Pourquoi ?
C’était probablement la question qui t’obsédait le plus concernant toute cette situation et celle sur laquelle tu t’épanchais également le plus sur ton blog, étalant au fil des articles, mots après mots, phrases après phrases tes doutes. Si tu étais sûr depuis le premier jour que la “déviance” des androïdes n’était qu’un simple bug, tu n’arrivais toujours pas à déterminer s’il s’agissait d’un travail mal effectué, une erreur humaine qui avait foutu en l’air ce qui aurait dû être la plus belle création et la plus belle avancée scientifique de cette ère, ou s’il s’agissait d’un sabotage volontaire, si Elijah Kamski, aujourd’hui porté disparu, n’était pas le terroriste le plus ingénieux de l’Histoire et tu avais beau y réfléchir, parler avec des androïdes déviants, en démonter d’autres, les réponses n’affluaient pas assez vite pour toi et la frustration se faisait sentir, un peu plus forte chaque jour, au point d’avoir presque réussi à te détourner de ton travail.

Ce ne fut qu’une fois ton frigo vide, ton estomac criant famine et ton banquier te signalant très aimablement que ton seuil de découvert était amplement dépassé que tu finis par reprendre contact avec la réalité, par chance les années avaient suffit à fidéliser tes clients et malgré ton absence, tu ne mis que quelques secondes à trouver dans ta montagne de mails non lus une demande qui te permettrait de rembourser ton découvert et remplir ton frigo.
Ce client là, un habitué, te demandait simplement des modifications et améliorations de son androïde, non déviant précisait-il, ce qui t’arracha un sourire amer, et, au lieu de simplement te rendre dans une décharge pour te servir, tu décidas qu’il était plus amusant d’essayer de voler un androïde qui appartenait à une autre personne.
Grisé par le danger, l’adrénaline affluant déjà dans tes veines, tu pris à peine le temps de te laver et sauter dans des vêtements propres, soignant comme toujours ton style faussement négligé, que déjà tu émergeais en ville à la recherche d’une cible rapidement identifiée.
WR600, entretien des jardins et espaces verts.
En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire tu t’approchas de lui mais dans ta hâte tu n’avais probablement pas été suffisamment vigilant puisque alors que tu t’apprêtais à passer à l’attaque, tu entendis une voix derrière toi.

“Simone Lindberg”

Le ton était las, tellement las qu’à moins que la voix de ta mère ou de ta sœur ne soit devenue excessivement grave depuis votre dernière rencontre...dispute, il ne pouvait s’agir que d’un seul type de personne, un officier de police usé à force de te courir après depuis ton arrivée sur le sol américain.

“ Alors je proteste, j’ai rien fait, je l’ai même pas désactivé encore ! ”

Mais ta défense devait être bien faible puisque l’homme se contenta de lâcher un long soupir avant de t’embarquer au commissariat.

“BONJOUR”

Ce fut la première chose que tu dis...hurlas en arrivant dans le bâtiment, bien décidé une fois encore à signaler à tout le monde ta présence avant de t’installer sur une chaise dans le couloir.

“ L’inspecteur Park va te recevoir”

Inspecteur Park...Un petit ricanement -du genre qui ressemblait plutôt à un reniflement méprisant- t’avait échappé. Gabriel du lycée...Ce cafard.

Quand la porte s’ouvrit, tu entras avant même d’y avoir été invité, t’étalant presque sur une chaise, un peu plus et tu mettais les pieds sur son bureau.

“Salut. Je te fais pas la bise mais le cœur y est, comment tu vas depuis tout ce temps ?”