It's just a bad dream

La journée n'avait jamais été aussi belle. Grâce à cette fête emblématique des amoureux, Hélène et Kylie se lovaient l'une contre l'autre au sommet de l'un des nombreux gratte-ciels en ruine de Détroit, face à un magnifique coucher de Soleil. Tout était splendide, rien ne pouvait ternir ce cadre idyllique dans lequel elles roucoulaient sans le moindre effort. Leur galerie d'art ameutait de plus en plus de curieux, Alice leur rendait visite souvent, même Connor avait fait l'effort exceptionnel de constater de ses yeux que le duo de Traci s'en sortait avec brio. Que pouvaient-elles rêver de mieux ?

La brunette tenait la main de la rousse, sourire plaqué sur ses lèvres roses. Le rouge lui montait aux joues lorsqu'elle voulut lui souhaiter ce que la coutume préconisait dans un moment pareil. Joyeuse Saint-Valentin mon cœur. Et non, elle n'avait ni chocolats, ni roses rouges à lui offrir pour sceller leur amour indéfectible. Kylie en avait-elle besoin ? Hélène l'ignorait tout simplement. Et même si sa présence faisait office de présent des plus convenables, elle se sentait un peu bête de ne pas y avoir pensé. Le marron glacé de ses iris se confrontait au bleu givré des yeux de sa belle. Non, rien ni personne ne pouvait les séparer... Ce serait du suicide ! Et pourtant, au loin, une paire d'yeux malsains les observaient avec admiration, et la pire des choses qui pouvait leur arriver.

It's just a bad dream

Elle avait du travail à la galerie, fermée au public pour un grand nettoyage de printemps. Elle et sa sulfureuse Kylie, toutes deux affairées dans leur coin pour gagner du temps. Elle espérait un peu de calme et de sérénité, debout dans une allée, en train de défaire des cadres. Le but de la manœuvre ? Retirer l'ancienne expo pour une nouvelle. Réarranger les panneaux dans toute la galerie, modifier les lumières pour faire croire à la nuit noire... Une liste bien carrée, sans le moindre accro.

C'était simple pourtant vu sous cet angle. Mais parfois le karma pouvait jouer des tours, même aux plus méritants. Si bien que les amoureuses ignoraient qu'une intruse s'était faufilée dans leur antre de prédilection... Et qu'elle zieutait la Baby Doll en ce moment-même. Qui est là ? lança t'elle tandis qu'elle ressentait cette présence cachée. Et puis, une femme apparut devant ses yeux. Un modèle Traci aux formes trop exposées qui respirait la sensualité. Bonjour Hélène. Pardon ? La brune fut scotchée par sa prestance, mais pas au point de la détailler comme le ferait n'importe quel humain dépendant à la chose. Qui es-tu ? Inutile de préciser qu'elle n'aimait pas ça. Qu'espérait cette androïde au juste, affublée de la sorte ? Je m'appelle Pénélope. Ah oui... Une Traci de séduction dans toute sa splendeur... Avec un nom pareil, elle pouvait inciter l'homme à commettre des crimes. Et la Baby Doll ne se sentait pas très bien face à elle. Comme si le Malin avait fait son apparition. Je ne te connais pas ! Avec une pointe de colère dans sa voix. Mais moi je te connais Hélène...

De mieux en mieux. Elle déposa son cadre à terre et croisa ses bras sous sa faible poitrine. Pour la première fois de sa vie, la brune allait crier sur l'une de ses semblables. Et alors ? Vaine tentative qui fit sourire la blonde. Et qui ne plut pas à la Baby Doll. Pars d'ici. Tu n'auras rien de moi. Ses derniers mots, assez forts pour que Kylie se précipite vers sa belle en pressant le pas. On se reverra ma jolie. Et elle disparut dans la pénombre, laissant le couple dans le désarroi le plus total.

It's just a bad dream

Rien n'allait plus au sein du couple. Depuis l'apparition de cette Pénélope, le duo de Traci avait eu la désagréable surprise de la voir se pointer à elles, chacune de leur côté. Et Kylie venait d'en faire les frais la veille. Ça rendait Hélène complètement folle ! Il y avait de quoi s'inquiéter, puisque cette androïde ne semblait reculer devant rien pour obtenir satisfaction. Et bien malgré ses deux tentatives aussi vaines, la brune et la rousse faisaient tout leur possible pour ne pas se perdre de vue, même si de temps à autre elles avaient ce besoin de prendre l'air et d'oublier cette femme atroce.

Pourtant, l'intruse avait été clairement avertie par Kylie. Qu'elle ne devait plus revenir à la galerie, sous peine de menaces on ne peut plus réelles. Est-ce qu'elle avait pris la décision de se raviser ? Pas le moins du monde non. Parce qu'encore une fois, tandis que la Baby Doll se démenait à nettoyer la grande allée recouverte de soda renversé par une troupe d'enfants trop peu enclin à la propreté des lieux, elle ressentait de nouveau cette présence malsaine. Sauf que cette fois-ci, elle y était préparée. Alors Hélène se releva et cria : Je sais que tu es là ! Sans même l'appeler par son prénom, car ce serait là lui accorder que trop d'importance. Bonsoir ma Hélène. C'était reparti pour un tour. Elle avait changé de tenue, plus formelle bien que son aura soit d'autant plus forte. Je ne suis pas ta Hélène. Son appartenance revenait à son cher mètre quatre-vingt de sensualité, personne d'autre. Ne l'avait-elle pas encore compris ? Tu le seras dans un instant. Oh ça non pas question !

Furieuse comme jamais, la brunette était sur le point d'appeler Kylie en renfort quand tout à coup, Pénélope se jeta sur elle et la plaqua contre un mur de la galerie. Vas-y, crie. Elle le voulait vraiment là, mais elle ne put émettre aucun son de sa bouche. Parce qu'elle se sentait comme hypnotisée par la blondasse qui maintenait Hélène d'une drôle de manière. Main gauche sur sa taille, et main droite qui serrait sa gorge, elle se léchait la lèvre supérieure avec envie. Tu vois ? Tu es à moi... Et sans lui laisser la moindre chance de rétorquer quoi que ce soit, Pénélope se rapprocha et embrassa fougueusement Hélène.

It's just a bad dream

Onze jours après l'incident. Hélène marchait dans une allée de la galerie, les mains dans les poches et le regard vide. Elle s'en voulait trop, ça oui, de ne pas avoir réussi à se défaire de l'aura maléfique de cette Pénélope. Fort heureusement, elle n'était pas encore réapparue dans son champ de vision. N'importe qui penserait à raison que la blonde avait capitulé mais... La brune s'imaginait le contraire. Parce que l'autre femme devait ruminer sa défaite, dans l'espoir de revenir à la charge plus mûre. Mais Kylie dans tout ça ? Avait-elle digéré ce qu'elle avait vu par la contrainte ? Oui et non. La rouquine n'en voulait pas à sa Baby Doll, mais il y avait autre chose de noir qui la taraudait dans sa mémoire bionique. Le couple avait du mal à se parler, bien que leur amour demeurait intact malgré les derniers évènements.

Alors que choisir dans des conditions aussi folles ? Si ce n'est attendre sans rien faire... Pour l'une comme pour l'autre, c'était trop douloureux à supporter. Heureusement que le travail à la galerie occupait toutes leurs journées ici ! Sinon ce serait pire. Mais Hélène avait une foi aveugle en Kylie et vice versa. Et si cette Pénélope devait revenir sur leurs plates-bandes afin de réclamer ce qui ne lui appartenait pas... Ce serait la guerre. Les déviantes se sont enfuies de l'Eden Club une nuit alors qu'elles étaient traquées par @Connor RK800, elles peuvent faire face à n'importe quoi. Quitte à tuer le modèle WR400 s'il le fallait !

It's just a bad dream

Les Traci avaient de quoi se réjouir. Pénélope n'était toujours pas réapparue depuis la menace à peine voilée de Kylie. Même si cette dernière insistait pour que sa brune soit l'appât idéal, elle n'aspirait qu'à remettre son couple sur la bonne voie. Seule la rousse savait faire battre son cœur au quotidien, personne d'autre. Ainsi, en ce jour de relâche amplement mérité, les filles se prélassaient côte à côte sur leur canapé, comme la semaine précédente, à reluquer inlassablement de vieux clichés datant de leur évasion de l'Eden Club. Il n'y avait que ça qui les faisait vivre : leur amour et la photographie. Et la petite Alice dans tout ça ? Oh elles ne s'en cachaient pas ! Elles la considéraient bien comme la petite sœur idéale en toutes circonstances. Bien que Kara et Luther n'étaient que peu présents ces derniers temps, Hélène se réjouissait toujours, de revoir cette jolie frimousse si souriante dès qu'elle passait les portes de leur galerie d'art. Et c'est ce qu'elles pouvaient appeler... Une famille. Je t'aime. La brune n'était jamais avare dès qu'il s'agissait de dire ce qu'elle ressentait pour Kylie, bien que ce soit de plus en plus difficile à supporter pour cause de jalousie d'une tierce androïde que peu farouche à la réflexion. On aura cette pétasse, tôt ou tard. Non de rA9 ! Une insulte ? Elle qui se cantonnait à toujours rester polie, peu importe les situations ! Voilà qu'elle exprimait enfin son dégoût pour cette femme. Une première !