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 Run Boy Run (Yloé & Owen)

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MessageSujet: Run Boy Run (Yloé & Owen)   Run Boy Run (Yloé & Owen) EmptyMar 6 Oct - 21:58

Run boy run



C’était la première fois depuis qu’il était entré dans votre vie que tu avais peur de lui.
Même les fois où il te poussait contre les murs, où son poing s’écrasait contre ton visage laissant des traces que tu devais camoufler le matin venu, les fois où ses mots dépassaient probablement sa pensée tapette où les menaces se faisaient plus violentes thérapie de conversion laissant des traces indélébiles cette fois dans ton esprit, tu n’avais ressenti que de la pitié, de la compassion pour cet homme qui jadis avait dû être une personne comme toutes les autres mais que le monde avait détruit.

L’homme qu’il était avant tu ne l’avais que peu connu, arrivé dans votre vie alors que tu n’étais qu’un enfant traumatisé par l’emprisonnement de son père, tu l’avais trop ignoré pour te rappeler qui il était, tu n’avais de souvenirs que de l’homme qu’il était devenu après la perte de son travail, tu n’avais de souvenirs que de l’homme amer qui tenait de grands discours contre eux le soir à table alors que tu gardais les yeux baissés vers ton assiette, jouant distraitement avec tes légumes du bout de ta fourchette. Tu n’avais de souvenirs que de sa colère, de sa haine, des canettes de bières qui avaient commencé à s’accumuler dans le salon, dans la cuisine, dans chaque pièce de la maison puis de sa frustration qu’il avait tourné contre toi parce que tu ne répondais pas, parce que tu ne haussais pas la voix avec lui, parce que tu étais trop doux, trop compréhensif, trop empathique, parce que tu ne ripostais à aucun coup, parce que tu étais tout ce qu’il n’étais pas, ce qu’il n’était plus ou ce qu’il n’avait jamais réussi à être, parce qu’il te haïssait probablement autant qu’il se détestait lui-même et ce soir était la première fois que tu étais autant terrifié par sa haine.
Chaque coup était plus violent que le précédent, il n’y avait même plus de mots, juste l’expression d’un mal être qu’il expiait comme il le pouvait et que tu ressentais dans ta chair, tu ne tentais même pas de supplier, tu savais qu’il n’entendrait pas, qu’il était parti trop loin, perdu, tu tentais de te protéger un peu, maladroitement, parce que tes bras maigrelets de gamin ne pouvaient rien contre les siens d'homme même empâté par l’alcool et la sédentarité puis tu avais fini par juste fermer les yeux, résigné et quand tu les avais rouverts, il n’était plus là.

Sans t’attarder sur la surprise d’être toujours vivant ou sur la douleur qui semblait émaner de chaque partie de ton corps sans exception, sans prêter attention à l’odeur du sang, celle de l’alcool frelaté ou du tabac froid qui régnait dans la pièce, sans penser à te changer ou même à te nettoyer un peu, tu t’étais relevé comme un automate -douce ironie dans ce monde rempli d’androïdes- et attrapant ton sac à dos tu l’avais vidé brutalement, regardant tes cours s’étaler sur le sol -ils ne te seraient plus d’aucune utilité là où tu allais- avant d’y fourrer pèle mêle quelques vêtements, quelques papiers importants, une barre de céréale et une canette de coca qui trainaient.

Sans un bruit, prudemment, tu te glissas ensuite à l’étage inférieur, dans leur chambre, griffonnant un mot pour ta mère que tu laissais en évidence sur la table de chevet, hésitant un instant devant sa coiffeuse.
Le vol c’était mal, en tout cas selon tes valeurs personnelles mais sachant tout au fond de toi que tu ne reviendrais pas ici, sachant tout au fond de toi sans oser te l’avouer que tu ne la reverrais pas, tu finis par ouvrir un des tiroirs pour y prendre ce qui te faisait tant hésiter, la chaîne portant son alliance, la chaîne qu’elle ne portait plus depuis qu’il était là, la chaîne que tu attachas autour de ton cou avec un pincement au cœur.
Peu importait vraiment leurs erreurs, peu importait le détachement de ta mère ces dernières années, sa passivité face à la violence de son conjoint à ton égard, peu importait l’éloignement de ton père, non seulement tu les comprenais, tu les pardonnais mais tu avais besoin d’emporter une partie d’eux avec toi, en souvenir de ces quelques années de bonheur que vous aviez eu à trois. Elle avait été ta mère, il avait été ton père, ils avaient fait des erreurs, ils avaient eu leurs failles, leurs faiblesses mais ils avaient fait de leur mieux et ils t’aimaient comme tu les aimais toi aussi d’un amour inconditionnel.

Après avoir commis ce vol en guise d’adieu, tu quittas simplement la maison de ton enfance sans vraiment regarder en arrière, pas même alors que tu foulais cette cour où tu avais assisté à l’arrestation de ton père des années plus tôt. Tu n’aurais pas parié dessus mais cette vie là n’avait plus voulu de toi bien avant que toi tu ne veuilles plus d’elle et tu partais, loin, loin du passé, loin de cette ville, loin de sa violence, sans bien savoir où tu allais, vers un endroit meilleur.
On te jugerait probablement naïf d’avoir nourri cet espoir dans les circonstances actuelles, alors que tu vivais à Detroit, alors que tu avais bien conscience de l’actualité mais pourtant tu n’as pas douté un seul instant, même en voyant le spectacle qui se jouait devant tes yeux aux frontières de la ville, comme hypnotisé et perdu dans ton déni, tu as continué à avancer jusqu’à ce que tu ne puisses plus, jusqu’à ce que la ville disparaisse brutalement dans le noir complet.

--

Et pour la seconde fois tu ouvris les yeux après avoir perdu connaissance, à croire que tu en faisais une habitude, pour la seconde fois ton corps entier gémit d’agonie alors que tu te redressais, clignant des yeux à plusieurs reprises pour essayer d’analyser où tu te trouvais, mais cette fois ce n’était pas des lieux familiers qui t’accueillaient, rien à voir avec le papier peint usé par le temps de ta chambre d’enfant, cette fois tu ouvrais les yeux sur des barreaux, sur des cages, sur une horreur qui dépassait tout ce que tu avais pu imaginer.

“Qu’est-ce que…?”

Pris d’un besoin presque compulsif de te rassurer, tu te mis à chercher ton collier, tâtonnant, ne trouvant que le contact de ta peau nue et froide avant de réaliser avec un mouvement de surprise, presque un mouvement de recul que la bague était à ton doigt, absolument pas à sa place, absolument pas où elle aurait dû se trouver.

“Pourquoi j’ai la bague de ma mère au doigt ?”

Tu parlais tout seul sans bien t’en rendre compte, une partie de toi commençant à se persuader que ce n’était pas la réalité tout ça, que tu allais te réveiller.

Réveille toi Yloé.



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MessageSujet: Re: Run Boy Run (Yloé & Owen)   Run Boy Run (Yloé & Owen) EmptyMer 7 Oct - 18:25

◊◊◊◊◊

Salle des cellules, Repaire des Déviants, 3 Janvier 2039

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Run Boy Run


♫ They say it's your birthday, well, it's my birthday too, yeah
They say it's your birthday, we're gonna have a good time
I'm glad it's your birthday... Happy birthday to you. ♫

Assis le long des barreaux de sa cage, Owen fredonnait un air des Beatles pour son anniversaire qui avait eu lieu le Jour de l'An. Une fête dont il se contrefoutait de plus en plus, parce qu'il estimait qu'il n'y avait rien de festif à féliciter sa venue sur cette planère. Irait t'il jusqu'à croire que sa capture était amplement méritée ? Tout dépendait de la voix qu'il avait dans le crâne et de ce qu'elle avait de beau à lui raconter... Mais pour l'heure, il observait un jeune homme dans la cellule voisine à la sienne. Encore inconscient, il avait été placé là par l'un des sbires de la Salope en chef, cette bonne vieille garce de North qui n'y allait jamais dans la dentelle avec ses prises de guerre.

Ils n'étaient pas nombreux à pourrir dans ces prisons faites sur mesure. Mais le rouquin pouvait se vanter de figurer parmi les premiers de la liste, l'un des rares à s'être fait pincer la nuit de la Révolte. Quelle idée il avait eu de filmer les affrontements ce soir-là ? Et il n'avait pas pu visionner le film sur son cellulaire. Parce que la Rébellion tenait en sa possession le peu d'affaires qu'il détenait le onze novembre. Lui qui pensait que North allait tout jeter sur un coup de sang ! Faux mon grand, elle gardait absolument tout. Owen n'avait rien à cacher, personne sur qui compter. Pas même sa demi-sœur qui ignorait où se terrait son frangin. Difficile de lui avouer un évènement futur hein ?

They say it's your birthday. Près de trois jours qu'il marmonnait la même chose, pas assez fort pour déranger ses codétenus mais suffisamment harassant pour qu'il s'en lasse rapidement. Alors pourquoi insistait t'il ? Parce qu'il ne contrôlait jamais ses paroles, tout simplement. Il fallait que ça sorte en fait, quitte à se répéter... Il allait entamer le refrain de sa chanson lorsqu'il surprit le petit nouveau se réveiller de son sommeil. Il stoppa tout le poil de carotte, gardant le silence tandis qu'il scrutait les moindres faits et gestes de celui qui venait de gagner un séjour tout frais payé à l'hôtel de la Rébellion !

Chouette ! Un nouveau copain de cellule ! Dommage que tu n'sois pas avec moi, on aurait pu s'marrer tous les deux.

L'âge que ce garçon pouvait avoir ? Pas loin de la vingtaine, du moins c'est ce qu'une des voix lui hurlait dans les oreilles. Et avec son visage d'ange, impossible d'imaginer qu'il était le bad boy du quartier. Il serait donc une proie facile à corrompre... Il en mettrait sa main au feu le Owen, tandis que le blondinet à la chevelure bouclée fixait un anneau à son doigt. Marié aussi jeune ? Il haussa les épaules le poil de carotte. Qu'est-ce qu'il en avait à foutre de sa vie sentimentale...

Inutile de lutter gamin, t'es pris au piège.

Le rouquin se détacha enfin de ses barreaux et s'approcha au plus près de petit nouveau bien paumé. Trop sage, trop parfait en le regardant. Est-ce qu'il allait le rendre fou tout de suite ? Ou faire durer le suspens jusqu'à ce qu'il craque dans l'arène comme son dernier voisin de chambrée ? Hum, pour l'instant, le jeunot n'avait bafouillé que quelques mots qu'Owen n'avait pas écouté du tout. Mais il fallait qu'ils fassent connaissance tous les deux... Avant de prendre les mesures qui s'imposaient.

C'est quoi ton p'tit nom ?

Est-ce qu'il était en train de lui sourire comme s'il avait sous le nez la plus jolie des voitures à voler ? Ouais, c'était possible en effet. Owen serait capable de le dévorer s'il n'y avait pas eu ces putains de barreaux entre eux deux. Ses voix parlaient toutes en même temps, il ne parvenait pas à les déchiffrer toutes à la fois mais elles s'accordaient sur un point : le petit allait morfler.




Dernière édition par Owen Byrd le Jeu 8 Oct - 17:40, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Run Boy Run (Yloé & Owen)   Run Boy Run (Yloé & Owen) EmptyMer 7 Oct - 22:10

Run boy run



Les yeux rivés sur tes mains, tant pour essayer de comprendre par quel moyen la bague de ta mère se trouvait à présent à ton doigt que pour éviter de regarder autour de toi, refusant de t’attarder plus longuement sur l’horreur que tu avais entraperçue, les barreaux, les cages, tu parlais seul sans même en prendre réellement conscience, des mots qui n’avaient pas réellement de sens, des morceaux de phrases décousues alors qu’une partie de toi essayait tant bien que mal de lutter, se persuader que tout ça n’était qu’un rêve.

Réveille toi...Réveille toi...Réveille toi…

Tu répétais ces deux petits mots en boucle dans ta tête comme une prière, tes lèvres les articulant en silence, forçant tes poings contre tes yeux, attendant un miracle, un réveil qui refusait de venir.

Allez réveille toi

Un autre que toi se serait probablement acharné plus longtemps, d’autres auraient probablement immédiatement sombré dans la folie, perdu la raison, toute notion de ce qui était réel ou non, mais tu étais trop sain d’esprit toi pour que l’illusion ne fonctionne très longtemps, la douleur était trop vive, chaque centimètre de ton corps hurlait d’agonie, le froid trop réel, s’insinuant sous des vêtements trop légers pour un mois de Janvier et l’odeur alentours trop écœurante pour n’être que le fruit de ton imagination, de fait l’endroit était même trop sombre, trop cruel, trop violent pour pouvoir être l’invention d'un esprit si innocent.

Ce fut un bruit, une voix plus précisément, non loin de toi, qui te tira de tes pensées et de la lutte intérieure qui t’animait.
Doucement, un peu effrayé par ce que tu risquais de découvrir, tu finis par relever enfin la tête pour tomber presque nez à nez avec un autre garçon dans la cage voisine de la tienne.
Roux, un peu plus vieux que toi peut-être, un sourire que tu peinais à déchiffrer aux lèvres, probablement que si tu avais eu un minimum d’instinct de survie, tu te serais méfié d’une autre personne emprisonnée, incapable de savoir ce que lui avait bien pu faire pour se retrouver ici mais ton instinct avait toujours été inversement proportionnel à ton empathie et ta gentillesse alors tu t’approchas de lui avec curiosité retenant difficilement un gémissement de douleur, tes yeux se remplissant de larmes malgré toi, impossible de savoir qui de tes ravisseurs ou de ton beau-père étaient responsable pour ça mais la personne en question s’était bien assurée que tu ne puisses pas l’oublier de si tôt.

“Je comptais pas lutter”

Répondant au jeune homme, ta voix sonnait étrangère à tes oreilles, comme si tu l’entendais vraiment pour la première fois : mal assurée, des accents fragiles et encore enfantin, elle appuyait à elle seule ton affirmation, tu n’étais pas du genre à lutter ou à te battre, toi tu étais de ceux qui acceptent et encaissent sans rien dire, la victime idéale. Tu n’avais jamais esquissé le moindre geste contre ton bourreau, jamais riposté contre lui qu’importe la violence de ses assauts ou la cruauté de ses mots. Tu fermais les yeux, attendant patiemment, comprenant, pardonnant et, même si tu ne comprenais pas exactement ce qu’il se passait ici, même si tous les tenants et aboutissants de la situation t’étaient inconnus, même si tes derniers souvenirs étaient bien trop flous, juste une image lointaine, brouillée de la frontière, tu savais qu’ici comme là bas tu choisirais le silence pour seul allié, tu referais ce choix mille fois s’il le fallait.

“Je m’appelle Yloé et toi ?”

Tu lui souris, de ton sourire si sincère, si innocent, si gentil, osant ensuite un regard à la ronde avant de reposer tes yeux clairs sur lui

“C’est quoi cet endroit ? Il s’est passé quoi ?”




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MessageSujet: Re: Run Boy Run (Yloé & Owen)   Run Boy Run (Yloé & Owen) EmptyJeu 8 Oct - 20:46

◊◊◊◊◊

Salle des cellules, Repaire des Déviants, 3 Janvier 2039

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Yloé, un si joli prénom pour un si joli minois inoffensif comme le sien. En voilà une parfaite énigme ! Le rouquin n'arrivait pas à comprendre comment ce jeune blanc bec s'était retrouvé ici, enfermé à côté de lui, alors qu'il avait des allures de garçons de bonne famille. Ouais, il faisait tâche dans le décor c'était sûr. Owen allait devoir comprendre rapidement ce que le blondinet avait fait pour se faire prendre par la traînée. Mais avant ? Son voisin de cellule attendait de lui qu'il lui dévoile son identité à son tour. Owen... répondit-il en insistant sur ce sourire si faux. Il n'allait pas s'en plaindre ! D'avoir une âme à corrompre aussi facilement à portée de main.

Les prisons de la Rébellion. Et si t'es là gamin, c'est qu'tu t'es fait choper ! Désolé pour toi.

Les deux garçons étaient si proches l'un de l'autre malgré ces maudits barreaux métalliques. Owen était tenté de tendre le bras et d'attraper ce qu'il pouvait, dans un seul et unique but de lui faire peur. Mais ce serait trop tôt... Ses voix hurlaient trop fort, il entendait un brouhaha incessant, sans ordre précis dans les oreilles. De toutes manières, il n'allait pas se comporter en salaud dès le premier jour. Le deuxième, sans aucun doute ! Le poil de carotte était trop content d'avoir de nouveau la chance d'user de sa malédiction sur Yloé et de pouvoir lui retourner le cerveau... Qu'il allait faire semblant d'être le gentil codétenu habitué à la taule pendant les prochaines heures.

T'étais où avant de t'réveiller ici ?

Il avait du mal à cacher son excitation, à tel point qu'il posa son boule le long des barreaux communs, faisant un signe de la tête au bouclé de suivre le mouvement. Pourtant, ils n'étaient pas seuls dans cette salle. D'autres prisonniers gisaient là au même titre qu'eux, Samuel ne faisait pas exception à la règle. Mais allez comprendre pourquoi, personne n'osait crier à Yloé de se méfier d'Owen. Comme si une menace de mort planait au dessus de leurs têtes...




Dernière édition par Owen Byrd le Ven 9 Oct - 15:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Run Boy Run (Yloé & Owen)   Run Boy Run (Yloé & Owen) EmptyVen 9 Oct - 0:59

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“Oh…”


Ce fut la seule chose que tu réussis à articuler, ta seule réaction à ce que l’autre garçon venait de te révéler sur l’endroit où vous étiez, pas d’émotion particulière, pas de colère, de tristesse, ni même de surprise détectable dans ta voix, juste ce tout petit mot, ce tout petit oh avant de te plonger dans l’abysse de tes pensées.

Les prisons de la Rébellion ? C’était de ça qu’il s’agissait alors ?

Comme tous tu avais suivi les événements du onze novembre -difficile de faire autrement pour être honnête, il aurait fallu être sacrément coupé du reste du monde pour l’ignorer- et comme tous tu avais vu le monde se transformer ce jour-là, tu avais senti la peur s’insinuer dans l’air de Detroit mais pour toi, à l’échelle de ta petite vie humaine insignifiante, rien n’avait vraiment changé pourtant.
Tu continuais de te lever pour assister à tes cours, enchaînant avec ton service au bar où tout le monde continuait d’ignorer avec soin le fait que tu étais bien trop jeune pour travailler là, tu continuais de rentrer la boule au ventre en espérant que ton beau-père s’était déjà endormi, assommé par tout l’alcool ingurgité dans la soirée et tu continuais d’encaisser ses coups les fois où ce n’était pas le cas, tu continuais d’entendre ses menaces, ses phrases assassines qu’il baragouinait en te soufflant son haleine avinée au visage, tu continuais cette même routine chaque jour sans vraiment te préoccuper du reste.
Ce n’était pas de l’indifférence de ta part, si on te questionnait tu étais bien évidemment en faveur des revendications des androïdes, tu l’avais été dès le premier jour jugeant que toute forme de vie qui prenait conscience de sa propre existence devait recevoir les mêmes droits que vous, parce qu’il n’y avait pas de raisons pour que vous soyez seuls maîtres autoproclamés de cet univers, tu l’avais même été avant probablement, dans des réminiscences de souvenirs d’enfance tu te rappelais le malaise que tu ressentais en les croisant, ce sentiment, cette certitude profonde qu’ils n’étaient pas vraiment différents...Ce n’était pas de l’indifférence juste une vie trop prenante, un temps trop précieux déjà passé à tenter de survivre de ton côté.
Est-ce que tu regrettais aujourd'hui de ne pas les avoir aidé avant qu'il ne soit trop tard ? Peut-être, peut être pas, en tout cas tu comprenais, comme toujours, tu comprenais.
Tu n’aurais pas imaginé qu’ils seraient capables d’aller jusqu’à vous capturer, vous enfermer mais tu n’étais pas réellement choqué, ça te semblait juste en un certain sens, mérité, et c’était ce que tu soufflais doucement, plus pour toi-même que pour l’autre même si la proximité de vos cages lui permettait probablement d’entendre jusqu’au plus silencieux de tes murmures.

“J’imagine que c’est une forme de justice”

Tu souriais presque, jouant distraitement avec la bague à ton doigt et ce ne fut que lorsque Owen -puisque c’était son nom- reprit la parole en te faisant signe de le rejoindre, adossé aux barreaux qui liaient vos deux cellules que tu raccrochas le fil de la réalité.

“J’essayais de quitter la ville”

Quitter...Fuir plutôt.

“Et toi ?”

C’était le moment de savoir qui était vraiment le garçon à côté de toi, pas que ça ait une véritable importance en réalité, il pourrait bien te confier être un meurtrier que tu lui trouverais encore des excuses, que tu lui pardonnerais, tu ne penserais jamais spontanément à faire quelque chose d’aussi normal que te méfier.


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MessageSujet: Re: Run Boy Run (Yloé & Owen)   Run Boy Run (Yloé & Owen) EmptyVen 9 Oct - 23:12

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La réponse du blondinet lui arracha un autre sourire bien plus violent encore. Le gamin tentait de quitter le ville... Était-il bête à ce point-là ? Ou simplement inconscient de ce qui se tramait tout autour d'eux ? Il insisterait davantage plus tard pendant la conversation, car Yloé lui retournait une fois encore la question. Lui aussi semblait s'intéresser au rouquin.

J'essayais d'filmer les affrontements du onze novembre.

Et il en était fier le maboule ! Il ne regrettait pas de l'avoir fait, pas plus qu'il ne regrettait ce qui s'était produit ensuite. Parce qu'ici, il avait une occupation. Celle de renseigner North en tout temps. Bon, s'il voulait vraiment critiquer sur un point, c'était la perte de son cellulaire ! Comment savoir si sa vidéo était bien prise avant de s'être fait plaqué au sol par l'un des déviants en chasse hein ? Elle aurait fait un tabac sur les réseaux sociaux, pour sûr. Mais malheureusement pour lui, il ne pourra peut-être jamais le ravoir, pas plus que sa liberté si sauvagement perdue.

J'avoue qu'c'était pas très malin d'ma part, ouais. Mais j'étais trop curieux d'voir tous ces androïdes en action. J'me suis pris une beigne et voilà !

L'odieuse vérité sortait de sa bouche sans que sa raison ne puisse l'empêcher de le faire. Il se vantait le poil de carotte, de dire les choses sans détour, parce qu'il avait cette fichue manie de balancer tout ce qui lui passait par le crane à cause de ces satanées voix. Une arme à double tranchant pour lui comme pour les autres... Car certaines vérités n'étaient pas bonnes à révéler mais à taire. Comme le fait avéré qu'il se foutait de la cause androïde, de par son action d'avoir filmé le carnage cette nuit-là au lieu de rester chez lui.

T'as conscience que t'es mal tombé gamin ?

Et en prime, il avait la fâcheuse tendance de changer de sujet sans prévenir, qu'il parle ou qu'il le pense. Oui, il fallait suivre Owen, c'est un fait ! Mais le rouquin n'escomptait pas changer sa façon de se comporter avec l'espèce humaine. Pas tant qu'il ne rassasie North jusqu'à ce qu'elle en crève.


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MessageSujet: Re: Run Boy Run (Yloé & Owen)   Run Boy Run (Yloé & Owen) EmptySam 7 Nov - 23:59

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Les yeux rivés sur le visage du garçon de la cellule voisine, tu écoutais avec intérêt et en silence l’histoire de sa propre capture tout en gardant un visage neutre.
Ainsi, le jeune rouquin avait vu son destin basculer alors qu’il avait essayé de filmer les affrontements du onze novembre, fait qu’il qualifiait de “pas très malin”, le justifiant par une curiosité de voir les androïdes en action. En entendant ces mots tu ne pus t’empêcher de sourire gentiment, d’un sourire charmant quoiqu’un peu enfantin qui creusait deux fossettes dans tes joues, tout en haussant les épaules .

“ C’est normal d’être curieux”

Tu n’avais peut-être pas eu l’idée ni même le cran de sortir voir par toi-même ce jour-là mais tu mentirais si tu disais ne pas avoir passé une bonne partie de ton temps pendu à ton téléphone en train de regarder les scènes que d’autres, comme Owen, filmaient pour en faire profiter le reste du monde. A tes yeux la curiosité n’était pas un défaut, pas une qualité non plus, tout au plus une caractéristique terriblement humaine que tout un chacun développait plus ou moins, à tes yeux il n’y avait rien eu de mal, ni de stupide dans la réaction du jeune homme, ce jour là la face de la ville et -tu le pensais- même du monde avait radicalement changée, vouloir garder une trace ou documenter un tel évènement était juste naturel, oublier les risques éventuels juste un effet secondaire d’un trop plein d’adrénaline, d’excitation, d’un trop plein d’humanité en somme.
Tu adressas un nouveau sourire au rouquin, plein d’empathie cette fois.

“Je suis désolé pour toi que ça se soit terminé comme ça, tu ne le méritais pas”

Pas pour cet acte en tout cas.
Même si tu comprenais la colère, la violence des androïdes, même si tu te doutais que tout ça n’était qu’une forme de justice à leurs yeux, tu ne l’approuvais pas non plus pour autant, toi tu étais de ces gosses éperdument pacifistes qui ne voyaient dans les guerres jamais des coupables mais que des victimes.

Un petit rire t’échappa lorsqu’Owen reprit la parole, te demandant si tu avais mal conscience d’être mal tombé, tu ne savais pas s’il faisait référence au fait d’être dans cette cage précisément, adjacente à la sienne, mais dans tous les cas ta réponse ne changeait pas vraiment.

“J’ai des barreaux tout autour de moi, je pense qu’en effet j’ai conscience que la situation n’est pas idéale”

Pourtant tu avais à peine dis ces mots que l’image de ton beau-père te revint en mémoire, les traits tordus par la haine.
Caressant distraitement du bout des doigts ta lèvre fendue par ses soins, tu te surpris à chuchoter à mi-voix

“Cela dit entre un bourreau et un autre…"



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MessageSujet: Re: Run Boy Run (Yloé & Owen)   Run Boy Run (Yloé & Owen) EmptyMer 11 Nov - 16:06

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Okay, il était définitivement cinglé. Comment pouvait-il affirmer que la curiosité était normale ? Comment osait-il balancer sans preuve tangible qu'Owen ne méritait pas son triste sort ? Il ne le connaissait pas, il ne se rendait même pas compte qu'il avait un réel sociopathe sous les yeux ou quoi ? Non, Yloé devait être un ange tombé du ciel, c'était la seule explication rationnelle. À tel point que les voix dans son crâne insistaient, continuaient de tambouriner, comme pour avertir le rouquin que son voisin de cellule était une proie trop facile, trop manipulable pour en faire un martyr tout de suite. Il fallait attendre et voir jusqu'où il était capable de croire en sa race, l'observer se décomposer lorsqu'il comprendra que seule la mort dans l'arène pouvait le sauver de son calvaire. Néanmoins, il avait au moins compris dans quel merdier il avait mis les pieds.

C'est pas faute de t'l'avoir dit gamin.

Il souriait le poil de carotte, forcé de constater qu'il allait passer sa journée à tenter de décrypter ce jeune homme sorti de nulle part. Tout ça pour avoir tenté de fuir la ville ! Il aurait mieux fait de se terrer dans un trou et de ne plus en sortir. Cependant, un détail n'échappa pas à ses yeux. La cicatrice que le blondinet avait à la lèvre, une putain de coupure comme on n'en fait plus paraît-il. Entre un bourreau et un autre… C'est ce qu'il a dit en touchant à sa blessure. Pauvre de lui ! L'indice était trop beau pour être vrai ! Et pourtant, il pointait du doigt la coupure.

C'est pas mieux à la maison, j'me trompe ?

Owen ne lui laissa pas le temps de rétorquer quoi que ce soit.

J'avais une mère violente. J'connais bien ça.

Confidence pour confidence. Les deux garçons avaient un point commun non-négligeable, même si ça pointait vers le sordide. Un parent violent ! Rien que ça. Bien entendu, le rouquin n'était pas stupide à ce point dites ! Il n'allait pas lui donner davantage d'infos sur sa vie infantile sans une demande en bonne et due forme de Yloé. Allons, c'est normal d'être curieux gamin ! Osait-il retourner ses propres paroles contre lui tout à coup ? Bien sûr que oui ! Et ça risquait d'être on ne peut plus drôle d'ici les prochaines minutes. Parce que si le jeunot prenait la décision fatale de se confier au dégénéré de la cellule voisine, Dieu seul savait ce dont le dealer était capable d'en faire...


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MessageSujet: Re: Run Boy Run (Yloé & Owen)   Run Boy Run (Yloé & Owen) EmptyDim 15 Nov - 1:46

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Caressant distraitement du bout des doigts la blessure qui fendait ta lèvre en deux, souvenir de la rencontre d’une des bagues de ton beau-père avec ton visage angélique quelques heures avant ta fuite, tu te surpris à chuchoter quelques mots à mi-voix, te croyant discret probablement.

Entre un bourreau et un autre.

Certes tu avais bien conscience que ta situation ici n’avait rien d’idéale, personne au monde ne pourrait utiliser cet adjectif pour décrire toute l’horreur de se réveiller dans une cage tel un animal sauvage, prisonnier d’ennemis qui n’en étaient pas, de victimes tout autant que toi et pourtant elle n’était pas pire à tes yeux que le calvaire que tu avais dû subir en silence ces dernières années, pas pire que de vivre constamment la peur au ventre, pas pire que de rentrer le plus tard possible dans l’espoir qu’il se soit déjà endormi, assommé par tout l’alcool ingurgité dans la soirée, pas pire que les coups, la haine, les humiliations quand tes stratagèmes échouaient.

Tu avais dû parler trop fort ou peut-être que tes gestes t’avaient trahi, qu’importe, toujours est-il que lorsque le rouquin en face reprit la parole ce fut pour te poser une question, la question qui te prenait toujours de court et à laquelle tu ne savais jamais vraiment comment ni quoi répondre, celle qui faisait vaciller tes certitudes et qui à chaque fois faisait s’effondrer ton masque de douceur pour faire apparaître un éclair de douleur dans tes prunelles trop claires.

C’est pas mieux à la maison, je me trompe ?

Il ne se trompait pas, évidemment et alors que tu hésitais toujours entre vulnérabilité et fatalisme, il ne te laissa pas vraiment le temps de te décider avant d’ajouter qu’il avait lui-même eu une mère violente, qu’il connaissait bien ça. Tu aurais probablement dû te méfier avant de décréter que tu pouvais lui faire confiance alors, mais la méfiance n’avait jamais fait partie de ton caractère, tu étais d’une naïveté désarmante, d’une naïveté dangereuse au fond, tu faisais confiance aveuglément et même lorsqu’on te décevait, même lorsqu’on te blessait, même lorsqu’on profitait de toi, même lorsque leur poison s’infiltrait dans tes failles et tes faiblesses, tu comprenais, même au-delà de comprendre bien souvent tu pardonnais encore et toujours sans relâche. Tu aurais sans doute fait un bon saint Yloé mais on sait aujourd’hui que les saints terminent bien souvent dans la douleur et dans le sang.

“Mon beau-père”

Ta voix finit par briser le silence après ce qui t’avait paru être une éternité mais qui aurait tout aussi bien pu n’être que quelques secondes, parti trop loin dans tes pensées.

“C’est mon beau-père qui me fait ça mais d’habitude personne voit rien”

Tu ne pouvais même pas associer cette ignorance à tes (piètres) talents de maquilleur, tu avais vite compris que les gens ne voyaient bien que ce qu’ils voulaient voir et la violence d’un homme qui était arrivé comme un sauveur pour une famille brisée n’était pas vraiment l’histoire qu’ils avaient envie de raconter.

“C’est pas leur faute et c’est pas la sienne non plus,  il a perdu son travail à cause des androïdes et…”

Tu laissas ta phrase en suspens, il avait perdu son travail à cause des androïdes puis sombré dans l’alcool et dans la haine, c’était tellement banal, à quoi bon raconter une histoire déjà répétée des milliers d’autres fois.



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MessageSujet: Re: Run Boy Run (Yloé & Owen)   Run Boy Run (Yloé & Owen) EmptyLun 16 Nov - 16:41

◊◊◊◊◊

Salle des cellules, Repaire des Déviants, 3 Janvier 2039

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Owen arqua un sourcil interrogateur l'encontre du jeune blond qui lui dévoila, après une attente jugée interminable, le statut de la personne responsable de cette coupure à la lèvre. Bien entendu ! Tout s'éclairait dans son crâne pourri par ses voix. Le coup classique du gamin maltraité par un homme sorti de nulle part et aimé à en crever par sa chère et tendre maman. Et qui, apparemment, n'était plus en mesure de travailler. En cause ?

Ah ! Les androïdes...

Monsieur Elijah Kamski, célèbre opportuniste et reconnu pour la création de cette intelligence artificielle. Il avait tout calculé ce connard ! Aux dernières nouvelles, personne ne savait où il se terrait depuis la révolution de ses précieuses machines de guerre. Chez lui ? En dehors ? Ou alors était-il mort ? Ça n'avait aucune importance pour le rouquin.

J'savais qu'ces trucs faisaient plus d'mal qu'autre chose.

Il n'avait qu'à regarder où il se trouvait pour avoir la certitude de ses propos. Owen pouvait paraître stupide par moments, mais lorsqu'il se retrouvait dans une merde noire comme celle-ci, il avait le don d'analyser le tout avec un calme olympien... Malgré la cohue qui fracassait le fond de son crâne. Néanmoins, il ne perdait pas de vue Yloé et son objectif premier de lui soutirer tout ce qu'il pouvait. Ce qui exigeait de sa part une confidence.

Ma regrettée mère se droguait à la Red... Moi aussi j'pensais qu'c'était pas d'sa faute, mais j'l'ai pas obligée à acheter cette merde et à m'tabasser quand elle se sentait plus alors...

Le poil de carotte ne souriait plus lorsque ces mots sortirent de sa gorge comme on balance une bombe H dans une foule de gens. S'il y a bien quelque chose avec lequel on ne pouvait pas se permettre de jouer ni de critiquer, c'était ceci. Ce souvenir douloureux qui n'était pas prêt de se dissimuler au fond de sa mémoire. Pour l'avoir subi durant treize ans, tout ça parce qu'il avait malencontreusement mis la main sur un sachet de Red Ice pas bien caché à l'époque.

Ils sont tous les deux fautifs, quoi qu't'en dises.

Il s'était rapproché d'autant plus des barreaux de son voisin de cellule, à la limite de tendre le bras et de le choper. Du moins essayer, parce qu'il se retenait difficilement Owen. Qu'importe ce que ce beau-père violent prenait comme came, il n'avait pas le droit de le défendre sous prétexte que... Le genre de blabla inutile d'un mioche contraint à la violence quotidienne et qui ne parvenait pas à se trouver un refuge sur cette maudite Terre. Dis donc le rouquin ! Ce serait pas de la pitié ça par hasard ?


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MessageSujet: Re: Run Boy Run (Yloé & Owen)   Run Boy Run (Yloé & Owen) EmptyDim 22 Nov - 22:45

Run boy run



Pendant quelques secondes, une éternité, tu avais hésité face à la question du rouquin, un éclair d’instinct de survie peut-être, un chuchotement de la voix intérieure bien trop absente qui servait à te protéger certainement, mais comme toujours tu l’avais ignorée, balayé tes craintes d’un revers de main, trop optimiste ou trop stupide pour réussir à accepter que l’autre jeune homme ne te veuille pas que du bien parce qu’après tout, il était comme toi non ? Il avait connu la même épreuve que toi, la violence d’un parent et dans ton esprit encore trop innocent il ne pouvait résulter de ce drame qu’une certaine solidarité tacite entre vous deux, un accord secret passé entre tous les gosses maltraités pour se comprendre et s’entraider alors tu lui avais tout raconté, en peu de mots mais suffisamment pour qu’il comprenne le principal de ton histoire qui n’était jamais que celle de milliers d’autre, tu lui avais raconté l’arrivée dans ta vie d’un intru qui venait remplacer ton propre père, tu lui avais raconté la descente aux enfers de l’intru quand jugé moins compétent que les androïdes, sublime et ultime création d’une espèce humaine au bord du précipice, on lui avait arraché le travail qui était son unique raison d’exister, tu n’avais pas formulé le reste mais il le devinait aux marques sur ton visage, il le devinait parce que son histoire à l’intru était celle de tous, le piège de l’alcool qui s’était refermé et qui avait révélé le pire qu’il portait en lui, un monstre de violence, de haine, de rancoeur et de préjugés qui s’acharnait sur toi une fois les portes fermées.

Pourtant malgré ça, malgré les barreaux autour de vous et tout le désespoir qui suintait de votre situation, tu n’arrivais pas à partager l’avis du rouquin sur vos bourreaux, tu n’arrivais pas à penser sincèrement que ces trucs faisaient réellement plus de mal qu’autre chose, même le simple emploi de ce mot méprisant te faisait grimacer, dans ton esprit tu revoyais ces scènes où ils déclaraient être vivants, leurs visages et leurs mots te hantaient encore, tu aurais probablement pu parler des heures de leur cas, entrer dans des débats éthiques à n’en plus finir mais avec le temps tu avais appris à te taire, émettant juste un petit “hm” sans réelle signification préférant écouter ce qu’Owen avait à dire ensuite.

Le rouquin se mit alors à t’en révéler plus sur sa mère, droguée à la Red tout comme lui se perdait dans l’alcool et si tu glissas vers lui un regard plein de compassion, tu ne te risquas pas pour autant à passer ta main à travers les barreaux pour la poser sur la sienne, considérant que vous n’étiez pas assez intimes pour ça. Il ajouta ensuite que lui aussi pensait comme toi avant, que ce n’était pas la faute de sa mère mais qu’avec le temps il avait changé d’avis, considérant le fait qu’il ne l’avait jamais forcée à acheter la drogue ni à le frapper ensuite. Ils étaient tous les deux coupables quoique tu en dises et, si dans les faits il avait juste, aucun d’entre vous n’avait demandé à subir des violences quotidiennes, aucun d’entre vous n’avait forcé leur bourreau à sombrer dans la spirale de l’addiction, tu y avais souvent songé mais tu n’arrivais pas à avoir une vision des choses aussi manichéennes que lui.

“Je sais pas.”

Tu pris le temps de construire ta pensée, faisant tourner la bague qui ornait ton doigt machinalement, envoyant au passage au diable ta résolution de ne plus entrer dans des débats

“Je pense que c’est difficile d’essayer de résumer le monde et les relations juste avec une dichotomie coupable/victime, c’est plus complexe que ça”

Tu t’abstins d’ajouter que tu n’avais pas non plus envie d’endosser ce rôle de victime, bien trop conscient que, que tu le veuilles ou non, le monde entier et le destin lui-même qui n’avait de cesse de se jouer de toi t’avait déjà classé dans la catégorie historiquement tragique des saints et des martyrs.



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MessageSujet: Re: Run Boy Run (Yloé & Owen)   Run Boy Run (Yloé & Owen) EmptyLun 23 Nov - 17:11

◊◊◊◊◊

Salle des cellules, Repaire des Déviants, 3 Janvier 2039

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Run Boy Run


Yloé... Ce blondinet avait la fâcheuse tendance de ne pas être très cash dans ses propos. Il réfléchissait trop ! Ça se sentait à des kilomètres à la ronde, si bien qu'Owen dut se fouetter le cerveau à de multiples reprises pour ne pas exploser de rire. Il était enfermé, ils avaient une conversation tournée sur leur point commun en accord avec la violence parentale... Et il ne savait pas quoi penser de ce monde pourri ! Le rouquin avait repéré à plusieurs reprises que son voisin de cellule utilisait un langage évolué qui allait bien au delà du politiquement correct. Dichotomie... Lui-même n'était pas certain de la signification de ce mot là ! Mais il ne pouvait pas exclure le reste de sa phrase.

T'as pas tort gamin...

Il soupira le poil de carotte, contraint de déclarer forfait sur le sujet qu'il avait lui-même jeté sur le tapis il y a encore quelques minutes. Tant pis pour lui ! Ça lui apprendra à zapper ses cours de français pour jouer le souffre-douleur débile dans la cour de récréation. Dans tous les cas, même s'il savait avoir à faire à un joli garçon bien éduqué, il se devait bien de lui rappeler un peu brutalement qu'il allait morfler dans les prochains jours. Et ce n'était pas Owen qui allait lui donner un coup de main !

J'veux pas t'foutre la trouille, mais j'espère qu't'as bien mangé avant d'arriver ici. North va pas t'nourrir avant plusieurs jours.

Il ne lui laissa pas le temps de répondre quoi que ce soit.

À moins d'avoir un truc à lui dire...

Décidément, il en tenait une couche lui ! À quoi bon lui formuler cette énigme lourde de sens ? Pour qu'il réalise pour de bon qu'il risquait vraiment de crever d'inanition ici ? Lui-même avait si souffert, bien au delà de ce que la raison pouvait supporter, parce qu'il avait abusé de la patience de la salope en chef, si bien qu'elle avait doublé sa punition avant de lui accorder un simple verre d'eau et un morceau de pain sec. Mon dieu... Ce qu'il regrettait ses séjours répétés dans les prisons de la DPD...


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