That's what it feels like to kill ?

Un mois... Qu'il s'est fait prendre sur Woodward Avenue comme un con, qu'il croupit dans une cellule avec à peine de quoi tenir pour survivre, et qu'il se bagarre avec son codétenu à chaque seconde de ses journées pour tromper l'ennui. Un mois... Qu'il se demande ce que fait sa sœur en dehors, qu'il rumine de ne pas pouvoir défoncer la sale petite gueule de Samuel, et qu'il s'en veut d'avoir passé un deal avec sa tortionnaire. Parce que North attend des résultats depuis près de huit jours. Et parce que la cheftaine de la Rébellion n'est clairement pas réputée pour sa patience, c'est dans une sombre arène qu'il doit régler la question. En se battant comme un diable face à celui qui lui tenait compagnie il y a un quart d'heure de cela. La règle ? Le vainqueur met à mort le vaincu et reste en vie. Ça s'arrête là. Pas d'armes à sa portée, juste ses poings et son expérience de souffre douleur qu'il se coltine depuis l'âge de cinq ans. Autant dire que le rouquin est envahi par une rage indescriptible, par un mal-être qu'il n'a jamais été capable d'arranger plus d'une journée sans prendre le double derrière. Un pas en avant, deux en arrière... Telle est l'histoire de sa vie à Owen.

▸Owen... Pitié... Je ferai c'que tu voudras...

Mais pas aujourd'hui. L'idée de crever de la main de ce ringard ne le branche pas du tout. Et même si sa propre existence est à prendre avec des pincettes, le poil de carotte n'était pas prêt à le laisser gagner sans prouver de quoi il était capable... Ce qui explique pourquoi l'homme baigne dans son propre sang et pas lui. Ce qui explique pourquoi Owen l'observe sans la moindre once de compassion lorsqu'il se décide à l'étrangler de toutes ses forces. Il avait beau se débattre le vaincu, taper du pied et tenter de lui griffer les bras... Ça n'a servi à rien. Parce que le fils unique qu'il a toujours été sait se démerder, sait qu'il vit dans un monde pourri qui ne veut pas de lui, et qu'à moins d'un miracle qu'il n'est pas certain de sortir d'ici en respirant encore. Au final ? De ce qu'il peut tirer de cette brève expérience de la mort ? Rien. Aucune satisfaction. comme s'il avait mangé de la glace à la fraise. Aucun remord non plus, puisqu'il n'a pas eu le choix de le faire. Aucun sourire, ni aucun rire malsain dont il a l'habitude. Le néant absolu, comme s'il avait écrasé un cafard de sa chaussure lacée. Son regard d'une neutralité sans faille envers la salope qui observait la scène ne trompe personne. Le jour où il prendra du plaisir à tuer, se sera pour Elle. Pour celle qu'il rêve d'étriper et de bouffer à la gorge.