait connu le pire, il était plus facile d’observer les avantages d’une situation un rien moins pire.

Sam...Il n’arrêtait pas de parler et cela le faisait sourire sincèrement. Il aimait l’entendre, le son de sa voix, ses plaisanteries, c’était plaisant d’avoir un peu de vie pour rappeler que rien n’était réellement terminé. Cela faisait du bien au moral et il était reconnaissant que le destin l’ait mis sur sa route en cet instant. Il manquait d’empathie mais il ne le jugea pas, la situation était gravissime pour tout le monde et chacun trouvait le moyen d’y survivre à sa façon. De toute évidence, Sam avait besoin de prendre les choses à la légère pour se protéger.

"Ils m’ont trimballer...Une petite balade par-ci, une petite balade par-là… Fallait sortir tes pompes de rando, tu as pas eu le mémo à ton arrivée ?" Dit-il alors que le jeune homme se plaignait pour ses bottes. D’ailleurs, lorsqu’il en avait parler, Aedan avait immédiatement regarde celle-ci. Trahissant peut-être que lui-même avait eu un goût pour le luxe bien qu’en réalité, c’était surtout le souvenir d’une autre vie.

Il eut un rire à sa dernière proposition, haussant un sourcils en le regardant.

"Raconter mon histoire ?" Il passa une main dans ses cheveux, les emmêlant un peu. "Ouais...Ca pourrait te faire marrer en fait..." remarqua-t-il en y réfléchissant. Cependant, il regarda autour de lui et il n’était pas certain que les oreilles indiscrète soit aussi contente de connaître son histoire. Alors il s’approcha de Sam, jusqu’à ce que leurs épaules se touche presque.

"J’ai été arrêté pour terrorisme en Novembre" lui dit-il, riant légèrement en y repensant...Quel ironie. "J’aidais des androïdes à rejoindre la frontière canadienne" lui avoua-t-il en se tournant vers lui. A partir de là, deux solutions étaient possible, soit il riait, soit il le cognait. "Gay, terroriste, autant te dire que j’ai morflé là-bas...Heureusement, je suis blanc" et qu’il allait peut-être également morfler ici aussi. Il prenait un risque en lui parlant mais il n’était plus à ça prêt et honnêtement, il avait besoin de parler et de contact.

"Je sais pas trop où j’étais enfermé, mais un jour tout à péter, j’ai été emmené avec d’autre androïdes et d’autres humains. Quand ils ont fait le tris, j’ai attéri ici..."

C’était la première fois qu’il en parlait depuis qu’ils étaient aux mains des androïdes. Il n’avait pas jugé nécessaire d’en parler, ça restait sa parole contre la leur et puis c’était pas comme si l’un d’eux avait réellement envie de l’écouter.

"Et la tienne ?"

Depuis combien de temps n’avait-il pas eu la chance de discuter ainsi librement avec quelqu’un. Il se laissait volontiers aller, sans trop se soucier de ce que tu pourrais penser de lui ? Heureusement, tu semble y prendre plaisir aussi. Ce qui s’explique, vu que tu l’informe n’avoir eu aucun co-détenu en prison. Ça étonne un peu le jeune homme, qui était persuadé que les pénitenciers étaient tous bondés; mais qu’est-ce qu’il y connaissait ? Seul dans une petite cellule...franchement il n’y aurait pas pris plaisir lui-même.

«Arff...j’ose pas imaginer comme le temps devait être long.»

Alors comme ça tu avais eu droit aux longues marches interminable toi aussi ? Si seulement il avait su, il se serait effectivement chaussé autrement...ta plaisanterie lui décroche d'aileurs un éclat de rire.

«Bon sang, ça m’apprendra à ne jamais lire les mémos !»

S’exclame-t-il, en rigolant. Étrange spectacle que de voir ces deux hommes rire aux éclats alors qu’ils sont prisonniers. Déjà quelques regards intrigués ce sont retournés vers eux, mais Sam s’en fiche complètement. Il a l’habitude de faire tourner les têtes à cause de son comportement souvent excentrique.

Bien enclin a raconter ton histoire, tu passes une main dans ta chevelure, décrochant un regard un peu plus attentif au jeune homme. C’est que tu es franchement bel homme et il n’a pas mis bien longtemps a le remarquer. Alors comme ça ton histoire pourrait le faire marrer ? Il ouvre attentivement les oreilles, curieux d’en entendre davantage; et tu t’approches de lui espérant un peu plus de discrétion. Arrêter pour terrorisme...parce que tu aidais les androïdes a fuir au Canada ? Bouche-bée par l’ironie de ta situation, Sam te fixe un moment avant de laisser un léger ricanement de stupéfaction s’échapper de ses lèvres.

«Sérieux ?! Putain, j’y crois pas...»

Il se laisse aller à ricaner, c’est plus fort que lui.

«C’est pas croyable...»

Marmonne-t-il. S’il pensait être extrêmement malchanceux dans la vie, il faut avouer que tu ne donnais pas ta place non plus.

«Ils auraient du te foutre une médaille au cou, pas t’enfermer, bordel !»

S’exclame-t-il, en parlant évidemment des déviants. Étaient-il même au courant de ce que tu avais fait ou avais-tu préférer te taire ? Tu reviens sur ton emprisonnement d’avant, précisant ton homosexualité qui n’avait pas forcément été bien accueilli. Sam grimace l’espace d’un moment, c’est qu’il peut bien imaginer ce par quoi tu as passé, puisque lui-même à du faire face à l’homophobie a plusieurs reprises dans sa vie. Encore heureusement qu’il n’avait pas du passer par la prison.

«Ouais...j’imagine...les mecs doivent être encore plus chiant avec des types comme nous en prison. Pourtant, d’après ce qu’on raconte, ils sont bien moins scrupuleux quant ils ont envie d’ce faire sucer la queue !»

Tu avais donc fini ta course ici, suite au tri des androïdes. Il ne peux s’empêcher de rajouter :

«Ouais, ben ils auraient du mieux faire leurs tris...à mon avis t’a foutrement rien à faire ici.»

Le retour de sa question; s’il avait osé te demander ton histoire ce n’était certes pas dans l’optique d’aller raconter la sienne. Maintenant que tu t’es confiés a lui, il serait assez malpoli qu’il refuse de le faire. Pas que la politesse fasse nécessairement partie de ses habitudes, mais il vient a peine de te rencontrer et n’a franchement pas envie de se mettre à dos la seule personne qui a envie de discuter avec lui. Le jeune homme prend donc la parole, presque à contre coeur :

«Bof...la vie classique d’un gosse de riche. Mes vieux avaient des androïdes qu’on a toujours essayer de bien traiter. Moi j’ai jamais rien eu contre eux...et y’avait Steven...»

La gorge semble vouloir lui nouer, mais il s’efforce de poursuivre comme si de rien n’était.

«On s’entendait bien...mais j’ai pas eu ton courage. Moi j’ai rien foutu pour les aider.»

Il s’arrête là, n’osant pas poursuivre plus loin son histoire. Il se contente d’ajouter :

«Du coup j’mérite bien plus ma place ici, qu’toi.»

Le temps...S’il y avait une chose que cette expérience lui avait appris, c’était que le temps était une ressource bien précieuse. Lorsqu’on perdait cette notion, c’était là que la folie s’insinuait en soi, que le poison de la dépression s’infiltrait dans vos veines et votre tête. Mais aujourd’hui, il était se sentait plutôt bien. Nulle doute que c’était parce qu’aujourd’hui il pouvait discuter avec quelqu’un d’aussi vivant et animé que ce Sam. Cela adoucissait le moment. Bien qu’il aurait aimé faire la connaissance de Sam dans d’autres circonstance que celle-ci, il était également plutôt heureux de l’avoir là en cet instant. Il était drôle, et il le ramenait dans le monde des vivants.

Chacune de ses remarques, de ses commentaires, lui tirait soit un sourire sincèrement amusée, soit un rire parfois étouffé parfois plus franc. Ils attiraient les regards mais lui comme Aedan s’en foutait complètement. En cet instant précis, c’était bien trop réconfortant d’avoir quelqu’un d’aussi bruyant et franc que l’était Sam. En lui révélant une partie de son histoire, il put se faire une idée plus précise de la personnalité de ce dernier, il n’était pas anti-androïde, malgré la situation...Ni homophobe. Une part de son esprit ayant également retenu qu’il avait "avec des types comme nous". Le destin faisait bien les choses, ou alors il était cruel ? Ce n’était pas comme si il allait pouvoir ramener le jeune homme chez lui…

"Oh bah tu sais pour ces connards, se faire sucer c’est pas gay...Et être celui qui encule non plus c’est pas gay... Faudrait surtout pas qu'on remette en cause leur virilité si fragile" Il soupira, sidéré par ce fait. "Alors que c’est certainement ce qu’il y a de plus gay des deux positions" remarqua-t-il.

Oui, Aedan faisait partie de ceux qui pensait que "le dominant" n’avait de dominant que sa position d’un point de vue extérieur. Dans les faits, c’était celui qui recevait qui contrôlait en réalité une bonne partie des choses. C’était probablement cette vision des choses qui lui permettait d’être versatil et d’apprécier les deux positions sans y voir un véritable duel de force et de personnalité. Même si, ce duel, pouvait faire partie du jeu, il n’avait jamais eu la sensation de devoir remettre en cause sa virilité ou son égo lorsqu’il était celui qui avait l’intimité de son partenaire dans sa bouche.

"Personne n’a rien à faire ici..." remarqua-t-il en regardant autour de lui. Cela ressemblait bien trop à un camps de concentration. C’était ironique de voir que l’Homme était capable de corrompre jusqu’à sa propre création. Ouais...Ces androïdes étaient bien à leur image. Ce qui remettait également en perspective l’image qu’on pouvait avoir d’un tout puissant, si on était croyant bien évidemment.

Il écouta l’histoire de Sam, souriant une nouvelle fois. Glissant ses doigts dans ses cheveux, il remit une mèche derrière son oreille pour pouvoir regarder Samuel du coin de l’oeil.

"Je le répète mais...Personne ne mérite ça" dit-il avec sincérité, plongeant ses yeux dans ceux de Samuel. Il y croyait vraiment. Mais il pouvait également deviner que le sujet était compliqué. Samuel avait un Steven, Aedan avait eu un James. Ils avaient tous les deux fuits une situation qu’ils n’arrivaient pas à gérer.

"Le monde n’est pas fait que de soldat près à se battre" lui dit-il "et heureusement...On a aussi besoin de gens qui ont d’autre talent que d’aller au front...Et ça vaut pour tout" lui fit il remarqué. Quelque part, Sam l’avait touché, réveillant l’empathie naturelle du chevelu.

"Ca peut être particulièrement glauque dit comme ça mais je suis content que tu sois ici Sam" lui avoua-t-il. En effet, ça faisait déjà quelques jours que les idées noirs rongeait sa tête et ses pensées, grâce à lui, il avait au moins un peu de répit.

La conversation était pourtant devenue un peu trop sérieuse et il supposa, à tort ou à raison, que cela mettrait son nouveau compagnon de cellule mal à l’aise. Tant et si bien qu’il reprit sur un ton beaucoup plus léger.

"On a pas mal de truc en commun" remarqua-t-il, levant son index pour compter sur ses doigts les différents points qu’il allait énuméré "Gay, gosse de riche, on est indéniablement les plus drôles du coin, on mérite pas d’être là et on a tous les deux un fantôme du passé" remarqua-t-il.

"Le mien s’appelle James" ajouta-t-il "humain, certes, mais je l’ai également laissé tomber" pour son bien avait-il envie d’ajouter mais en vieillissant, il avait bien comprit que c’était faux et que c’était pour son bien à lui et à lui seul.

"Et...Garde ça pour toi" dit-il en lui donnant un petit coup d’épaule avant de se pencher vers lui comme si ce secret était le plus gros truc du monde "J’étais l’héritier Pritzker". Ouais, était...Parce qu’il supposait que le jour où son père l’avait foutu dehors, il avait également été rayé du testament de la famille.

"Ca aurait été pas mal de pouvoir être dans un hotel Hyatt" remarqua-t-il. En effet, la famille Pritzker était principalement connu pour une chose...Etre les propriétaires de la chaine d'hôtels de luxe Hyatt. "On sera dans un jacuzzi avec un putain de cocktail à la main...Un joint dans l’autre..." Ouais...Là tout de suite, il aurait tout donné pour une minute de ce petit rêve.

La prison, un frisson parcouru le corps de Sam rien qu’à imaginer ce que ça avait pu être pour toi. Pourtant lui-même se retrouvais dans une situation bien délicate en ce moment, mais ne savait-il pas encaisser ? C’est peut-être parce qu’il lui semblait mériter être là qu’il avait l’impression que ce n’était pas si terrible que ça. Pourtant ont l’avait tabasser à plusieurs reprises et le confort était quasi inexistant. Au moins, ici, personne ne cherchait de faveurs sexuelles.

«Ouais, ben je pense qu’y s’inventerait n’importe quoi pour se convaincre qu’il n’y a rien de gay dans leurs comportements !»

Il soupir à son tour. Il avait au moins eu la chance de ne jamais rencontrer ce type d’individus. Après tout, l’homosexualité et la virilité ça n’était pas du tout incompatible. En ce qui concernait une position plus gay qu’une autre, Sam n’avait pas vraiment d’avis sur la question, peut-être parce qu’il ne se l’était jamais posé sérieusement.

Voilà que tu prétends que personne n’a rien à faire ici, et visiblement il ne semble pas très convaincu. Il n’ose pourtant rien dire, comme si sa parole n’avait pas la moindre importance. Ça ne servait à rien de débattre d’une chose dont il était déjà convaincu. Il te dévoila tout de même une partie de son histoire, puisque tu en avais fait de même. Toutefois il n’insista pas sur les détails, comment pourrait-il avouer avoir regarder Steven dans les yeux juste avant que son père ne l’abatte. Le jeune homme préférait de loin oublier ce souvenir pénible de sa lâcheté. Le monde n’était pas fait que de soldats prêt à se battre, c’est vrai; mais de là a ne pas avoir la capacité de se battre pour quelqu’un qu’on aime ? Non...il aurait au moins du protester, tenter sa chance même si ça n’aurait pas fonctionné. Qui sait, peut-être que pour une fois dans sa vie il aurait pu convaincre son père de faire ce qui est bien. Jamais il ne le saura...et jamais il ne se le pardonnera.

Tu lui avoua être content de faire sa rencontre, malgré les circonstances; et il devait avouer que c’était réciproque. Un moment de répit, il n’y avait rien de mieux que cela en ce moment. Énumérant alors les points que vous avez en commun, tu décroches a nouveau un sourire sur le visage de Samuel. Tu avais donc aussi un fantôme du passé ? Un certain James, que tu avais également laissé tombé. Avait-il aussi perdu la vie ? Il n’osa pas poser la question, pas maintenant. Il préférait poursuivre la rigolade :

«T’oublie qu’on est foutrement canon, aussi !»

Rajoute-t-il en ricanant. Tu lui avoue alors ton petit secret et ça l’amuse d’autant plus.

«Ooou...et bien enchanté Monsieur Pritzker.»

Les hôtels Hyatt, hein ? Bon sang, ce que vous seriez bien si vous pouviez vous y trouver !

«Ouais...bordel qu’est-ce que j’serais pas prêt à faire rien que pour dormir dans un bon lit. Alors le spa, le cocktail et le joint, on en parle même pas !»

Il éclate de rire.

«Ça fait du bien de rêver un peu, mec. Y a pas grand-chose pour se divertir ici.»

Il se penche, comme pour te dévoiler un secret :

«Du coup c’qui m’éclate le plus, c’est d’faire chier ces connards qui pense que j’vais pleurer sur mon sort.

Bon, ça m’a bien valu quelque côtes cassées, mais c’était marrant.»

S’il s’agissait d’une proposition? Peut-être. Tout allait dépendre de ton opinion à ce sujet. Après tout, ne serait-ce pas plus marrant de s’amuser a les provoquer ensemble ?

Il souffla un rire devant l’assurance du jeune homme. Il ne savait pas bien l’expliquer mais ce dernier lui semblait familier, ce sourire, cette voix. Il avait une sensation de déjà vu sans savoir y mettre le doigt dessus. Sa présence n’en restait pas moins agréable, justement parce qu’elle lui semblait familière. Comme un vieil ami qu’il aurait retrouvé au milieu de cette galère.

"Pour ne pas dire les plus canons" Ajouta-t-il à sa suite avec une certaine complicité. Il soupira, le fait de se complimenter ainsi l'un et l'autre lui rappela qu'une autre activité lui manquait également. "Je donnerais cher pour baiser aussi..."

Bien que s’il devait être objectif, il avait besoin d’une douche et paradoxalement, d’une bonne coupe de cheveux et d’un bon taillage de barbe. Cela faisait vraiment très longtemps qu’il n’avait plus arborer cette allure avec ces cheveux emmêlé, pas lavé, et cette barbe hirsute aux allures d’un jardin laisser à l’abandon depuis trop d’années. Au moins, cette sensation ne lui était pas étrangère. Il pouvait facilement supporter sa propre crasse et même celle des autres même si, honnêtement, il donnerait tout pour une douche mais au moins cette idée ne l’obsédait probablement pas autant que les autres.

Mais malgré cela, cela ne le protégeait de vouloir rêver un peu. Se présenter officiellement l’avait immanquablement fait penser à sa famille et par association à la possibilité d’être dans l’un de leurs hôtels. Il partagea ces quelques secondes rêves avec un petit sourire au coin des lèvres, heureux d’entendre son compagnon d’infortune le suivre. Ouaip, l’ennuie était probablement une torture tout aussi efficace, si ce n’est plus, que les sévices physiques. Il pouvait aisément se souvenir de ses moments en prison, seul, dans cette petite pièce. Pas de physique, pas de contact, pas même une fenêtre. Il y avait réellement de quoi devenir fou et l’imagination devenait à peu près la seule façon de se distraire.

Au moment où Samuel se penche vers lui, il lui tend l’oreille pour accueillir son "petit secret". A l’image de ce qu’il renvoie et de son attitude depuis le début, il lui explique qu’il prend un certain plaisir à emmerder leurs geôliers. Le timbre de sa voix et le regard qu’ils partagent lui laisse alors à penser qu’il semble presque lui proposer de s’adonner à ce petit divertissement. En temps normal, Aedan n’aurait probablement pas suivit le mouvement, c’est beaucoup de risque pour eux mais également pour les autres prisonniers présent mais cela faisait beaucoup trop longtemps qu’il n’avait pas eu d’échange social et il n’avait clairement pas envie de que ça s’arrête de suite.

Alors c’est un sourire qui vint répondre en premier lieux à Samuel et son aveux. Il avait désespérément besoin de se sentir vivant, de se rappeler qu’il l’était et il avait un ami pour l’y aider à présent.

"Tu pense à quoi ?" demanda-t-il en regardant autour de lui.

Il essayait d’entrevoir leurs gardiens dans la pénombre des lieux. Les androïdes n’avaient pas vraiment besoin de lumière pour y voir quelque chose visiblement.

"J’ai la vague impression que tu es plus doué que moi à ce petit jeu." admit-il ensuite.

En effet, la seule chose qui lui venait en tête était aussi ridicule que stupide. Se mettre à hurler sans raison apparente juste pour faire chier son monde mais une part de lui ne pouvait s’empêcher de penser que ça emmerderait probablement plus les autres prisonniers plus que les androïdes.

Samuel avait également cette étrange impression, comme s’il t’avait déjà vu quelque part. Ton visage et ta voix lui étaient si familier. Pourtant, il n’arrivait pas à mettre le doigts dessus. La déshydratation, la fatigue, la faim, et la douleur n’aidaient en rien, il fallait l’avouer. Il n’avait pas une bonne mémoire à l’avance, mais la, ça battait des records ! Se permettre de plaisanter au milieu d’une telle situation, c’était cruciale pour le jeune homme, sans quoi c’est sa santé mentale qui en prendrait un coup. Comblé de te voir jouer le jeu, il se sens presque soulagé par ta présence. Tu en rajoutes même une couche en avouant que tu donnerais cher pour pouvoir baiser.

«Ah ça...»

Sam s’en mord les lèvres. Depuis quand n’a-t-il pas eu cette chance, lui-même ? L’ambiance de la prison ne se prêtait pas tellement aux rencontres de ce genre. Difficile de penser au sexe quand la survie devient un enjeux. N’est-ce-pas ? Bon, pas qu’il n’y avait jamais songé, mais il avait eu des préoccupations plus importante. Énerver ces androïdes étaient tout aussi amusant, il devait se l’avouer. D’ailleurs tu sembles partant pour y contribuer, cherchant à savoir ce que le jeune Harris pouvait bien avoir en tête. C’est la première fois qu’il avait un complice et pourtant il n’avait pas d’idée lumineuse qui semblaient vouloir naître en lui. Pourtant il ne manquait jamais d'imagination d'habitude ! Encore un effet de la fatigue ? Ou était-ce plutôt parce que normalement il se laissait aller par sa spontanéité ? Peut-être qu'en réalité c'est ta présence qui nuisait à son inspiration ?

«Tiens, c’est bien la première fois que je manque d’imagination. À croire que tu m’déconcentre, beau gosse !»

Ces confidences intimes, ton regard planté sur lui, et cette impression de déjà vu...tout en toi le troublait plus qu’il n’aurait bien voulu l’admettre. Avais-tu également ce sentiment envers lui ? Il n’y avait qu’une seule façon d’en être certain. Inutile de passer par quatre chemins !

«Bon sang, ta tronche me dis vraiment quelque chose, on s’est pas déjà croisé quelque part ?»

Te demande-t-il directement, scrutant attentivement ton visage, tout en oubliant son idée de provocation. Il était beaucoup trop intéressé à savoir d’où il t’avait déjà vu. Parce que plus il te regardait, plus il avait la certitude de te connaître. Un début de migraine se pointait a l’horizon, mais franchement il n’en avait rien à faire, il espérait que tu ai meilleure mémoire que lui à vrai dire.

C’est presque avec soulagement qu’il accueille le manque d’inspiration du jeune homme. A dire vrai, la part trop empathique du passeur avait déjà commencer à lui rappeler que leurs actes pouvaient avoir des conséquences désastreuses pour d’autres personnes qu’eux même. Il ne se voyait pas être capable de gérer mentalement d’être témoin des sévices que pourrait avoir à subir ce Samuel dans son esprit. S’inquiétant bien plus pour les autres que pour son propre sort. A dire vrai, il encaissait déjà tellement depuis un mois que son sort au sein des prisonniers androïde lui semblait presque un répit en comparaison à la prison où il venait. Il souffla un rire en se repositionnant contre le mur, fixant les gens devant lui. Il y avait tellement de peur mais aussi de la colère sur ces visages.

Il préféra reposer ses yeux bleus sur Samuel, se laissant aller à l’observer et deviner ses véritables traits sous la crasse de leur condition. Ce sentiment de déjà vu ne le quittait pas alors, cette sensation d’être avec quelqu’un de familier, comme un vieil ami. Il avait l’impression de déjà le connaître mais ce n’était pas parce qu’il se sentait à l’aise avec lui, non, il avait réellement l’impression de l’avoir déjà rencontré sans être capable de mettre le doigt dessus. Alors, lorsque Samuel exprima à haute voix ce qu’Aedan pensait, ce dernier ne put s’empêcher d’éclater d’un rire franc et surpris.

"J’étais en train de me faire la même réflexion..." lui avoua-t-il après quelques secondes d’hilarité sincère. Reprenant son calme, il reposa à nouveau son regard sur lui, le laissant glisser sur chaque contour de son visage. "Ton visage...Ta voix...J’ai une impression de déjà vu"

Mais comme le prisonnier qui lui faisait face, il n’arrivait pas à savoir pourquoi il avait cette sensation et pourquoi sa mémoire lui faisait tant défaut. Scrutant de longues secondes son visage, il s’arrêta un peu plus longtemps sur ces lèvres comme si ce détail de ces traits lui semblaient plus familière que les autres mais pourtant, sa mémoire continua à lui jouer des tours.

"Soit j’ai très envie de déjà te connaître soit je devais avoir sacrément picoler pour avoir un putain de trou noir" remarqua-t-il avec amusement.

La seconde option n’était pas à exclure au final. Aedan appréciait sortir, ce n’était pas tous les jours ni toute les semaines mais ce n’était pas si rare que ça. Juste pour le plaisir de danser, de boire. Alors oui, il avait quelques soirées dont les souvenirs restaient flou voir plus que flou.

"Et je n'ai même pas une bouteille de vodka pour me rafraîchir la mémoire."

Il était rare que Samuel n’ait aucune inspiration pour embêter les gardiens, mais ta présence y était probablement pour quelque chose. Cette impression qu’il avait de te connaître ne le quittait plus, a tel point qu’il se creusait les méninges dans l’espoir de trouver une réponse. Son regard scrutait à son tour le moindre de tes traits, allant jusqu’à descendre sur ton corps sans aucune gêne. Bon sang, où est-ce qu’il t’avais vu ? ! Il avait beau y réfléchir avec intensité, ça ne semblait vouloir servir à rien. Pourtant, plutôt que de se laisser aller à la frustration, il éclate de rire suite à ton commentaire. C’est incontestablement réciproque; soit Sam a vraiment envie de te connaître, soit il avait beaucoup trop picoler le jour où vous vous êtiez rencontré. Cette idée l’amuse d’autant plus, et il acquiesce d’un signe de la tête.

«Ouais, pour oublier un mec comme moi, faut avoir sacrément bu.»

Plaisante-t-il, amusé par son propre commentaire.

«Quoi que...j’suis certain que tu donnes pas ta place non plus.»

Il rigole. Franchement il se demander comment il aurait pu oublier quelqu’un comme toi, mais la vie nous joue parfois de vilain tour...surtout quand on abuse de ses bonnes choses ! Vraiment, il aurait bien aimé avoir une bouteille d’alcool sous la main lui aussi. Depuis combien de temps n’avait-il pas pu profiter de cet état d’enivrement qui lui plaisant tant ?

«Ouais...si seulement ont avait de quoi picoler.»

Puis soudain une image lui revient en tête : Une soirée arrosé au Black Lotus, toi, Jake, et l’ascenseur ! Mais comment aurait-il pu oublier une telle chose ? ! Les souvenirs refont vivement surface, vos bouches qui se trouvent, vos corps enlacés, le plaisir partagé. Une des meilleures expérience qu’a pu vivre Samuel, et voilà que son esprit voulait l’effacer à jamais ? ! Il se redresse, tout énervé :

«Oh putain ! Ça y est, j’me souviens ! On s’est croisé au Black Lotus, avec Jake, et ça s’est foutrement bien terminé.»

Il a prononcé les derniers mots d’un ton coquin, relevant le sourcil en jetant un regard un peu plus prononcé sur ton corps. Les souvenirs qui lui reviennent sont loin d’être désagréable et là, il aurait presque envie de te sauter à nouveau dessus. Le jeune homme s’en mord même les lèvres, espérant que la mémoire te revienne à ton tour. Bon sang! Le hasard faisait drôlement les choses. Qu’elles étaient les chances que vous vous retrouviez dans la même cellule, quelques années plus tard ?

Il ne peut s’empêcher de te fixer, se demandant si tu étais le même homme plein d’entrain qu’il avait connu. La prison t’avait-elle brisée ? Ou peut-être qu’au contraire, elle avait renforcie ton caractère ? Qu’en était-il de Jake ? L’avais-tu revu depuis les rebellions ? Était-il même toujours vivants ? Si normalement il aurait posé spontanément toutes ces questions qui lui traversaient l’esprit, il n’ose pourtant pas le faire. Peut-être parce qu’il n’a, lui-même, pas très envie de partager sur tout ce qui s’est passé depuis. Toi, au moins, tu t’es montré courageux, contrairement à lui. Aurait-il plus honte de sa propre lâcheté depuis qu’il se souvient de toi ? Fort probablement.

Voilà donc qu’il reste silencieux, en attente de savoir si tes souvenirs refont surface ou pas, comme si ça avait soudain toute l’importance du monde.

Il ne put s’empêcher de rire à sa remarque un peu narcissique, rougissant à la seconde qui le complimentait sans détour. Il n’a pourtant pas l’impression d’être le genre d’homme inoubliable pour être honnête. Peut-être son look qui a tendance à lui valoir le surnom de Jésus parfois, mais de là à être gravé dans la mémoire de quelqu’un...Ses pensées se tournent inévitablement vers Jake, se demandant si l’homme l’a oublié ou au contraire s’il continue encore et toujours de le chercher. Rire lui fait du bien, tellement de bien, même si ça ne fait qu'ajouter un peu plus à l’envi de boire, comme si ce moment n’était rien de plus qu’un apéro à un bar.

Quelque part, il s’accroche à ça, à cette idée, à cette sensation. Ils ne sont pas prisonniers dans une guerre qu’ils n’ont pas demandée, ils sont dans un bar, à discuter, un verre à la main. À faire simplement connaissance et à rire de tout et de rien. Ca lui semble tellement familier qu’il est surprenant que son cerveau n’arrive toujours pas à lui renvoyer les images de cette soirée. Un problème que Samuel ne semble pas avoir tant il s’écrie soudainement ! Ce sont ses paroles qui finiront par tout décoincer.

Des flashes reviennent en mémoire, ce n'est pas tant des images que des sensations, des odeurs. Il fronce les sourcils alors qu’il tente de se remémorer cette soirée, il sait qu’elle a existé, il sait qu’elle a eu lieu et surtout, il sait que l’homme qui lui fait face n’est pas en train de lui mentir. Il vient de parler de Jake. Au fur et à mesure qu’il se rappelle par bribe de moment passer ensemble, son cœur s’emballe et l’espoir naît au fond de lui. Cette impression familière n’est pas seulement le fruit de son désespoir, c’est parce qu’ils se connaissent. Pas énormément s’il devait se montrer honnête, mais assez pour l’émouvoir en cet instant.

C’est par réflexe ou pour retrouver un peu de ce moment qu’il prend le visage de Samuel entre ses mains, l’attirant jusqu’à lui pour venir l’embrasser. Retrouver le goût de ses lèvres, retrouver un semblant de moment agréable à ce cauchemar dans lequel ils se retrouvent tous les deux. Et ce baiser, aussi désespéré qu’agréable, lui rappel à quel point la vie peut être belle aussi. Persuadé que cette nouvelle rencontre n’est pas le fruit du hasard, c’est un rappel qu’il doit s’accrocher, qu’ils doivent s’accrocher, tous les deux. Autour d’eux, s’élèvent déjà des murmures, parce qu’ils ne sont pas les seuls prisonniers du coin et que dans le lot, il doit bien en avoir qu’ils sont moyennement d’accord avec l’idée de se retrouver en présence de deux homosexuels.

Mais ça ne l'arrête pas Aedan, au contraire, ça le motive. Embrasser cet homme réveille d’autres souvenirs de cette soirée, cette complicité qui s’était naturellement placé entre eux dès les premiers instants, ces gestes qui semblaient naturels. Ce n’est qu’au bout de longue secondes d’un baiser fiévreux qu’il finit par s’écarter de quelques millimètres à peine, ses lèvres effleurant encore celle de Samuel lorsqu’il reprend la parole.

"Je crois que je commence à me rappeler" plaisanta-t-il dans un murmure que seul lui peut entendre. "Cet hôtel mérite bien une étoile supplémentaire."