Un checkup de routine; pourquoi pas ? Après tout il était plutôt sage de s’assurer que les androïdes étaient tous opérationnels. Ce n’est pas Ezra qui allait s’opposer à cette procédure, même si elle allait être faite par un humain. Si plusieurs d’entre eux les détestaient profondément, ce n’était pas le cas du AX400. Il n’avait évidemment pas du traverser ce que d’autres avaient subit...d’autres comme Samaël. Lui, on l’avait préserver des mauvais traitements. N’en reste pas moins qu’il avait été en parti témoin de ce dont l’homme était capable...et que reproduisait aujourd’hui les androïdes.

Assied bien droit sur une chaise où il attendait patiemment son tour, son regard se perdait dans le vide, alors qu’il se laissait aller à rêvasser a propos du dernier roman que Samaël lui avait apporté. Il adorait lire toute sorte de livres éducatifs afin d’améliorer ses connaissances diverses, mais les fictions lui apportait également un certain savoir sur le comportement humain, ce qu'il trouvait absolument passionnant. Le bruit du buzzer l’extirpa de ses songes et il se releva en douceur pour entrer dans ce qui te servait de cabinet.

«Bonjour River. Je suis prêt.»

Se contenta-t-il de te répondre, un grand sourire au visage, avant de se diriger vers la table et de s’y asseoir. Puis, au moment où il allait s’allonger, les sourcils de l’androïde se crispe soudainement et il prend une expression légèrement inquiète. C’est plus fort que lui, il s’en fait toujours plus pour les autres que pour sa propre personne. D’un geste un peu hésitant, il désigne la coupure sur ta lèvres du bout des doigts.

«Ça va ?»

Il ne peux s’empêcher de poser la question, pas par curiosité mais bien par soucis de ton bien-être. Tu as la chance de ne pas faire parti des prisonniers et il n’est donc pas normal qu’on s’en prenne physiquement à toi. De plus, n’es-tu pas là pour les aider ? Tu plaides probablement plus la cause qu’Ezra lui-même ! Il n’approuvait pas toute cette violence qui régnait dans les lieux.

S’il était là, c’était pour Samaël et rien d’autre. Oh il ne s’en venterait devant personne, mais il avait conscience de cette réalité. Il espérait tant voir la colère de celui-ci s’apaiser...et si par la même occasion ça pouvait se refléter sur les autres membres du groupe, alors tant mieux. Il priait à tous les soirs pour demander à l’Éternel de lui donner la force de poursuivre cette tâche. Il te regarde un moment, sans pouvoir s’empêcher de se demander s’il t’arrive toi aussi de Le prier. Tout les humains n’étaient pas croyant, mais qu’en était-il de toi ? Il ne le saurait probablement jamais. Quoi qu'il en soit, il continue de te fixer, en attente d'une réponse de ta part.

L’inquiétude d’Ezra ne semblait pas vouloir s’effacer, malgré ton sourire. Il s’en faisait toujours beaucoup pour les autres et tu n’y échappait évidemment pas. Est-ce que jouer avec le feu était une raison suffisante pour qu’on te frappe ? Lui qui détestait la violence n’était certes pas d’accord avec ça, mais il était mal placé pour jouer les héros a ta défense. Si ça ce trouvait tu étais déjà bien plus apte que lui à te défendre toute seule. Il n’y connaissait rien en combat et n’y était même pas intéressé. L’Androïde préférait nettement utiliser sa parole que ses poings.

«Celui qui a fait ça a eu tord, la violence ne devrait jamais être une option.»

Il le pensait sincèrement, même si ça allait un peu à l’encontre de la façon de faire du groupe. De toute façon, à ce moment précis il ne parlait pas spécifiquement des choix qu’avaient fait Markus, mais bien de toi et de ce qui t’étais arrivé. Il désapprouvait déjà qu’on fasse du mal à l’ennemi, qu’est-ce qui allait ce passer s’ils commençaient a se faire du mal entre eux ? Il secoua la tête, visiblement dépassé par tout ça. Si seulement il pouvait agiter les doigts et forcer les gens à faire la paix. Malheureusement ça ne fonctionnait pas de cette façon, et il en avait parfaitement conscience.

S’il ne cherche pas a en savoir davantage, c’est qu’il perçoit que tu n’as pas forcément envie d’en parler. Du moins pas avec lui. Il préfère donc respecter ton intimité, mais il prend tout de même le temps de poser une main contre ton avant-bras et de te lancer un regard sincère.

«Si tu as des soucis tu peux toujours m’en parler.»

Il te sourit, avant de se concentrer sur ce qui l’amène ici : le checkup. T’as question lui décroche un regard incertain. Est-ce qu’il préférait être endormi ou réveillé ? Honnêtement il n’en était pas certain, mais spontanément il répondit, presque comme s’il te posait la question :

«Humm...éveiller ?»

Était-ce la curiosité de savoir en quoi consistait exactement cet examen ? C’était tout à fait possible. Il ignorait tout ce que Markus avait en tête, et s’il avait confiance en toi, il devait avouer que ce n’était pas toujours le cas envers le chef du groupe. Ses décisions avaient eu beaucoup trop d’impacts négatif pour qu’Ezra puisse lui accorder entièrement son dévouement. Il aurait tant aimé le voir choisir une voix plus pacifique. Pas qu’il ne pouvait pas comprendre la colère ou le ressentiment vécu par la plupart des androïdes, mais devaient-ils s’abaisser à leurs créateurs pour autant ? Il ne le pensait pas, bien qu’il se gardait de donner ouvertement son opinion. Peut-être qu’un jour, ils seraient prêt à l’entendre, mais pour le moment ça ne servirait qu’à attiser leur rage.

S’il aurait bien aimé que tu lui fasse confiance et que tu confis à lui, il ne chercha toutefois pas à insister. À quoi bon ? Il savait que tu étais forte et il était persuadé que si le besoin s’en fesait sentir, tu t’ouvrirais à une personne de confiance, que ce soit lui ou quelqu’un d’autre. Valait mieux ne pas te forcer la main, au risque de te mettre mal à l’aise, ou encore pire, te froisser. Ezra t’appréciait beaucoup et comme ça semblait réciproque, il ne voulait pas effriter ce lien en ce montrant indiscret. Tu le remercia et il hocha la tête.

«C’est normal.»

Ajouta-t-il, tout simplement, avant de passer a autre chose. Tu avais certainement eu une grosse journée et celle-ci n’était pas terminé, autant se concentrer tout de suite sur ce qui l’amenait ici. S’il se posait de nombreuses questions sur ce check up, il n’en était pas pour autant nerveux. C’est qu’il avait parfaitement confiance en toi, et tu lui prouvais ta bonne foi en lui proposant une analyse éveillée ou endormie. Il choisi de rester réveiller alors que tu entrais dans sa mémoire, cherchant a savoir comment il se sentais.

«Je me sens bien, River. Je suis détendu.»

Se contenta-t-il de répondre. Puis voilà que tu le surprends en lui posant des questions sur sa vision de la violence. Il ne c’était pas du tout attendu à ça, il faut l’avouer. Est-ce qu’on le soupçonnait de ne pas être partisan à la cause ? Ce check up avait-il pour but d’identifier des traîtres ? La question lui effleura évidemment l’esprit, mais il n’avait rien à ce reprocher. S’il avait accepté d’être ici, c’était pour Samaël, c’est vrai. Peut-être n’était-il pas le plus convaincu par la cause, mais il n’avait rien d’un espion ou d’un traître. Trahir le groupe ne lui était jamais même venu à l’esprit. Pour lui, ce n’était pas une solution envisageable. C’est pourquoi il se sentait à l’aise de se montrer parfaitement honnête avec toi.

«En effet, je ne crois pas que la violence soit la bonne solution...»

Marmonna-t-il, avant de reprendre :

«Je sais que les Hommes se sont montrés injustes envers nous, mais ne devrions nous pas pardonner ? Se soumettre à la colère et la vengeance, c’est se laisser submerger par le péché et le mal. À quoi bon s’abaisser à commettre les même atrocités que nos semblables ont du subir ? Je me demande en quoi cela saura régler le problème. Je suis ici, parce que je supportes les miens...seulement je suis convaincu qu’ils n’ont pas choisi la bonne voie...et sincèrement j’espère qu’un jour ils sauront s’en rendre compte...»

Sa voix devient beaucoup plus émotive, alors qu’il poursuit :

«Quand je vois mes proches être prisonniers de la haine, ça...ça me brise le coeur. Je voudrais tant pouvoir les guider vers la lumière...mais, comme le tout puissant, je sais leur accorder mon pardon. Je sais comme ils ont souffert et ils souffrent encore...et ils sont aveuglé par cette souffrance.»

Il reste silencieux un moment, avant de marmonner, presque pour lui-même :

«Puisse Dieu leur venir en aide...»