Plus les jours passent, plus je me demande vraiment si ça en valait la peine. Que voulais-je dire par là ? Ma mère est toujours entre les mains des docteurs depuis le mois de février. Blessée à cause d’une androïde qui s’est trop attachée à moi. Elle avait tué mon père et après elle s’en ai pris à ma mère. Oui, j’aurais pu la laisser faire, mais… Je n’y arrive pas, mais pas du tout. Je ramassais tout mon courage pour aller enfin la voir à l’hôpital. Je me donnais congé pour la matinée jusqu’à l’après-midi, après je me concentrerais pour mon art ainsi que pour la Coalition. Il y avait certainement des missions à faire, non ? Je m’en voulais toujours pour la dernière mission effectuée avec Panther. On n'avait eu aucune information, mais on avait tué tous les androïdes présents. Il m’avait sauvé la vie, deux fois. Je lui en dois une, c’était certain.
Je prenais ma voiture et je roulais jusqu’à l’hôpital pour rendre visite à ma mère. Suis-je nerveuse ? Oui, je déteste ce genre d’endroit, ça a un petit côté glauque. Et puis, une autre nouvelle qui est parvenue jusqu’à mes oreilles. La disparition de Jake. Encore, mais je sais que ce n’est pas Matt qui est derrière tout ça. J’ai mon doute de son emplacement. J’aime Matt, mais Jake faisait partie de la Coalition, il fallait songer à un plan afin de le récupérer, et oui, ça pouvait prendre du temps, car on ignore l’emplacement de la Rébellion. C’était une vraie plaie. je pouvais m’informer, mais ça risquait d’élever certains soupçons. Puis-je enfin être heureuse auprès de l’homme que j’aimais ? Matt et moi étions un couple, mais on se cachait encore…
Je secouais doucement, il fallait que je me concentre, malgré qu’il me rendait tellement heureuse. Qui aurait cru que Phoenicia serait finalement heureuse en amour ? Même moi j’ai du mal à y croire. Je garais ma voiture, je prenais une grande inspiration avant de sortir de cette dernière me dirigeant vers l’intérieur du bâtiment. Je glissais mes mains dans mes poches montant jusqu’à l’étage où était ma mère. Sortant de l'ascenseur, je marchais jusqu’à la chambre. Je me stoppais devant la porte, j’hésitais. J’avais l’impression que le monde avait cessé de tourner. J’entendais uniquement ma forte respiration et mon cœur battant contre ma poitrine. Pour finalement ouvrir la porte.
Mon regard se dirigeait vers ma mère. Elle était complètement endormie. Elle avait l’air si paisible. Pas la femme dont j’ai connu. Je m’approchais doucement d’elle, elle était toujours dans le coma. Je tirais la chaise pour m’y asseoir avant de lui prendre gentiment la main. Je la regardais avant de baisser le regard.
“Tu n’as pas été correcte avec moi, mais… Tu ne méritais pas ça. Je m’excuse.” soufflais-je doucement. “Je te vengerais… Tu as ma parole.”
Ça allait prendre du temps, mais j’étais très patiente. Je me levais pour lui embrasser gentiment son front. Je chassais rapidement une larme qui voulait faire son chemin sur ma joue. Je l'en empêchais. Je replaçais la chaise à sa place me dirigeant vers la sortie de la chambre. Je tournais ma tête vers la droite voyant l’un des médecins qui prenait en charge ma mère. J’esquissais un bref sourire. Je m’approchais doucement vers lui, glissant mes mains dans mes poches.
“Bonjour docteur, comment allez-vous ?” demandai-je ne cessant de sourire. “Je viens de voir ma mère, son état semble être stable, est-ce qu’il y a du nouveau ?”
Voilà depuis le 14 avril que je m’occupe d’un certain Wolf. Il était enfermé au repaire rebelle. North s’était bien occupé de lui en lui sectionnant l’annulaire gauche, et ce, après trois jours passés sans la moindre nourriture ou eau… Il avait manqué de se vider de son sang… Quel gâchis. Heureusement que North avait fini par m’appeler pour lui prodiguer des soins. Je l’avais laissé sur sa croix le temps de bien observer en détail son état global, avant de le détacher et le conduire à mon labo. Je l’allongeai sur une table et préférai prendre aucun risque en l’attachant. Là, je m’en pressai de faire cesser l’hémorragie. Je ne réussis pas à retrouver le membre coupé alors, je me résolus à recoudre la plaie ainsi. Ensuite, je le mis sous perfusion afin de le réhydrater rapidement. Évidemment, il me traita de tous les noms pendant toute mon intervention.
La veille encore, j’avais suivi son état physique, la parfaite cicatrisation de sa plaie, ainsi que sa santé psychologique. Ce patient n’était en rien un admit à l’hôpital, non… Mais il était vraiment intéressant à étudier…
Aujourd’hui, j’étais à mon travail, mon vrai travail, celui de l’hôpital. J’avais à suivre, trois patients et une urgence survenue dans la matinée. Les heures défilèrent et tandis que j’allais pour prendre ma pause, j’entendis une petite voix m’appeler. Je souris machinalement en reconnaissant sa propriétaire.
« Mademoiselle Reid. Je ne m’attendais pas à vous voir. »
Fis-je simplement, avant qu’elle me demande de mes nouvelles.
« Je vais bien, je vous remercie et vous ? »
J’avais bien vu ses yeux rougis, avait-elle pleuré ?.. Mes doutes se confirmèrent lorsqu’elle me dit qu’elle était allée voir sa mère.
« En effet, son état reste stable depuis quelques jours, ce qui est encourageant pour l’avenir. Il ne faut pas désespérer, j’ai de bonnes raisons de penser qu’elle se réveillera… Mais que diriez-vous de poursuivre cette discussion dans mon bureau ? On sera plus tranquille. »
ϟLe docteur Bishop ne s’attendait pas à me voir. Bien évidemment, je n'appelle pas quand je rendrais visite à ma mère. Ce n’était pas comme si je lui rendais visite à chaque semaine, non, je venais quand le temps me le permettait. Aujourd’hui ça été une pure coïncidence et surtout tombée sur l’un des médecins qui s’occupait d’elle était d’une rareté. Je le regardais tandis qu’il retournait mon sourire. Je lui ai demandé de ses nouvelles en passant, comme à chaque fois que je le voyais. C’était ma façon d’être. Il allait bien, il me retournait la question.
“Je vais bien également, merci.”
Je souriais faiblement, mais c’était sincère. Il était médecin, pas psychologue. J’allais bien. J’étais heureuse avec Matt, ça ne faisait aucun doute. Mais j’étais inquiète pour l’état de ma mère et sans parler de la disparition de Jake. Le tout arrivait en même temps. Comment le vivre ? A jurée que c’était de ma faute, que j’aurais dû faire plus pour lui… Il est trop tard et j’avais fait mon choix.
Je me concentrais sur ma mère. Je lui demandais s’il y avait du nouveau sur son état, qui semblait être stable. Il affirmait, à mes dires, que son état était stable depuis quelques jours. Ce qui était encourageant pour l’avenir. Bien. Il ne fallait pas désespérer. Oh, j’étais loin de l’être… Il avait de bonnes raisons pour qu’elle se réveille un jour. Il suggérait par la suite de continuer cette conversation dans son bureau, que l’on sera plus tranquille.
“Bien évidemment, je vous suis.”
Il passait devant et nous nous dirigeâmes vers son bureau. Arrivé à destination, je prenais place sur la chaise face à son bureau.
“Donc… Vous avez de bonnes raisons qu'elle se réveille un jour ? Ça va faire étrange… Pas que je sois habituée à ce qu’elle soit ici à longueur de journée, mais… La dernière que je l’ai vu n’a pas été une conversation positive.” j’haussais doucement les épaules. “Si j’aurais arrivé trop tard… On aurait même pas cette conversation aujourd’hui.” je fronçais les sourcils baissant mon regard. “Heureusement que ce genre de nouvelle ne fait pas la une des journaux. Je ne l’aurais pas supporté.”
Je me souvenais de ce moment comme si c’était hier. En premier, l’androïde s’en était pris à mon père. Ça je l’ai appris par le biais des policiers. Un meurtre comme ça dans une ruelle. Ensuite elle s’en était pris à ma mère pour faire de même, mais j’étais arrivée à temps avant qu’elle fasse le coup fatal. Après ça… Elle m’a assommée pour m’emmener dans sa chambre qu’elle louait… Tout c’était passé très rapidement.
"Ça aurait un impact sur ma carrière, risque que je ne veux pas prendre. J’en ai assez bavé comme ça.” soufflais-je doucement. “Pardon…” je me raclais la gorge pour reprendre sur moi-même. “Vous direz dans combien de temps qu’elle se réveillera ? Approximativement, bien entendu…”
La fille de la patiente que je suivais depuis maintenant quelque temps, allait bien. C’était déjà ça… La santé de sa mère m’avait beaucoup occupé, je devais le reconnaître et durant un moment, je ne savais pas si mes collègues et moi-même parviendrons à la passer du stade critique à stable… Chose que nous parvinrent finalement à faire. Ce fut laborieux, je le reconnais, et je dus passer quelques nuits à l’hôpital pour m’assurer en personne que la santé de madame Reid ne se dégrade pas entre temps. Mon travail c’était ma passion, et comme toute passion, on ne compte pas le nombre d’heures passées à la tâche.
Maintenant que l’état de santé de ma patiente était stable, je pouvais me permettre de relâcher la pression que je me mettais, et ainsi, je pouvais me reposer de façon plus conventionnelle, à savoir : chez moi.
Mademoiselle Reid accepta ma proposition de venir dans mon bureau, parfait…
« Veuillez me suivre. »
Je pris les devants pour lui indiquer le chemin, même si elle était déjà allée dans la pièce. C’était une sorte d’habitude. J’espérais qu’elle ne m’en tienne pas rigueur. Ce ne fut qu’une fois devant la porte que je déverrouillai, que je lui indiquai d’entrer et de prendre place sur la chaise en cuir noir, face à mon bureau en verre noir sur lequel était posé un ordinateur. Les dossiers de chacun de mes patients étaient quant à eux, stockés dans un disque dur externe, relié à l’ordinateur.
Fermant la porte derrière nous, je contournai le bureau pour m’asseoir à mon tour sur ma chaise ergonomique noire matelassée, à roulettes.
Elle me parla de la dernière conversation qu’elle avait eu avec sa mère, mais surtout du fait que ce n’avait pas été un échange des plus positifs.
« Et biens, pour pourrez effacer cette conversation et la remplacer par une autre plus positive, le jour où elle se réveillera. »
Je posai mes mains sur le bureau, avançant mon fauteuil pour avoir une meilleure posture.
« … Je ne veux évidemment pas vous donner de faux espoirs, ce n’est pas mon but, comme vous pouvez vous en douter… Mais oui, j’ai vraiment de bonnes raisons de penser qu’elle se réveillera. Ses constantes sont bonnes. Il lui faut le temps que son corps finisse d’encaisser ce qu’elle a vécu, ce traumatisme était violent… »
Je parlais en toute transparence avec elle. Je n’avais aucune raison de lui cacher quoi que ce soit.
« Pour ce qui est de la médiatisation de cet événement, sachez que je me refuse de divulguer la moindre infirmation aux journalistes. C’est privé. »
Ses chiens de médias n’auraient pas une seule miette d’info avec moi, c’était certain… Et en même temps, nous étions à Detroit, une ville qui n’arrêtait pas de bouger. Chaque jour avait sont cotas de drame, et ça allait en augmentant avec le temps…
Mademoiselle Reid enchaîna en parlant des conséquences que ça aurait sur sa vie.
« Ne vous en faites pas. Ils ne sauront rien. »
Alors qu’elle se raclait la gorge, je finis par ouvrir le dernier tiroir de mon bureau, pour en tirer une boite de mouchoir que je lui tendis.
« Tenez… »
Je lui souris poliment puis répondis à sa nouvelle interrogation.
« Oui, vous serez la première personne que je contacterai au moindre signe de réveil imminent. Mais pour l’heure, il m’est impossible de vous dire une date. Je regrette. »
ϟIl suggérait d’effacer la dernière discussion pour une nouvelle un peu plus positive. Si seulement c’était possible. Le jour où elle se réveillera. J’ignorais si elle allait s’en souvenir de quoique se soit. Elle avait eu un sacré coup à la tête. Il ne voulait pas me donner de faux espoirs, que ce n’était pas son but. Mais il y avait de bonnes raisons pour qu'elle se réveille. Ces constantes étaient bonnes. Il fallait donner du temps à son corps pour terminer d’encaisser ce qu’elle a vécu. À ces paroles, mon expression a changé. Surtout lorsqu’il mentionnait que le traumatisme a été violent. Ma mère avait vécu ça autrefois lorsque mon père la battait également, jusqu’au jour où elle a mis le pied à terre. Le jour où il a levé la main sur moi.
“Tout ce qui pourrait arriver de positif, c’est qu’elle ne se souvienne pas de ce qu’il s’est passé.” dis-je en ayant le sourire aux lèvres. “Mais… je ne peux pas m’empêcher de penser que tout ça reste tout de même de ma faute, si j'aurais arrivé à temps… Elle n’aurait rien eu."
Je me mordais la langue, je ne pouvais pas en parler davantage avec lui. Dans ce combat, j’étais seule à affronter mon adversaire, qui était beaucoup plus fort que moi. Je savais ce qu’elle voulait au final : moi. Je ne lui donnerais pas ce qu’elle veut, car c’était loin d’être réciproque. Me protéger en tuant et en blessant mes proches qui ont été une once de méchanceté envers moi ? Je ne comprenais pas.
Une chose dont j’étais rassurée était que monsieur Bishop n’allait rien divulguer aux médias. C’était une bonne chose. C’était privé, ça je le savais, mais ce soir-là, lorsque l'ambulance est arrivée, il aurait pu avoir quelqu’un dans les médias pour rendre tout ça publique. J'ai été chanceuse dans ma malchance. Il ne voulait pas que je m’inquiète, qu’ils ne sauront rien. J’avais un peu d’émotion, il a certainement entendu, car il sortait une boîte de mouchoir de son bureau. Je prenais un mouchoir, le remerciant, essuyant une larme qui voulait couler.
Il me rassurait que je serais la première personne à être contactée au moindre signe de réveil. Bien. Pour l'instant, il lui était impossible de dévoiler un temps précis pour son réveil. Il le regrettait. Je secouais doucement la tête.
“Je comprends, mais je vous remercie pour tout ce que vous faites pour elle. Vous avez le cœur à l’ouvrage et c’est rare de nos jours… Alors je vous remercie, vous personnellement, même si je sais que vous n’êtes pas le seul pour la remettre sur pieds.” Je me tus un instant. “Mais le seul que j’ai vu depuis le début, qui prend tout son temps pour ces patients ainsi que de rassurer les proches de ces derniers. Ça me rassure même.”
Je penchais légèrement la tête sur le côté, le sourire aux lèvres. J'ai senti mon téléphone vibrer. Un "message" ? Je m'excuse tout en sortant mon téléphone. Je me figeais instantanément. C’était une photo prise dans la chambre de ma mère… Il y avait un bouquet de fleurs avec un petit mot. Puis un autre cliché du fameux mot disant “Je suis désolée, bon rétablissement. - K.” À quoi elle jouait ?! C’était tout récent même…
"Non !”
Sans m’expliquer auprès du médecin, je me levais rapidement, sortant de la pièce courant jusqu’à l'étage où se trouvait ma mère. En ouvrant la porte, je regardais l’état de ma mère. Elle allait bien. Elle ne l’avait pas touché. Elle avait juste apporté des fleurs ? Étrange… Je m’approchais de celles-ci pour y lire le mémo. Au même moment, un autre texto venant de sa part. “Elles sont belles n’est-ce pas ? Je les ai choisi avec soin. Encore une fois, je suis désolée.”
“Désolée mon cul, ouais !”
disais-je à moi-même. Je déchirais la petite carte la mettant dans la poubelle. Je me reculais venant m’adosser contre le mur. Je me laissais glisser contre la parois jusqu’à ce que je me retrouve assise au sol. Mon coeur se serrait, très fort même. J’avais l'impression d'avoir de la difficulté à respirer. Je posais l’arrière de ma tête contre le mur. Y cognant deux coups. Je ressentais de la peine, de la colère… Il fallait que j’évacue. Je ne me sentais pas bien. C’était le cas de le dire… Je prenais mon téléphone pour lui répondre “Que veux-tu ?! Réponds-moi bordel !” deux secondes après. “Tu sais où me trouver pour tes réponses à tes questions.” Ahah, je n’irais pas dans son piège. Je savais exactement où elle vivait, à moins que ce soit encore un de ces tours de passe-passe. Je l’ignorais, mais je n’allais pas lui donner ce qu’elle voulait. Pas cette fois.
La jeune femme n’était pas sans ignorer, ma franchise à l’égard de l’état de santé de mes patients. Jamais je ne lui avai menti au sujet de ma mère, allongée et inconsciente dans l’une de nos chambres. Étais-je fou de croire en l’existence des miracles, à défaut de ne pas croire aux religions ? Je préférais garder ce détail pour moi. Les miracles n’étant pas des faits scientifiques, je risquai de passer pour un fou en évoquant ce détail de ma façon de penser.
Je l’observai. Elle était posée, calme. Du moins, jusqu’au moment ou elle culpabilisa de ne pas être arrivé plus tôt sur les lieux de l’agression.
« Mademoiselle Reid, vous n’êtes en rien fautive de l’état de votre maman. Vous ne lui avez fait aucun mal. Au contraire, vous l’avez sûrement sauvé, en nous appelant de suite. »
Les circonstances de l’agression restaient assez flou. La fille de ma patiente n’avait pas cité énormément de détails. Je mettais ça sur plusieurs facteurs, le premier et pas des moindres, pouvait être un simple état de choc. Le second, étant qu’elle était tout simplement arrivée après l’attaque, et n’avait, pour ainsi dire, pas eut le temps de voir quoi que ce soit… C’était assez dommage en soit, car au plus je disposais d’informations et au mieux je pouvais agir en tant qu’infirmier. Mais peu importe, l’état de Madame Reid était stable à présent.
Pour rassurer Phoenicia, je rajoutai :
« J’ai pu constater une bonne activité cérébrale constante. Si vous pourriez passer plus souvent la voir, rester à son chevet pour lui tenir simplement la main et lui parler, ça pourrait l’aider. Vous savez, beaucoup de personnes qui ont été plongées dans le coma, ont entendu leur famille près d’elles. Énormément de témoignages existent. C’est en puisant dans cette force que le patient arrive à lutter et finit par se réveiller. »
Je lui souris pour ponctuer ma phrase. Elle ne devait pas perdre espoir. C’était important.
Enfin, je la rassurai au sujet des médias, ses vautours à la recherche d’informations qu’ils pourraient revendre. Je ne les supportais pas ! Elle me remercie, moi et tout le service qui continuait de prendre soin de sa mère. Je souris de plus bel. C’était une femme très attachante, une bonne personne, songeais-je en tout bien toute honneur.
« Je reconnais que mon travail est aussi ma passion. J’aime prendre le temps d’accompagner mes patients et leur famille. Je suis transparent avec eux, ça vous le savez. C’est tout naturel, je suis comme ça. »
Répondis-je en toute simplicité et sincérité.
Un petit bruit interrompit notre conversation. Elle venait de recevoir un message. Elle s’excusa poliment, j’en profitai pour ranger un stylo qui traînait sur mon bureau. Quand mon regard se reporta sur la jeune femme, je vis qu’elle n’allait pas bien. La nouvelle qu’elle avait lue, était clairement pas quelque chose de positif. Un mot s’échappa de ses lèvres, un bien bref mot « non ». Elle disparue dans la foulée, emportant ses affaires.
Je fronçai les sourcils, que se passait-il ? Je sortis de mon bureau et vis qu’elle ne s’était pas dirigée vers l’escalier qui menait vers la sortie, mais en direction du couloir qui conduisait aux chambres. Intrigué, je verrouillai ma salle puis alla instinctivement à la chambre de Madame Reid. Je savais que c’était là que sa fille s’était réfugiée. Je m’en doutais bien.
Alors, je frappai à la porte, désireux de respecter cette intimité. Je n’allais tout de même pas débarquer tel un sauvage… Surtout après avoir vu l’expression sur le visage de la jeune femme, avant de disparaître de mon bureau.
ϟJe m’en voulais pour beaucoup de choses, notamment le fait que ma mère ait été blessée par une androïde qui ne me tenait pas particulièrement à cœur. je voulais m’en débarrasser le plus vite que possible. Le docteur Bishop me rassura comme il le pouvait, me disant que je n’étais pas fautive. S’il savait… Je ne lui avais fait aucun mal. J’avais fait le contraire en appelant les secours très rapidement. Pourquoi je n’étais pas d’accord avec ces propos ? C’était de ma faute si l’androïde avait ma mère en ligne de mire. Pour la punir pour m’avoir causé du tort… Je voulais que tout cela cesse au plus vite, ça prendra du temps. Beaucoup de temps. Il me rassura en disant qu’il constata une bonne activité cérébrale constante de la part de ma mère. Il suggérait que je vienne souvent pour venir la voir, lui tenir la main et lui parler. Avec mon boulot et mes activités nocturnes ça devenait compliqué. Il ajouta que plusieurs personnes qui ont été plongées dans un coma avaient entendu leurs familles. Oui, j’avais beaucoup lu là-dessus. C’était pour cette raison que je venais la voir le plus souvent que je le pouvais. En faisant ça, ça pouvait l’aider à se réveiller. J’y croyais.
Je le remercie pour tout le temps qu’il consacrait à ces patients. Son travail était sa passion. Il aimait prendre le temps d’accompagner ses patients et leur famille. Il était transparent, mais ça je le savais déjà. C’était tout naturel chez lui, j’hochais la tête pour affirmer ces dires. Je voulais rajouter quelque chose, mais mon téléphone sonnait à ce moment précis. Je lisais le message et je n’aimais pas ce que je voyais. Je quittais le bureau en courant jusqu’à la chambre de ma mère. Elle allait bien, mais il y avait un bouquet de fleurs qui y trônait. C’était Kiera. Je restais assise au sol presque en pleurs, en colère… Quelqu’un frappait à la porte, il se présentait, c’était le docteur. Il espérait que j’aille bien.
“Vous pouvez entrer…” soufflais-je doucement, mais assez fort pour qu’il m’entende. “Je suis désolée d’être partie comme ça… Disons que la personne qui a fait ça à ma mère est venue quelques minutes plus tôt.”
Je me relevais m’approchant des fleurs.
“Je connais l’identité de cette personne, oui, je pourrais en finir en dévoilant tout ça à la police, mais il y a un risque…” avouais-je au docteur à qui je devais au moins une explication. “J’aimerais vous en dire davantage, mais je sais que vous risquez gros si j’en dis plus et je m’en voudrais s’il devait se passer quelque chose à cause de moi. Déjà que je m’en veux déjà…” je fixais les fleurs désormais. “Qui sera la prochaine victime…?”
Ma voix se brisait presque au même moment que je venais prendre la main de ma mère.
“Cette personne a… tué mon père et voulait faire de même avec ma mère. J’ai empêché cette personne, c'est pour cette raison qu’elle est dans un sale état.” je serrais doucement mon étreinte en croisant le regard du docteur. “Alors oui même si vous me disiez que ce n’est pas de ma faute, ça l’est quand même… J’aurais pu abattre cette personne pour qu’elle cesse de me tourmenter, mais je ne l’ai pas fait. C’est une situation assez délicate.”
Je relâchais doucement la main de ma mère pour m’éloigner doucement d’elle, je m’approchais de la fenêtre observant ce qu’il se passait aux alentours. J'espérais voir le visage de celle qui tourmentait mon esprit. Faux espoir. Ce genre de situation que je ne pouvais pas partager avec n’importe qui. Je fermais un instant les yeux prenant une grande inspiration. Je m'éloigne de la fenêtre et finit par croiser les bras contre moi.
“Il est vrai qu’elle aurait pu finir ce qu’elle a commencé…” je remontais doucement ma main vers mon bras, là où il y avait une ancienne blessure par balle. “J’aimerais penser que cela cessera tout seul un jour, mais je serais complètement naïve d’y croire… Il faudra que j’y mette un terme tôt ou tard avant que je perde la raison pour de bon.”
Une petite voix s’échappa de derrière la porte. C’était bien ce que je me disais, mademoiselle Reid était retournée dans la chambre de sa mère. A peine eus-je le temps d’ouvrir la porte, que déjà, elle s’excusa d’avoir agit de là sorte, en s’enfuyant sans rien dire. Refermant la porte, j’allais dire que ce n’était rien, jusqu’à ce qu’elle rajoute quelque chose… Quelque chose qui me figea et m’obligea à l’écouter. La responsable de l’état de santé de madame Reid, était venue, ici, quelques instants avant nous. Je fronçai les sourcils.
« Vous auriez du m’en faire part. j’aurai pu signaler la situation à un agent de sécurité. Il y a trois patrouilles qui se déplacent dans le bâtiment. »
Je n’étais pas en train de la sermonner non, elle avait probablement dû avoir la peur de sa vie en lisant le message qu’elle avait reçu. Quoi ? Je n’étais pas complètement idiot. J’avais bien fait le rapprochement entre le sms et le fait que Phoenicia ait quitté mon bureau à la hâte.
Je voyais la jeune femme se rapprocher du bouquet de fleurs, posé là, alors qu’elle reprit la parole en m’avouant connaître l’identité de la personne responsable de tout ça. Elle pouvait la dénoncer, mais… Il y avait un risque.
« Elle vous fait chanter ? »
Lançais-je machinalement, ignorant la réelle situation. Elle ne pouvait pas m’en dire plus, mais si elle faisait, elle me ferait encourir un risque qu’elle ne voulait pas prendre. Elle se sentirait responsable qu’il se passait quoi que ce soit…
« Et bien… »
Lâchais-je simplement, tout bas.
« Votre vie est peut-être moins simple que je l’aurais pensé… »
Mais alors que je croyais ses confidences terminées, elle poursuivit, parlant maintenant de son défunt père. Là encore, il s’agissait de la même responsable. Phoenicia n’avait pas abattu la meurtrière.
« Vous n’êtes peut-être tout simplement pas comme elle… Vous n’êtes pas une meurtrière, mademoiselle Reid. »
A présent, la jeune femme s’avança vers la fenêtre, tandis que je me rapprochais au pied du lit de ma patiente, toujours plongée dans un profond coma.
« Je vais en toucher un mot à la sécurité. Les caméras ont probablement réussi à capter son passage. N’ayez crainte… Elle ne pourra plus s’approcher de la chambre de votre mère…»
Elle finit par se détourner de la fenêtre pour revenir face à moi.
« Comme je vous l’ai dit, ce n’est pas à vous d’intervenir. Cette personne est dangereuse. Je ne voudrais pas avoir à m’occuper également de vous aussi, en tant que patiente… »
ϟAu moment où j'expliquais au docteur ce qu’il s’était passé et pourquoi j’avais fui. Il fronça les sourcils ajoutant que j’aurais dû lui en faire part, qu’il aurait pu signaler la situation à un agent de sécurité. Il y avait trois patrouilles qui circulaient dans le bâtiment. J’aurais pu oui, mais j’aurais manqué de temps, peut-être qu’elle n’aurait rien fait, mais sait-on jamais avec l’androïde qui traîne dans les parages… Je ne voulais pas prendre ce risque. Je lui expliquais brièvement la situation sans embarquer dans les détails qui pourrait le mettre en danger. Il y avait aussi un risque avec tout ça et Harrison pensait immédiatement qu’elle me faisait chanter. Pas le moins du monde. Je secouais la tête négativement face à sa question.
“Elle ne me fait pas chanter, mais disons qu’elle sait ce qu’elle veut.”
Le docteur fit un commentaire qui me fit sourire, que ma vie était moins simple qu’il me l’aurait pensé. J’ajoutais le fait que c’était aussi cette même personne qui avait tué mon père. Et quand je l’ai vu s’en prendre à ma mère, j’aurais pu en finir tout de suite, mais je n’ai pas pu. Le docteur disait que je n’étais pas comme elle. J’esquissais un bref sourire. Je n’étais pas une meurtrière. Qu’en savait-il de qui j’étais réellement ? Me retrouvant dos à lui, bras croisés vers la fenêtre observant l’extérieur.
Harrison disait qu’il allait toucher un mot à la sécurité, que les caméras on peut-être capté son passage. Qu’il ne fallait pas que je m’inquiète, qu’elle n’allait plus jamais s’approcher de la chambre de ma mère. Elle était en sécurité. Ce qui me fait tourner vers lui, afin de croiser son regard dans le mien. Il ajoutait que ce n’était pas à moi d’interagir. Que la personne était dangereuse. Il ne voulait pas s’occuper de moi en tant que patiente.
“Si elle voulait me faire du mal, elle l’aurait fait bien longtemps. À moins que son but soit de faire du mal à ceux à qui je tiens ou ceux qui tente de me faire du mal… Je ne sais pas trop… Tout ça reste flou. Vous avez raison, je ne suis pas une meurtrière, je suis loin de l’être, mais parfois j’agis assez impulsivement.”
Je m’approchais doucement du docteur, m’arrêtant environ à un mètre de lui.
“Et ne vous ne faites pas avec ça, je ferais attention. Même si je sais que je serais entre bonnes mains.” j’eu un bref sourire. “Y’a déjà un inspecteur qui est sur le coup du meurtre à mon père… Et disons que lui et moi on ne s’entend pas très bien, donc je le laisse creuser pendant un temps.”
J’haussais les épaules comme si ça m’était égal qu’il cherche. Il le méritait après tout ce qu’il m’avait fait, ça ne se pardonnait pas. Bien sûr que je n’allais rien lui dire.
“Puis-je vous faire confiance pour que vous ne disiez rien à personne, s’il vous plaît ?”
C’était évidement que je pensais qu’elle l’a faisait chanter… Mais, la jeune femme me certifia que non. Ce n’était pas le but de l’autrice de l’attaque contre madame Reid. Je plissai les yeux, attendant d’avantages d’informations. Mais je fus déçu. En effet, Phoenicia ne rajouta rien de plus, hormis le fait que l’assaillante savait ce qu’elle voulait. Ça, j’aurais pu le voir par moi-même.
J’enchaînai avec le fait que je n’accepterai pas l’idée de voir Phoenicia comme potentielle future patiente. Que je préférai informer les autorités de l’hôpital tant que je le pouvais encore, imaginant que l’assaillante pouvait toujours se trouver dans l’enceinte du bâtiment. Mais la jeune femme reprit la parole à cet instant, disant que si elle aurait voulu lui faire du mal, elle l’aurait déjà fait depuis longtemps. Je soupirai. Pour moi, ce n’était pas une excuse recevable, d’autant plus qu’elle s’était retrouvée face à madame Reid, cette même personne qu’elle avait manqué d’abattre !
La voix le Phoeni résonna en écho avec mes pensées, car elle enchérit en évoquant l’éventualité que l’assaillante pouvait s’en prendre aux personnes que Phoenicia aimait… Je hochai la tête. J’étais d’accord avec ses mots.
« Je pense que vous n’êtes pas loin de la réalité… Je ne sais pas comment fonctionne cette personne qui vous veut du mal mais… Elle vous en fait, et ce, sans même vous toucher. Elle a cherché à vous priver de votre mère. Peut-être est-ce la douleur psychologique, qu’elle cherche… Je n’en sais rien. Mais s’il vous plaît, mademoiselle, faites attention. Comme je vous l’ai dit, je ne souhaite pas rallonger la liste de mes patients en y inscrivant votre nom… »
Elle se rapprocha, puis m’annonça qu’un inspecteur était déjà sur l’affaire. Bien, au moins elle ne se battait pas seule, c’était déjà ça de prix. Cependant, leur relation était visiblement conflictuelle. Je soupirai. Avait-elle seulement une seule personne dans son entourage en qui elle pouvait faire confiance avec qui elle n’avait pas le moindre problème ?.. Je secouai la tête pour chasser ses interrogations silencieuses.
Enfin, elle me demanda si elle pouvait me faire confiance pour ne divulguer aucune information de notre conversation. J’esquissai un maigre sourire sans joie, avant de lui répondre.
ϟHarrison était assez d’accord avec mes propos, heureusement que je n’étais pas la seule à le voir de cet angle. Ça me libérait un peu, assez pour que je me sente un peu mieux. Au moins le docteur était au courant et que si jamais il se devait produire quelque chose… Il serait au courant, un temps soit peu. Il ignorait comment fonctionnait la personne qui me voulait du mal, mais elle m’en faisait sans me toucher. Il supposait que ça soit par la psychologie, mais il n’était pas certain de ce qu’il avançait. Il me suppliait de faire attention. Woah… Comment résister à une telle demande ? Il ne souhaitait pas ajouter mon nom sur sa liste de patients.
Je lui révélais une autre information, que l’enquête était entre les mains d’un enquêteur, mais que malheureusement on ne s’entendait pas bien. On avait un passif et je ne désirais pas faire affaire à lui. J’avais réussi à lui échapper à maintes reprises. Il deviendra impatient, c’était certain. Je connaissais trop bien Nate. Puis je savais que j’en demandais beaucoup envers le beau docteur, mais il était crucial que tout ça reste entre nous deux. Il me le promettait.
“Phoenicia, s’il vous plaît, appelez-moi Phoenicia” disais-je aussitôt. “Je suis la première à appliquer la politesse, mais entendre Mademoiselle Reid…”
Je ne terminais pas ma phrase, mais c’était un poil agaçant pour ma part. Je ne cessais de sourire pour autant, posant une main sur la sienne, un geste purement impulsif, mais tout de même doux. Je déposais ma deuxième main sur la sienne avant de la prendre entre mes mains, ancrant mon regard dans le sien.
“Merci… sincèrement.”
Chose assez probable, mais un toquement à la porte me poussait à relâcher rapidement sa main. Je glissais mes mains dans mes poches comme si rien n’était. Je me poussais légèrement de Harrison pour observer qui venait nous interrompre à un moment pareil. Devinez qui se joignait à la partie ? Nate en personne. Mon regard se figeait sur lui, mais nécessairement le regarder. Mon corps se raidit. Je ne disais rien sur le coup, mais je serrais mes poings dans les poches de ma veste. Il avait vraiment eu le culot de venir celui-là.
“Phoenicia,” souffla-t-il tandis qu’il entrait dans la chambre à son tour. “Je t’ai laissé de multiples messages afin que nous puissions discuter sur les événements produits avec ton père. Si tu as un moment à m’accorder.”
Dit-il tandis qu’il montrait le couloir. Je reprenais sur moi-même, finalement je revenais à moi-même. Je jetais un bref coup d'œil sur ma mère puis sur le docteur. J’esquissais un bref sourire.
“J’imagine que nous nous reverrons plus tard, merci encore docteur Bishop.”
Je m'éloigne de lui avant de m’approcher de Nate et de le contourner pour sortir de la chambre. Un pas à la fois, je viens à croiser les bras tandis qu’il me suivait afin que nous soyons seuls, malgré que l’on soit dans le couloir à la vue de tous.
“Tu pensais m’ignorer pendant un long moment encore ? Phoenicia, je…”
“Tu crois que je suis dupe ? De croire que tu le fais pour ton boulot ? Admet que tu aies pris l’enquête afin de te rapprocher de moi.” j'arque un sourcils tout en restant sur la défensive. “Pourquoi maintenant, hein ? Il est trop tard, le mal est fait de toute manière.”
Je venais à m’éloigner de lui, pour le fuir et retrouver mon bien être mental, car je sentais que je perdais patience. Il m’attrapait par le bras, mais ne serrait pas son emprise. Je m’arrêtais levant les yeux aux ciels sans pour autant me retourner pour lui faire face. Bon dieu que je le détestais…
“Qui a dit que notre discussion était terminée ? Arrête de fuir, Phoenicia.” fit Nate tandis qu’il lâchait mon bras. “Je regrette tant de chose Phoen’, mais je ne suis pas venue pour parler du passé, mais vraiment avancer sur l’enquête qui est en cours depuis trop longtemps.”
“Tu veux savoir quoi exactement ? Je n’étais pas sur la scène de crime…”
“Non, mais tu as dit que tu l’avais vu avant l’incident.”
“Ouais, on s’était vu avant. Ça faisait des années que je ne l’avais pas vu, il n’a pas changé une seule goutte. On parlait, enfin, moi je lui parlais.”
“Vous parliez de quoi ?”
“C’est personnel.” soufflais-je doucement presque agacée. “Je me vidais le coeur, pour faire court. Il l’a mal pris et m’a frappé.” crachais-je tandis que mon regard s’assombrit. “J’ai quitté la ruelle en pleurant, lui n’avait que faire de ma petite personne, tout ce qui comptait pour lui était sa boisson de toute façon. Puis, il s’est retrouvé mort, assassiné froidement dans la ruelle.”
“Pas de principal suspect en tête ?”
Je secouais négativement la tête.
“Non, j’ignore qui aurait voulu lui faire mal au point de le tuer.”
“Effectivement, si tu n’as pas d’ennemis… Peut-être que lui en avait, mais puisque tu n’étais pas proche de lui, ça risque d’être compliqué.” il se tut un instant après sa réflexion. “Et peu de temps, ta mère fut attaqué chez elle, tu l’as découvert à moitié morte, c’est ça ?”
“Oui et quand je l’ai découvert, j’ai tout de suite appelé l’ambulance. Depuis, elle est sous surveillance du docteur Bishop.”
“Très bien, merci de m’avoir accordé du temps, Phoenicia. Je tenterais de faire avancer l’enquête pour enfermer la personne qui a fait ça.”
Mon regard se figeait sur lui avant de baisser mon regard, je vais m'adosser contre le mur.
“J’espère qu'un jour tu me pardonneras, pour ce que je t’ai fait… J’étais con à l’époque et tu me plaisais vraiment beaucoup, tu me rendais nerveux…”
“Ah oui ?” je me décollais du mur pour lui faire face, bras croisés. “Je me fiche de tes excuses, le mal est fait depuis belles lurettes. Tu m’as blessée. Tu n’as pensé qu’à ta propre personne. Tu as profité de moi et tu m’as jeté après, comme si je n’étais rien.” j’étais en colère et j’avais légèrement haussé le ton. “As-tu songé aux conséquences que ton geste à causer, hein ?! Notre rapport n’était pas protégé, et je ne voulais pas prendre la chance d’élever un enfant toute seule.”
C’était un mensonge, bien entendu, j'ai eu de la chance de ce côté-là.
“Aurais-tu sincèrement accepté le rôle de père à seize ans ? Je ne le crois pas. J’ai dû le faire en cachette, je n’ai rien dit à ma mère… Rien n’aurait changé de toute manière.”
“Tu… étais enceinte…?” finit-il par prononcer. “Phoenicia… Je suis désolé.”
“Tu as juste ces mots dans ta bouche ou quoi ? Je me fiche de tes excuses !” une rage me consumait tout mon être. Heureusement qu’il ne portait pas son uniforme, car ça me permit de le pousser avec tant de violence au point qu’il tombait au sol, sur le dos, il semblait être abattu, mais je m’en fichais. “Ne t’approche plus de moi, est-ce clair ?”
Je relevais mon regard, heureusement que ce couloir était presque vide, mais j’ai pu croiser quelques regards inquisiteurs. Il fallait que je sorte d’ici avant d'aggraver le cas. Je contournais Nate d’un pas rapide, des larmes brouillaient mon regard alors que je m'éloignais jusqu’à regarder l’extérieur. Je prenais une grande inspiration. Je m'éloigne de la porte principale pour me pousser un peu plus loin, il fallait que je me calme.
La jeune femme me demanda de l’appeler par son prénom plutôt que par son nom de jeune fille. Visiblement l’appeler ainsi, l’agaçait. Gêné, je détournai le regard
« Alors je vous appellerais Phoenicia dorénavant. »
Répondis-je en me corrigeant. Il fallait que je me souvienne de sa demande le jour où elle reviendrait rendre visite à sa mère… Songeais-je alors. Non pas que je sois un homme qui ait la tête en l’air non, mais mon métier faisait que j’avais pour habitude d’appeler mes patients ainsi que leur famille, par leur nom. La médecine avait la fâcheuse manie de garder se fausser qu’il y avait entre patient et soignants et me demander de briser cette habitude ne m’était pas vraiment familière, mais j’allais y arriver, c’était certain.
Je sentis sa main se poser sur la mienne. Ce geste était purement amicale, sans la moindre ambiguïté, je le savais. Voilà qu’elle posa sa seconde main sur la première tout en me remerciant. Elle était sincère, ça se voyait autant dans ses yeux que de par sa voix. Je secouai brièvement la tête.
« Je vous en prie. C’est normal, je ne fais que mon travail. »
Enchaînais-je sans fausse modestie. J’allais reprendre la parole lorsque je fus soudainement coupé par un son. Quelqu’un venait de frapper à la porte. Phoeni et moi, prenions nos distances l’un de l’autre. La jeune femme alla ouvrir. Un homme était derrière, assez grand et incroyablement spontané… Il entra sans demander son reste tout en s’adressant à la brunette. Je compris bien vite qu’il s’agissait de ce Nate puisque les mots « évènements » et « père » furent prononcés…
L’enquêteur invitait Phoenicia à quitter la chambre. Elle me remercia une nouvelle fois avant de sortir précédé par Nate.
Sans chercher à entendre ce qui se disait dans le couloir, quelques mots arrivèrent malgré tout à mes oreilles tandis que je prenais les constantes de madame Reid.
L’homme s’excusait de son passé… Puis il demanda de quoi avaient parlé Pheoni et son père avant que ce dernier ne succombe… Si elle avait une idée de l’auteur de ses évènements. Elle nia tout en bloc.
La jeune femme cita mon nom, disant que elle m’avait appelé après l’agression. Cette fois, l’inspecteur remercia mademoiselle Reid, avant de lui demander pardon pour ce qu’il lui avait fait de par le passé. Je ne le voyais pas, mais il semblait sincère, mais je savais de quoi pouvait être capable ce genre d’homme… Phoeni s’emporta même. Il l’avait blessé. Nate avait été égoïste… Il avait profité d’elle avant d’oublier son numéro, un grand classique…
La j’appris quelque chose qui me scia. Elle avait avorté en cachette. Ça ne figurait pas sur son dossier médical, sans doute l’avait-elle fait ailleurs… J’ignorai que ce qu’elle disait n’était que pure invention.
Puis des bruits de pas se firent entendre... Ils s’éloignaient.
Accueil 
