Yloé Turner

Physique

1m70 pour 58 kilos, blond aux yeux bleus, le visage constellé de tâches de rousseur, Yloé est un petit poussin pas encore tout à fait sorti de l'adolescence, son physique reflète sa personnalité, trop fragile, trop innocent, autant dire que personne ne pense qu'il tiendra bien longtemps ici, pas même lui.
Il a également un certain nombre de cicatrices, hématomes, blessures diverses et variées sur le corps, les plus anciennes ainsi que celles qui commencent à s'estomper doucement lui ont été infligées par son très charmant beau-père, les autres ainsi que le tatouage fraichement imposé dans sa nuque sont la signature de ses nouveaux et non moins charmants bourreaux

Caractère

Naïf et beaucoup trop innocent, Yloé reste un gamin qui malgré la violence qui a rythmé sa vie n'a jamais vraiment réussi à intégrer des faits qui pourraient pourtant lui sauver la vie en temps de guerre : les gens mentent, les gens ne veulent pas du bien à tout le monde
Fragile, trop docile, peureux, il a été traumatisé par la vie qu'il a mené avant, un rien peut le mettre dans des états d'angoisse incontrôlable, la peur peut même le pousser à accepter des choses qui sont contre sa morale s'il le faut

Débrouillard, malgré tout Yloé sait se débrouiller seul, pour avoir été livré à lui-même une bonne partie de sa vie entre une mère démissionnaire, un père en prison et un beau-père alcoolique, s'il en a la possibilité, il sait réfléchir et tout mettre en œuvre pour régler une situation problématique
Digne de confiance, exception faite aux moments où la peur le fait avoir des comportements qui peuvent aller contre ses propres valeurs, il est une personne à qui on peut confier tous ses secrets et surtout qui met un point d'honneur à tenir toutes ses paroles
Indulgent et empathique, à la limite parfois du syndrome de Stockholm, il essaye de toujours comprendre et même excuser ceux qui le blessent
Diplomate, probablement lié une nouvelle fois à son anxiété et à sa peur constante de voir les choses mal tourner, il a appris à parler prudemment et tourner sept fois la langue dans sa bouche avant de s'exprimer

Histoire

Tu n'étais pas destiné à avoir une vie aussi merdique, une famille aussi brisée, ton histoire ressemblait à celle de beaucoup d'autres au début, une enfance un peu banale, une enfance presque heureuse.

L'argent manquait, le travail aussi mais tes parents avaient toujours eu la délicatesse de ne pas te le faire ressentir, de ne pas t'inquiéter, tu n'entendais jamais parler des loyers impayés, des factures d'électricité, des relances qui s'entassaient, des androïdes qui les remplaçaient, pas plus que tu n'avais conscience des activités que faisait ton père pour essayer d'empêcher sa famille de sombrer, tu ne savais rien et ce fut certainement pour cette raison que son arrestation fut si violente à vivre pour toi, pour ça et parce que tu étais là ce jour là.

Tu avais six ans à peine, tu jouais simplement avec lui dans la cour de votre petite maison quand ils ont débarqué, ne lui laissant même pas le temps de parler, ne lui laissant même pas le temps de demander à ce qu'on te tienne écarté, encore aujourd'hui, alors que tu as pourtant vu des choses bien pire à présent, il t'arrive de revoir ces images en cauchemars, celles de ton père plaqué au sol, menotté de force alors que toi, haut comme trois pommes, tu hurlais de toute tes forces, essayant de les empêcher de l'arracher à toi, balançant ici et là coups de pieds et coups de poings, tu te souviens la froideur, la violence de leurs gestes, les mains sur toi alors qu'ils t'embarquaient aussi, incapables de comprendre que tu n'étais qu'un gosse effrayé, incapables de faire preuve d'un soupçon d'humanité.
Tu te rappelles ensuite du temps passé dans le bureau des officiers, peut-être juste quelques minutes mais qui dans ta perception du temps avaient parues durer des heures, à pleurer en silence avant qu'enfin une femme, ayant remarqué la détresse dans laquelle tu te trouvais t'explique les choses, avec des mots accessibles pour l'enfant que tu étais.
Ton père, ton héros, était impliqué dans des activités illégales, ton père, ce modèle, cet homme parfait, tu risquais de ne pas le revoir libre avant de nombreuses années et dans ta tête d'enfant, parce qu'il était impossible, trop difficile de le blâmer lui, de le condamner lui, ce fut eux, que tu tins pour responsable, ceux pour qui il travaillait, pour toi ils avaient volé ton père, ils l'avaient condamné.

Paradoxalement pourtant ce ne fut pas à cet instant précis que les choses basculèrent réellement, ce n'était jamais que l'élément déclencheur, le trigger du désastre à venir que tu ne voyais pas encore, dans ton quartier avoir un père en prison était loin d'être exceptionnel, presque anodin, tu n'étais pas confronté aux jugements, tu continuais ta vie avec ta mère normalement 

La véritable chute eut lieu quelques années plus tard, lorsque ta mère refit sa vie, séparée de ton père depuis de longues années déjà tu la voyais sortir de plus en plus tard le soir, revenir avec un sourire niais sur le visage, tu avais déjà deviné, tu te doutais et pourtant instinctivement, ce beau-père qu'elle t'imposait, tu n'as jamais pu le supporter, tu l'as détesté à l'instant même où tes yeux ont croisé les siens, parce qu'il venait voler la place de ton père peut-être, une place qui n'était pas à prendre, parce qu'il venait bousculer une routine confortable probablement mais il y avait autre chose aussi, quelque chose en lui qui éveillait en toi une voix qui te soufflait de te méfier. 
Il aura fallu seulement quelques mois pour que tu comprennes de quoi il s'agissait, il aura suffit d'un rien, tu ne saurais même plus dire quoi et les coups avaient commencé à pleuvoir sur toi, la faute à l'alcool sans doute, tu l'avais rapidement compris en voyant les canettes de bière qu'il s'enfilait et qu'il entassait dans la poubelle chaque jour depuis qu'il s'était installé ici, le pire restait probablement de voir ta mère ne rien faire, rester passive, te dire droit dans les yeux que dans un sens, d'un côté, il n'avait peut-être pas complètement tort dans son désir d'éveiller en toi un peu de virilité, c'était peut-être juste sa manière à elle de se protéger, de se dire que si c'était toi ce n'était pas elle, utiliser son propre gamin comme bouclier.
Ton quotidien devint alors rapidement rythmé par les restrictions, la répression, la violence et la peur te forçant à développer un certain talent pour le mensonge et la dissimulation, tu ne comptais plus le nombre de fois où tu avais accusé la boxe que tu ne pratiquais même pas – certainement pas- pour les traces de coups sur ton visage ou sur ton corps, où tu avais volé le maquillage de ta mère pour essayer de rattraper les dégâts tout en essayant simultanément de te forcer à chercher un peu d'aide. Toutes les semaines tu passais la porte du commissariat, toutes les semaines tu essayais d'aller porter plainte, toutes les semaines tu faisais demi-tour aussi, espérant qu'un jour quelqu'un vienne te retenir ou que tu aies la force d'aller au bout de ta démarche, toutes les semaines tu priais pour que quelque chose se passe.

Comme le dit l'adage be careful what you wish for, tu allais l'apprendre en en payant le prix fort.

Cette fois tu avais bien cru que tu n'y survivrais pas, tu étais bien incapable de savoir combien de temps ça avait duré, combien de temps durant il avait extériorisé toute sa colère et sa frustration sur toi, tu sais juste qu'à un moment tu avais simplement fermé les yeux et attendu que la tempête passe, fermé les yeux en espérant avoir la chance de pouvoir les rouvrir et, lorsque tu l'avais fait, le corps endolori, le goût du sang encore sur les lèvres, tu avais pris ta décision, tu ne pouvais pas rester ici, tu ne pouvais pas rester avec lui à supporter encore et toujours sa violence, tu ne pouvais pas rester là à attendre le jour où il irait trop loin, cette fois le point de non retour était atteint.

A dix-huit ans, après plus de six ans à encaisser, à te taire, tu étais las d'être encore et toujours sa victime.
Inconscient alors de ce que l'avenir te réservait, tu avais simplement attrapé un sac à la hâte, ramassé quelques affaires qui traînaient ça et là, rassemblé tes maigres économies et tu avais fui sans te retourner, fui pour ta vie mais tu avais le pire karma de l'univers Yloé.

Tu venais à peine de prendre la route du centre ville lorsque ton chemin croisa celui d'un groupe d'androïdes à l'air hostile. Soudain, comme émergeant d'un rêve, revenant à la réalité après l'urgence, tu te te rappelas où tu vivais exactement, tout ce que tu avais entendu aux actualités récemment sans vraiment te sentir trop concerné, leurs revendications, leur révolte, la guerre, le fait que ce monde était en train de s'effondrer ou à défaut de vaciller.
Tu aurais aimé avoir quelque chose d'intelligent à leur dire, quelque chose qui aurait pu t'épargner, un peu de compassion peut-être, un peu d'empathie mais tu étais tellement épuisé, tu avais tellement mal que tu ne tentas rien, pas un mot, pas un geste. T'aurais-t-il même écouté noyé dans leur haine et leur souffrance ? Rien n'était moins sûr alors tu t'étais laissé emporter et emprisonner, d'un bourreau à un autre, qu'est-ce que ça pouvait bien changer ?