C’était l’une des premières missions que Gabriel et Alexander effectuaient ensemble depuis que son meilleur ami avait rejoint la Coalition. En soi, ça ne les changerait pas trop de d’habitude, lorsqu’ils partaient sur une enquête. Sauf que là, il fallait oublier les flics en eux. Même si, finalement, la mission avait un lien direct avec leur boulot puisqu’il s’agissait de mettre un terme à la cavale de deux androïdes dont l’un s’était échappé de la DPD. Certes, on n’avait pas assigné les deux hommes à cette affaire, mais Gabriel se sentait tout de même quelque peu responsable. En plus, cette histoire allait faire passer les flics pour des incompétents. Sans doute aurait-il préféré arrêter les suspects en tant que flic, mais on n’avait pas toujours ce qu’on voulait. Aujourd’hui, ils travaillaient pour le compte de la Coalition, avec Tiger aux commandes. Car elle les guiderait tout au long de la mission. Son état ne lui permettait pas d’aller directement sur le terrain, mais elle pouvait très bien les aider à distance. Avoir une paire d’yeux supplémentaire n’était certainement pas de trop. Même si, à priori, il n’y avait que deux androïdes, on ne savait jamais. Et puis, ils étaient malins et dangereux.

Les voilà sur place, s’apprêtant à entrer dans le bâtiment en question. Il laissa Alexander répondre à Tiger, passant devant tandis que son ami le couvrait. Ils n’avaient en général même pas besoin de parler pour se comprendre et savoir ce que l’autre avait à faire. L’avantage de se connaître depuis presque toujours et de travailler ensemble. « Parle pas de malheur. » Il espérait réellement que ce n’était pas un piège. Il n’avait pas envie de se retrouver dans une situation similaire que lors de sa mission avec Crystal. Côté Rébellion. Oui, Gabriel était un homme très occupé. Arme à la main, il commença à gravir les marches, guettant le moindre bruit, le moindre mouvement, tout en se concentrant sur la voix de Tiger qui les guidait. Le bâtiment avait plusieurs étages, ils allaient devoir tous les fouiller. Quelle plaie. Gabriel s’arrêta donc devant la porte du premier étage et fit signe à Alex de l’ouvrir pour qu’il puisse passer en premier. Il regarda à droite, à gauche, mais ne vit rien de suspect. Pour le moment. Il signala à Alex de le suivre tandis qu’ils commençaient à ratisser l’étage. Mouais. A tous les coups, les androïdes se planquaient au tout dernier étage, voire sur le toit. « RAS. » Dit-il autant pour son partenaire que pour Tiger, avant de revenir vers les escaliers pour monter à l’étage supérieur.

Contrairement à Alexander, Gabriel ne put retenir un rire face aux propos de Tiger lorsqu’elle déclara qu’elle aurait bien pu se promener à poil dehors et personne ne la verrait tellement c’était calme. Oui, il était débile, il riait face à ce genre de conneries tel un ado. Mais il savait aussi être sérieux et professionnel quand la situation l’exigeait. Heureusement. Sinon, il n’aurait pas fait long feu ni dans la police ni auprès de la Coalition et de la Rébellion. « J’aimerais bien voir ça. » Oups. Ça lui avait échappé. Et maintenant, il allait probablement passer pour un gros pervers. Bravo, Gab. Maintenant qu’il avait dit sa connerie, il fallait redevenir sérieux, même si la mission en elle-même était un peu chiante en soi. Passer des heures à explorer un étage après l’autre dans l’espoir d’y trouver deux déviants en cavale…il y avait plus passionnant. Mais ils ne savaient jamais ce qui pouvait les attendre. Quoiqu’il en soit, le premier étage était vide. Nada. Ça aurait été trop facile, de toute façon. Et là, Tiger leur annonça qu’il y avait une trentaine d’étages. Gabriel semblait soudain être mort de l’intérieur, comme si son âme venait de quitter son corps. Avait-il envie de se taper trente étages ? Non. Alexander répondit, professionnel, sérieux. Gabriel ne dit rien et continua donc à grimper les marches, une par une. S’ils devaient vraiment aller jusqu’au dernier étage…il en paierait les conséquences le lendemain. Il avait beau être en bonne forme physique, il ne montait pas trente étages à pied tous les jours. Il faudrait être maso pour faire ça.

Heureusement, Tiger finit par leur annoncer qu’elle avait repéré quelque chose, trois étages plus haut. Avec de la chance, il s’agissait des fugitifs et leurs jambes n’allaient donc pas les maudire, demain. « Bien reçu, Tiger. » Ils commencèrent donc à monter les étages jusqu’à arriver à destination. Alexander le suivait, lui assurant qu’il le couvrait. Il savait qu’il pouvait lui faire confiance, mais il se demanda quand même pourquoi c’était toujours lui qui devait passer devant. Peut-être qu’Alexander voulait juste en profiter pour mater ses fesses, qui sait. Oui, bon, ce n’était pas très crédible, mais c’était quand même drôle à imaginer. « A mon avis, s’ils ne nous ont pas encore repérés, ça ne saurait tarder. Restons prudents. » L’élément de surprise pouvait toujours jouer, mais si ça se trouvait, les androïdes les attendaient juste derrière la porte pour les abattre dès qu’ils l’ouvriraient. Ou ils leur tendaient une embuscade. Bah. Gabriel avait connu pire. Ils s’arrêtèrent donc devant la porte de l’étage en question tandis qu’Alex interrogea Tiger sur les cibles. En attendant, Gabriel ouvrit doucement la porte. Personne. Il regarda à droit et à gauche et ne vit rien. Soit les androïdes se cachaient, soit ils étaient juste dans une autre pièce. De toute façon, il fallait les trouver. Gabriel fit signe à Alexander de le suivre pour qu’ils puissent se planquer derrière des caisses qui se trouvaient par là.

Gabriel n’aimait pas trop les parties de cache-cache comme celle-ci. Car il était évident que les fugitifs s’amusaient à jouer à ça avec eux. Nul doute qu’ils savaient déjà qu’ils étaient là. Mais ils ne gagneraient pas. Il en était hors de question. Tiger était à l’affût et les informait du moindre mouvement. Comme…maintenant. Lorsqu’elle leur dit que les androïdes fonçaient droit sur eux. Merde ! Dans tous les cas, ils avaient été repérés. Ils ne pourraient plus prendre les androïdes par surprise. Tant pis. De toute façon, Gabriel préférait les confrontations directes, même si elles étaient souvent plus risquées. En plus, ces foutus déviants semblaient jouer avec eux puisque, tout à coup, les caisses devant eux chutèrent. Et ce n’était pas le fait du Saint Esprit. Qu’est-ce qu’ils foutaient ? Gabriel brandit son arme et visa, mais ne vit rien devant lui. En effet, les androïdes s’étaient sauvés après avoir fait tomber les caisses. Pourquoi ? Alexander annonça qu’il le couvrait et Gabriel se retint de sortir une remarque à ce propos. Ce n’était pas le moment. Mais il fallait bien constater que c’était bien plus souvent Gabriel qui prenait les devants que l’inverse. Il ne répondit d’ailleurs pas car chaque mot, chaque bruit risquait d’alerter les androïdes qui savaient très bien où ils se trouvaient à cet instant précis. Ils devaient bouger. Gabriel s’avança donc plus loin et crut apercevoir une ombre filer vers une autre pièce. « Là-bas. » Mais il était fort possible que les deux androïdes se soient séparés. Quand bien même, Gabriel comptait rester avec Alexander. Se séparer dans de telles circonstances n’était jamais une bonne idée.

Essayant de ne pas faire de bruit, Gabriel s’avança donc vers la pièce en question, arme à la main. Difficile d’y voir clair, mais à première vue, il n’y avait pas d’autre issue possible. L’androïde venait-il de se piéger lui-même ? Il y avait des bureaux et des casiers dans la pièce, de quoi faire de très bonnes cachettes. Gabriel fit signe à Alexander qu’il partirait sur la gauche et lui laissa donc la droite. S’ils pouvaient coincer l’androïde, ce serait parfait. Mais ce dernier semblait avoir prévu le coup puisqu’il bondit d’un coup en jetant quelque chose en direction de Gabriel. Il le vit trop tard et se prit un objet métallique et dur en pleine tête. Il ne savait pas ce que c’était, mais le coup le désorienta l’espace d’un instant. L’androïde en profita pour foncer sur Alexander, le bousculer et s’enfuir de la pièce, sans doute pour rejoindre son acolyte. « Fait chier ! » Gabriel porta sa main à son front et crut sentir du sang. Eh merde ! « On l’avait presque ! Merde ! » Furieux ? Pas du tout, voyons ! « Tiger ? Ils sont passés où ? » Malgré tout, il ne devait pas perdre leur objectif de vue.

C’était quoi, ce bordel ? Sérieusement ! Comment deux androïdes pouvaient leur donner autant de fil à retordre ? Sans doute parce que le bâtiment était grand et qu’il offrait beaucoup d’opportunités. De plus, les fugitifs devaient connaître les lieux, contrairement aux deux flics. Quelle plaie, tout de même  ! Gabriel avait naïvement cru que ce serait une mission facile et qu’ils ne prendraient pas plus de quelques minutes. Il s’était lourdement trompé et maintenant, il saignait en plus ! Ce n’était pas sa journée, clairement pas. Et il commençait à s’énerver. Ce n’était jamais bon signe car quand il s’énervait, il faisait des erreurs et avait tendance à agir sans réfléchir, laissant juste libre cours à sa frustration. Heureusement, il n’était pas seul et il pouvait compter sur Alexander pour le raisonner et le calmer. Du moins, un minimum. « C’est pas toi qui t’es pris un truc en pleine tronche ! » Oui, il continuait quand même à râler, sans doute plus pour la forme qu’autre chose. Heureusement, il était tout de même capable de se reconcentrer sur la mission, laissant son énervement de côté pour l’instant. Il aurait bien le temps de gueuler une fois qu’ils en auraient terminé avec cette merde. Oui, c’était de la merde, une mission de merde ! Non, stop. Il devait écouter son meilleur ami et se calmer. Il prit une profonde inspiration, puis expira doucement. « C’est bon, je suis calmé. » Pourvu que ça dure. Tiger leur annonça que les androïdes étaient en train de grimper les escaliers. Pourquoi ? Que cherchaient-ils à accomplir ? S’ils voulaient simplement s’enfuir, pourquoi ne pas le faire en descendant les étages ? A moins qu’ils aient prévu une fuite en grandes pompes depuis le toit de l’immeuble. Tout était possible, après tout.

Il s’élança donc à leur poursuite avec Alexander qui lui signala que les fugitifs s’étaient arrêtés trois étages plus haut. Donc leur but n’était pas d’atteindre le toit. Mais bon sang, ces idiots les auront déjà fait pas mal courir. Ça leur ferait leur sport de la semaine, voire du mois. Encore heureux qu’ils avaient une bonne condition physique, sinon ces maudits androïdes les auraient déjà semés depuis longtemps. A peine passés la porte que l’un des androïdes attaqua Alexander pour tenter de le désarmer. Gabriel pointa son arme sur lui, alors que son ami se défendait pour récupérer son arme, mais le deuxième androïde fit son apparition, sautant littéralement sur le dos de Gabriel après s’être approché par derrière sans faire de bruit. « Lâche-moi, bordel ! » Non. Ne pas laisser l’énervement le gagner. S’en suivit une scène plutôt ridicule avec Gabriel en train d’essayer de faire lâcher son assaillant à coups de rodéo improvisé. Ri-di-cule. Finalement, en ayant marre de jouer, l’inspecteur saisit l’avant-bras de l’androïde et le fit passer au-dessus de lui pour le mettre à terre. Il pointa ensuite son arme sur lui. « Bouge pas ! » L’androïde se contenta de lui rire au nez avant de se relever pour courir vers la porte qui menait vers les escaliers. Pas cette fois ! Gabriel le mit en joue et lui tira dans les jambes. Enfin, une jambe. Il vit aussitôt du liquide bleu apparaître alors que l’androïde ne s’arrêta pas pour autant, se traînant jusqu’à la porte. « Arrête ! Tu as perdu ! » Le fugitif ne semblait rien vouloir entendre. Mais alors que Gabriel voulut le rattraper, son acolyte délaissa momentanément Alexander pour se jeter sur Gabriel et l’empêcher de poursuivre l’autre. Pire que des cafards, ceux-là ! Gabriel roula au sol avec Cafard n°1 sur lui tandis que Cafard n°2 avait recommencé à monter les étages. « Tiger ? Tu es là ? L’un des fugitifs est touché à la jambe, mais il s’est enfui. Tu le vois ? » Il ne se doutait pas que Tiger était en route et qu'elle était très énervée. Gabriel parvint à se libérer de l'étreinte de Cafard n°1 et l'envoya sur Alexander. « Attrape ! »